Jésus déclara : « Ma royauté ne vient pas de ce monde, si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux juifs… »
Jésus lève l’ambiguïté du titre de roi, sur lequel Pilate mène l’enquête : « Es-tu le roi des Juifs ? ». Il y a, au moins, trois manière d’être roi : 1. Royauté politique, à la manière de Rome : on domine les autres en les asservissant… 2. Royauté messianique, à la manière de l’attente juive : un descendant de David remonte sur le trône de sa légitimité royale et triomphe des ennemis d’Israël et de Dieu (!) en les écrasant… 3. Enfin, la Royauté à la manière de Jésus : une royauté réelle et spirituelle qui ne contraint et n’écrase personne (veux-tu me suivre ? voulez-vous partir vous aussi ?), une royauté qui laisse le roi se faire livrer sans défense à ses ennemis, Un Président sans gardes pour le défendre, un royaume sans armées, sans charre armés, sans kalachnikov…
En quoi consiste donc cette royauté du Christ-Roi ? « Tout homme qui appartient à la vérité, écoute ma voix ». Rassembler dans une même écoute de la même voix toux ceux qui appartiennent à la vérité. Il règne par la Foi que nous lui donnons, par la Confiance que nous faisons à sa Parole, par la correspondance de notre vie quotidienne à sa voix. A cette royauté nul ne peut échapper : être homme, c’est opter pour ou contre la vérité… Honorer le Christ-Roi, ce n’est pas tout simplement l’honorer avec des belles liturgies, mais aussi l’honorer en coutant sa voix, et conformer notre vie personnelle, familiale, professionnelle, sociale, à cette voix.
Je conclu avec les paroles du Pape Pie XI dans l'encyclique "Quas Primas": « …Si tout pouvoir a été donné au Christ Seigneur dans le ciel et sur la terre; si les hommes, rachetés par son sang très précieux, deviennent à un nouveau titre les sujets de son empire; si enfin cette puissance embrasse la nature humaine tout entière, on doit évidemment conclure qu’aucune de nos facultés ne peut se soustraire à cette souveraineté. Il faut donc qu’il règne sur nos intelligences: nous devons croire, avec une complète soumission, d’une adhésion ferme et constante, les vérités révélées et les enseignements du Christ. Il faut qu’il règne sur nos volontés : nous devons observer les lois et les commandements de Dieu. Il faut qu’il règne sur nos cœurs : nous devons sacrifier nos affections naturelles et aimer Dieu par-dessus toutes choses et nous attacher à lui seul. Il faut qu’il règne sur nos corps et sur nos membres : nous devons les faire servir d’instruments ou, pour emprunter le langage de l’Apôtre saint Paul, d’armes de justice offertes à Dieu pour entretenir la sainteté intérieure de nos âmes ».
Nous voulons faire régner Jésus sur nos vies, c’est aussi notre mission de témoigner de la vérité avec une fidélité totale, et s’il le faut jusqu’au sacrifice de soi, jusqu’au sang de notre vie. Sommes-nous capables, pour la vérité de Dieu, de mettre le prix ? L’exemple du Père Pro, prêtre jésuite en Mexique pendant la persécution religieuse, est illuminant pour cette fête. Soupçonné à tort d’avoir fomenté avec son frère prêtre également, un attentat contre l’ancien Président, le Général Obregon, on le condamne sommairement. On se doute bien qu’il est innocent, mais le président Calles en veut surtout à son caractère sacerdotal et à son ministère. Le 23 novembre 1927, on l’emmène au lieu d’exécution. Là, après avoir prié et refusé le bandeau sur les yeux, il élève une voix puissante pardonnant à tous et disant à Dieu son innocence, puis il étend les bras en croix, tenant un crucifix dans une main et un chapelet dans l’autre, et avant d’être transpercé par les balles, il s’écrie : « Vive le Christ Roi ! ». Il a su y mettre le prix.
P. Silvio Moreno, IVE