AVENT ET NOEL

AVENT ET NOEL

L'Avent (du latin adventus: avènement, arrivée du Messie) est la période qui couvre quelques semaines précédant Noël, quatre dans la tradition de l'Église latine. Depuis l'instauration de ce temps liturgique, par analogie au Quadragésime du Carême, par le pape Grégoire le Grand, l'Avent représente la période où l'on se prépare à la venue du Christ ; à sa naissance.

Dans les Églises utilisant le calendrier grégorien, l'Avent débute le quatrième dimanche avant Noël, et marque le début de l'année liturgique. L'Avent commence donc, au plus tôt, le 27 novembre et, au plus tard, le 3 décembre[1] et se termine le 24 décembre.

L'Avent est emprunté au latin chrétien adventus, dérivé du latin classique advenire (arriver); c'est-à-dire l'arrivée, l'avènement de Jésus-Christ :

*Le premier avènement ou entrée du Fils de Dieu dans l’histoire humaine. C’est le premier Noel, il y a plus de deux mille ans. Jésus n’est pas un personnage légendaire ou mystique ; sa naissance fut une naissance réelle, non en apparence.

*L’avènement définitif à la fin des temps. Le Seigneur ressuscité viendra rassembler tous les hommes. Au cœur de chaque eucharistie, il y a le cri repris aux chrétiens de l’Apocalypse : « Viens, Seigneur Jésus ! » Ce Noel est devant nous, à l’horizon de l’histoire humaine.

*L’avènement au quotidien. Les chrétiens ont aussi pris conscience d’une troisième dimension du mystère de Noel : le Seigneur est sur notre route, comme sur le chemin des disciples d’Emmaüs autrefois, et il nous fait signe. En ce sens, c’est Noel chaque jour de notre vie !  

En France, jusqu'au XVIème siècle, la graphie la plus courante est Advent mais celle-ci disparaît totalement après le XVIIème siècle pour laisser place à la forme que l'on connaît aujourd'hui[2].

Histoire

La célébration de l'Avent débute au cours du Vème siècle, lorsque l'évêque Perpet de Tours, dans une ordonnance, ordonne qu’à partir de la fête de Saint-Martin, le 11 novembre jusqu’à Noël, on jeûne trois fois par semaine : c’est pour cela que l’Avent est également nommé Carême de Saint Martin (de Tours). Selon les historiens, cette institution ne dépasse pas les limites du diocèse de Tours jusqu’au VIème siècle.

Mais le concile de Mâcon tenu en 581 adopte l’usage consacré à Tours, et bientôt toute la France observe ces trois jours de jeûne par semaine depuis la Saint-Martin jusqu’au jour de Noël. Il est également décrété que les offices se feraient pendant l'Avent selon le même rite que lors du Carême. Les fidèles les plus pieux dépassent, dans certains pays, les prescriptions adoptées par le concile de Mâcon, et jeûnent tous les jours de l’Avent même si les homélies de Grégoire le Grand, à la fin du VIème siècle, indiquent quatre semaines pour le temps liturgique de l'Avent, mais sans l'observance d'un jeûne[3]. Cependant, sous Charlemagne, au IXème siècle, des écrits affirment que cette quarantaine est toujours largement observée.

Au XIIIème siècle, le jeûne de l’Avent n’est plus pratiqué communément ; bien que, selon Durand de Mende, le jeûne est encore plus ou moins observé. Par exemple, on cite dans la bulle de canonisation du roi Saint Louis, le zèle avec lequel il observait ce jeûne. Cependant ce n’était donc plus qu’un usage observé par les chrétiens d’une grande piété. On limite ensuite cette période de la fête de Saint-André jusqu’à Noël ; la solennité de cet apôtre étant en effet plus universelle que celle de Saint Martin. Quand le pape Urbain V monte sur le siège pontifical, en 1362, il se contente d’obliger les gens de sa cour à l’abstinence mais il n’y est plus question de jeûne. Rome a alors coutume d’observer cinq semaines d’Avent qui précède la fête de Noël. Il en est notamment question dans le Sacramentaire de Saint Grégoire. Les liturgies ambrosienne ou de Milan en comptent six. Les Grecs n’ont pas non plus de réelle uniformité ; c’est un jeûne facultatif que les uns commencent le 15 novembre, tandis que d’autres commencent le 6 décembre ou seulement quelques jours avant Noël.

L’Église catholique, depuis plusieurs siècles, commence le temps de l’Avent le quatrième dimanche avant Noël. Elle n’y observe plus ni jeûne ni abstinence extraordinaires. Le temps de l’Avent connaît dans l’Office les mêmes rites que le Carême, à peu de choses près, et un esprit de pénitence et de tristesse y préside. La couleur liturgique est le violet mais elle était autrefois le noir.

La liturgie de l'Avent est demeurée inchangée jusqu'à ce que le Concile Vatican II, en 1963, introduise des changements mineurs afin de définir et différencier clairement l'esprit des périodes du Carême et de l'Avent. Finalement, l'Avent est devenu une période d'attente et d’espérance face à l'avènement du Christ.

Dans le calendrier liturgique, le temps de l'Avent est constitué donc de 4 semaines, commençant chacune par un dimanche: Premier dimanche de l'Avent (Levavi), suivant le 34e dimanche du temps ordinaire; Deuxième dimanche de l'Avent (Populus Sion); Troisième dimanche de l'Avent (Gaudete); Quatrième dimanche de l'Avent (Rorate). En plus une couronne de verdure (sapin) est garnie de 4 cierges qui sont allumés de dimanche en dimanche, en sorte que le dernier dimanche, tous disent l’imminence de la fête.

Signification et cérémonial

L’Avent est un temps d’attente, de conversion et d’espérance:

- l’attente, qui consiste à faire mémoire de la première et humble venue du Sauveur dans notre chair mortelle; attente aussi de l’ultime et glorieuse venue du Christ, Seigneur de l’histoire et Juge universel;

- la conversion, à laquelle la Liturgie de ce temps invite souvent par la voix des prophètes, spécialement par celle de Jean-Baptiste: convertissez-vous, parce que le Royaume des cieux est tout proche (Mt 3, 2);

- l’espérance joyeuse que le salut opéré par le Christ (cf. Rm 8, 24-25) et les fruits de la grâce déjà présents dans le monde parviennent à leur maturité et à leur plénitude, de telle sorte que la promesse soit transformée en possession, la foi en vision, et qu’ainsi « nous lui soyons semblables parce que nous le verrons tel qu’il est ». (1 Jn 3, 2)[4].

La liturgie du temps de l’Avent s’articule autour de la date du 17 décembre. Les premières semaines invitent à la vigilance; les Chrétiens doivent se tenir prêts à la venue du Christ dont on ignore quand il viendra. À partir du 17 décembre, les lectures font état de la généalogie, de l’Annonciation et de la naissance du Christ. Selon le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle de France, c’est le mystère pascal qui donne un sens à l’Avent, qui fait espérer et avancer vers le Royaume de Dieu et le Jugement dernier; la Nativité symbolisant le Seigneur rejoignant les hommes dans leur condition.

Dans le dessein de faire se concentrer les chrétiens sur la première et seconde venue de Jésus Christ, comme Sauveur, puis comme Juge, des leçons supplémentaires sont dispensées les quatre dimanches de l'Avent. En outre, l'Église encourage alors des sermons sur les thèmes de l'attente et de l'Espérance[5], respectivement symbolisées par le veilleur d'Isaïe et le retour du Christ dans la gloire.

En cette nouvelle année liturgique « C » durant cette période de l’avent, l’Eglise nous propose la méditation de l’Evangile de Saint Luc pour que grandissent notre foi et notre espérance dans l’avènement du Seigneur[6].

Premier dimanche : le dimanche du dernier avènement (Luc 21, 25…36). Jésus parle de sa venue… Il faut remarquer tous les verbes au futur. La liturgie au début d’une nouvelle année chrétienne invite à voir loin : ce long terme évoqué aussi par Saint Paul conditionne l’existence présente des chrétiens.

Deuxième dimanche : le dimanche de l’avènement de Dieu dans notre histoire. La Parole de Dieu s’inscrit dans le temps des hommes : elle interpelle Jean-Baptiste qui sera le Précurseur de Jésus. L’histoire du salut n’est pas mythique. Le prophète Baruc exhortait les exilés à espérer dans la délivrance promise par Dieu. Saint Paul invite à attendre activement le jour où viendra le Christ.

Troisième dimanche : le dimanche du Précurseur. Jean –Baptiste est porte-parole de Dieu : il nourrit l’espérance du peuple et donne un baptême d’attente, annonçant qu’il vient… celui qui baptisera les hommes dans l’Esprit Saint et le feu. Ce dimanche « Gaudete » est marqué du signe de la joie.

Quatrième dimanche : le dimanche de l’attente de Marie (Luc 1, 39-45). La scène de l’Annonciation révèle la participation unique de la Vierge Marie à l’initiative de salut ; elle est la Mère de mon Seigneur, elle est l’objet d’une béatitude particulière. Le prophète Michée fait entendre une prophétie messianique : Dieu est fidèle à ses promesses. L’épitre aux Hébreux exprime l’obéissance du Fils à son Père, en vue du salut des hommes.   

P. Silvio Moreno, IVE


[1] Cf. « Origines et raison de la liturgie catholique », 1842 - Publication dans La France pittoresque, 2012 : http://www.france-pittoresque.com.

[2] Cf. Étymologie et Histoire de l'Avent : CNRTL - http://www.cnrtl.fr

[3] L'Avent prépare Noël - Le développement historique : http://infocatho.cef.fr.

[4] Cf. Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, n. 96.

[5] « L'Avent : attente et Espérance », Mgr Antoine Hérouard: http://www.eglise.catholique.fr.

[6] Cf. Centre National de Pastorale liturgique, Avent et temps de Noel, 1985, p. 7.

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