Le 30 juin 2014, Internet comptait plus de 3 milliards d'usagers à travers le monde. En Amérique du Nord, près de 88% de la population utilise Internet, ce qui représente 310 millions d'usagers[1]. Il est facile alors de constater qu'avec une si grande popularité, Internet peut entraîner des difficultés chez certaines personnes.
Il ne faut pas beaucoup d'imagination aujourd'hui pour concevoir la planète comme un réseau mondial, bourdonnant de transmissions électroniques, une planète “en conversation” nichée dans le silence réservé de l'espace. La question éthique est de savoir si cela contribue au développement authentique de la personne humaine et si cela aide les personnes et les peuples à être fidèles à leur destin transcendant.
Et, bien sûr, sous de nombreux aspects, la réponse est oui. Certes, les nouveaux médias représentent des moyens puissants pour l'éducation et l'enrichissement culturel, pour l'activité commerciale et la participation à la vie politique, pour le dialogue et la compréhension interculturels; et ils servent également la cause religieuse. Mais cette médaille a son revers; les moyens de communication sociale qui peuvent contribuer au bien des personnes et des communautés peuvent aussi se prêter à exploiter, manipuler, dominer et corrompre[2]. Dans ce sens le document de l’Eglise sur l’éthique et internet déclare : « Le bouleversement qui se produit aujourd'hui dans la communication suppose, plus qu'une simple révolution technologique, le remaniement complet de ce par quoi l'humanité appréhende le monde qui l'entoure, et en vérifie et exprime la perception. La mise à disposition constante des images et des idées ainsi que leur transmission rapide, fût-ce d'un continent à un autre, ont des conséquences, à la fois positives et négatives, sur le développement psychologique, moral et social des personnes, la structure et le fonctionnement des sociétés, les échanges d'une culture à une autre, la perception et la transmission des valeurs, les idées du monde, les idéologies et les convictions religieuses »[3].
Malheureusement l’addiction à internet n’est pas encore un trouble mental répertorié par les classifications internationales. Il n’existe donc pas, à ce jour, de définition consensuelle de ce trouble. Cependant selon la docteure Sergerie l'usage problématique d'Internet et des nouvelles technologies, communément appelé cyberdépendance, se traduit par une utilisation persistante et récurrente des technologies ou des moyens de communications offerts par Internet qui engendre des difficultés chez l'individu. La cyberdépendance amène un sentiment de détresse et des problèmes au niveau psychologique, familial, social ou professionnel. Des critères sont importants à considérer lorsque l'interaction entre l'humain et la technologie devient un problème. Nous l’avons cité aussi lorsque nous avons parlé de l’addiction en général: Prédominance : le comportement ou l'activité occupe une place prédominante. Modification de l'humeur : conséquence du comportement ou de l'activité (p. ex. impression d'apaisement, d'être engourdi). Tolérance : besoin d'augmenter les quantités pour obtenir les mêmes effets (p. ex. heures consacrées à l'activité, montant d'argent plus élevé pour les gageures). Symptômes de manque : sensations désagréables ressenties lorsqu'il y a cessation ou réduction dans la fréquence, la durée ou la quantité (p. ex. irritabilité). Conflits : p. ex. entre le milieu de travail, le réseau social, la vie familiale et l'individu. Rechute : Revenir aux mêmes comportements après avoir tenté de les réduire ou de les cesser[5].
Par observation la cyberdépendance obéit à la même logique. L’obsession pour l’Internet finit par clouer l’internaute au clavier pendant des heures et l’éloigne sournoisement de la réalité. La réalité du cyberdépendant commence à être paradoxalement son monde virtuel. Malheureusement on constate que ce «phénomène» touche de plus en plus les jeunes de moins de 20 ans qui sont peut-être moins aptes à gérer leur temps de connexion. On observe des jeunes qui passent des nuits blanches à jouer aux jeux vidéo ou à télécharger des films.
L’étude de l’université de Moncton signale qu’il existe au moins cinq types de cyberdépendance :
- la cyberdépendance à caractère sexuelle (dépendance au clavardage-chat- entre adultes et à la pornographie). La Dr. Sergerie signale que la cyberdépendance en lien avec les activités sexuelles serait la forme la plus commune. Cette catégorie renferme le cybersexe de même que l'échange, le visionnement et le téléchargement de matériel pornographique, soit la cyberpornographie. L'individu peut consacrer un nombre d'heures significatif à :
-Rechercher de la pornographie ou des partenaires sexuels en ligne,
-Se préoccuper par rapport à la recherche de partenaires sexuels en ligne,
-Avoir des comportements masturbatoires durant les périodes de connexion, de clavardage ou de communication par webcam.
L'individu peut aussi en venir à privilégier les activités sexuelles en ligne au détriment de sa propre virginité s’il est célibataire, ou de la relation de couple s’il est marié. Je reviendrais sur ce problème.
- la cyberdépendance à caractère relationnelle : Les cyberrelations comportent un aspect interactif et réfèrent aux rencontres, aux échanges et aux relations développées ou maintenues par le biais d'internet ou des nouvelles technologies. Elles concernent notamment les sites de rencontres, de réseautage (p. ex. Facebook, Twitter, etc.), le clavardage (par exemple, textos via messagerie mobile, MSN Messenger, WhatsApp, etc.), les échanges par courriel et même les rencontres amoureuses en ligne. L'individu peut en venir à prioriser les cyberrelations plutôt que de mettre l'accent sur les relations sociales et familiales présentes dans la vie réelle.
- la compulsion Internet («gambling» compulsif sur Internet, ou comportement obsessif d’achat)[6].
- la surcharge d’informations (recherche de données et navigation obsessive : cyber-épistémophilie). La Dr. Sergerie explique que la recherche d'informations s'effectue habituellement par le biais de la navigation (surfing) sur Internet. Le cyber-ramassage consiste à amasser d'importantes quantités de contenus et d'informations en ligne. De grandes périodes de temps peuvent être allouées à la recherche d'informations en ligne, contribuant ainsi à une réduction de la productivité (au travail, dans les études, etc.), à une réduction du temps accordé aux autres tâches en général, à une surcharge de travail et à une hausse des facteurs de stress.
- la dépendance à l’ordinateur (jeux obsessifs ou dépendance à la programmation). Cette catégorie regroupe les jeux vidéo, les jeux de hasard et les transactions en ligne (p. ex. enchères, transactions boursières, achats en ligne, etc.). Cette forme de cyberdépendance peut amener l'individu à consacrer un nombre d'heures significatif à ces activités au détriment des autres activités présentes dans sa vie. L'individu peut également investir de grandes sommes d'argent, ce qui peut contribuer à engendrer des problèmes financiers. Cally dit « nous vivons dans une société de consommation où tout est à portée de la main, et de la carte bancaire. Les professionnels du marketing étourdissent leur cible d’images de bonheur, de joie, de liberté pour pousser à la dépense. Certains sujets deviennent ainsi ‘accros’ à l’achat de produit, voire une activité… ».
Sergerie signale qu’il y a des dynamiques particulières qui font en sorte que les campus universitaires utilisent de façon excessive Internet. En voici quelques-unes:
- Accès illimité et gratuit à Internet
- Plusieurs périodes de temps non-structurées
- Nouvelle expérience de liberté face au contrôle parental
- Pas de censure ou de contrôle sur ce qui se dit en ligne
- Les étudiants sont déjà familiers avec l’utilisation de l’ordinateur
- Le désir de s’échapper du stress universitaire
- L’intimidation et l’aliénation sociale
Certainement parler de l’origine et des causes d’une dépendance n’est pas toujours facile. Beaucoup de psychologues analysent ce problème phénoménologiquement, mais rarement pénètrent-ils la profondeur du problème. Réduire ce problème à une seule cause n’est pas possible.
A la naissance d’une dépendance peuvent intervenir plusieurs facteurs:
-prédispositions du sujet lui-même. Raisons psychologiques et psycho-spirituelles de la personne.
-l’ambiance familiale.
-des conflits particuliers.
-des influences externes.
-la répétition des actes.
-et surtout la liberté de la personne dépendante.
Le problème familial. La cyberdépendance ne connait pas de frontières. Elle peut arriver dans une famille bien constituée ou dans une famille « altérée ». En rigueur de vérité nous ne pouvons pas penser à la famille comme unique problème de dépendance. Mais il faut reconnaitre cependant que beaucoup de personnes dépendantes ont eu à l’origine des problèmes familiaux comme par exemple : divorces ou séparations, violence familiale, abandon de l’enfant, absence du père ou de la mère, abus sexuel, etc.
Chez les personnes dépendantes qui proviennent de familles problématiques nous constatons trois caractéristiques communes qu’elles ont reçues de leurs familles : la pauvreté de communication avec les autres (elles sont isolées), la répression de leurs sentiments affectifs, et la méfiance par rapport aux autres et à eux-mêmes.
L’ambiance socio-culturelle. Il y a aussi des situations où la famille n’a rien ou peu à voir avec les problèmes affectifs ou addictifs des enfants. Ces problèmes ont été glissés par le contexte socio-culturel dans lequel ils vivent. Parfois ce sont les mauvais amis qui peu à peu introduisent chez les enfants ou les adolescents des conduites désordonnées : en leur offrant de la pornographie, des conversations impudiques, une malsaine curiosité, des conduites sexuelles désordonnées, etc.
Une forme particulière de névrose: la névrose compassionnelle. Derrière une addiction peut se cacher certainement ce type de névrose compassionnelle. Il s’agit d’une auto-compassion, c’est-à-dire une réaction émotionnelle de l’égo blessé d’un enfant ou adolescent. Sans s’en apercevoir l’égo réagit avec des sentiments d’auto-compassion: « je ne sers à rien », « je ne suis pas aimé », « Dieu ne m’aime pas ». Voilà pas mal de préjugés dangereux qui conduisent une personne à des conduites addictives… évasion de la réalité. Cette conduite peut se caractériser par : désirs égoïstes, sensations capricieuses, tendance à se lamenter de toutes choses, sentiments de frustration, de solitude, manque d’affection, etc. Elle peut aussi se montrer par un désir enfantin d’attirer l’attention, d’obtenir satisfaction, d’être sympathique envers les autres. Mentalement ces personnes sont égoïstes: leur conscience est occupée principalement sur eux-mêmes.
Dans ce sens il est intéressant de noter ce qu’explique Cally en ce qui concerne le pouvoir addictogène des réseaux sociaux: « … sur les réseaux sociaux, le fait de pouvoir divulguer au monde entier ses coordonnées, ses avis, ses gouts, ses photos, ses humeurs et de voir que d’autres personnes s’y intéressent, donne à l’internaute l’illusion d’être quelqu’un de captivant, de remarquable, d’exceptionnel. Une importance illusoire qui galvanise et ‘enivre’ d’euphorie. C’est précisément cette valorisation extrême de l’ « égo » qui risque d’entrainer une addiction »[8].
Voilà pourquoi la cyberdépendance peut être une forme d’auto-compassion afin d’éviter les tristesses, les frustrations et l’isolement dont on croit être victime[9]. Pour cela il faut travailler afin de tolérer les frustrations inévitables de la vie humaine ; la conquête de la vrai humilité qui nous permet d’accepter ce qui ne nous plaît pas ; l’oubli de soi-même et la pratique authentique de la charité. Donc l’auto-transcendance.
Les problèmes psycho-spirituels : premièrement la douleur traumatique produite par les blessures affectives ou spirituelles, l’isolement, l’infidélité, peuvent produire la recherche traumatique du plaisir dans l’internet. Il s’agit de cacher la douleur par un plaisir sensible.
Deuxièmement signalons encore la conduite qui dépend des états animiques: une condition qui peut pousser à une cyberdépendance est le fait d’être ancré dans les états animiques, de comment nous nous sentons après avoir réalisé tel ou tel acte. L’équipe de l’université de Moncton nous invite à considérer nos propres sentiments lorsque nous nous rendons à l’ordinateur. Complétez la phrase suivante: «Avant de me tourner vers Internet, je me sens ……….. ». Quelques réponses typiques sont: tanné, misérable, déprimé, anxieux, stressé. Il est important de reconnaître les sentiments qui incitent votre réponse de dépendance. Ensuite, complétez la phrase suivante: «Lorsque je m’engage dans mes activités favorites sur Internet, je me sens ………... ». Des réponses typiques à cette question selon eux sont: relaxe, plein d’espoir, excité, content, confiant, compétent, respecté, calme, aimé, supporté, sexy. Reconnaissez ces deux sentiments. Ce que vous ressentez avant de vous rendre sur Internet vous permet de constater ce que vous fuyez et recherchez à partir d’Internet. Chaque fois que vous décidez d’utiliser Internet comme réponse à ces sentiments déclencheurs, vous effectuez un choix. Vos efforts de rétablissement doivent tenir compte de ce choix crucial afin de changer vos comportements et vos pensées.
Troisièmement l’anxiété et la tension affective ou spirituelle. La personne tombe sur l’espace cybernétique afin de calmer ses problèmes, ses préoccupations, ses obsessions, ses dépressions. Dans ce sens l’internet joue le rôle d’une drogue, un anesthésique. Lorsqu’une personne est nerveuse, triste, anxieuse, elle ne peut pas se calmer sans recourir à sa drogue, dans ce cas l’internet.
Finalement la déception de la réalité : l’internet comme le sexe, la drogue, l’alcool offrent aux personnes dans les conduites addictives une évasion de la réalité qui en est devenue pour eux grise, triste, monotone. Beaucoup de personnes cherchent l’évasion par la pornographie sur internet.
La répétition de l’acte. Lorsque nous parlons d’une vertu ou d’un vice nous parlons de répétition des actes qui les produisent. Dans ce sens la réalisation d’un acte très intense peut enraciner très fortement soit une vertu soit un vice. Pour cela par exemple, l’acte pornographique sur internet puisqu’il produit une sensation très forte et vivante peut s’enraciner la toute première fois qu’il est réalisé et faire du sujet un esclave pour toujours s’il ne réagit pas très fortement avec des actes contraires et d’une façon persévérante.
Toutes ces causes produisent à peu près deux choses: la génération du système culturel addictif, c’est-à-dire l’ensemble des principes qui servent de base à toute conduite addictive; et deuxièmement à incliner la personne à chercher dans la pratique de la cyberdépendance la solution à ses douleurs, solitude, tristesses, frustrations, etc.
5. Quels sont les comportements du cyberdépendant?
En premier lieu le cyberdépendant a tendance à s’isoler du monde réel, afin de pouvoir rejoindre son monde virtuel. Ce monde nouveau possède des avantages sur le monde réel car il permet au cyberdépendant d’assouvir ses envies sans les contraintes du monde extérieur. Par conséquent, il a le sentiment de contrôler son environnement au gré de ses désirs. Il va donc avoir recours de plus en plus à ce moyen qui lui permet de se soustraire aux contingences de la vie. La personne cyberdépendante se réfugie dans le déni et devient parfois même agressive lorsque son entourage tente de la confronter à la réalité. Cally explique que ce qu’elles attendent avidement de leurs « amis virtuels » ce sont des remerciements, des confidences, des louanges, des paroles valorisantes, des messages pour leur date d’anniversaire, des clics sur le bouton « j’aime », des vidéos à partager, etc. Le comportement prend alors l’apparence d’une soif immodérée et insatiable de valorisation de leur « ego ». Ces « amis » fictifs conclu Cally dont l’ajout devient exagéré remplaceraient peu à peu la famille et les relations dans le monde réel.
Deuxièmement le cyberdépendant va développer des obsessions vis-à-vis d’Internet en ne pensant plus qu’à sa prochaine connexion, ce qu’il va trouver ou encore à ce qu’il a déjà trouvé. Cette connexion va entraîner une baisse de son anxiété. Généralement le cyberdépendant va en vouloir encore plus. Il lui faut des sensations de plus en plus fortes, ce qui entraîne un besoin d’établir de plus en plus de connexions et sur des périodes de plus en plus longues. Il y a, par conséquent, une augmentation du seuil de tolérance.
6. Le cycle addictif et l’évasion du problème
La docteure Sergerie explique aussi qu’il est possible d’identifier trois phases distinctes que les usagers d’Internet vont expérimenter dans le processus de dépendance. C’est ce qu’on peut appeler le cycle addictif d’un cyberdépendant :
Comprendre le lien entre le déni, l’évitement et l’échappatoire permet aux usagers d’Internet de devenir conscient du niveau de dépendance entre l’usage d’Internet et le niveau auquel ils s’échappent au travail difficile de la vraie vie.
Mais, ici je voudrais rappeler l’attention sur l’influence qu’internet en soi même peut produire chez une personne en déclenchant le cycle addictif. Une sorte de séduction comme celle de la drogue.
« A l’heure actuelle, explique Cally, personne ne peut nier que l’usage d’internet ressemble à une sorte de drogue qui, en plus d’être socialement acceptable, est disponible et commune. Ceux qui ne sont pas connectés sont souvent frappés d’anathème et affrontent régulièrement les critiques de leur entourage. Dans leurs publicités, les Fournisseurs d’accès internet (FAI) promeuvent leurs forfaits comme drogues et les « cyberdépendants » sont considérés comme modèles à imiter : l’internaute idéal est en quelque sorte un super champion de la connexion et un opportuniste, car il a su profiter de l’offre exceptionnelle. La publicité met en avant cette tendance, mais concentre également son message sur le caractère « illimité » de la connexion. Plusieurs experts, pensent d’ailleurs que l’offre sans limite du temps proposé par les FAI encourage la cyberdépendance. L’accès illimité fait écho au pouvoir ‘libérateur’ d’internet : dans le virtuel, le temps et l’espace n’ont plus de frontières, on peut se connecter où l’on veut (connexion Wifi, Smartphones 4G, TV connectée, etc.), et quand l’on veut. Pour d’autres spécialistes, comme le docteur Lowenstein, le Web peut également agir comme un amplificateur de dépendances préexistantes. Par exemple, des acheteurs ou joueurs compulsifs risquent de trouver par le biais d’internet un support à leur pathologie première : ils deviennent, dans un second temps, cyberdépendants »[10].
Or, comme toutes les dépendances, les cyberdépendants résistent au besoin de rechercher de l’aide car ils nient le problème. Voici une liste d’affirmations de déni : «Laisse-moi tranquille, ce que je fais avec mon ordinateur, c’est mon affaire». «Ce n’est pas vraiment une aventure extra-maritale, ce sont seulement des mots». «Même si je manque des heures de sommeil, ce n’est pas grave, c’est du temps perdu de toute façon».
La négation est souvent une manière de s’échapper de la vraie vie et d’affronter le vrai problème. Voici encore une fois les raisons les plus fréquentes: la solitude, les problèmes de couple, le stress, l’ennui, la dépression, les problèmes financiers, l’insécurité par rapport à son apparence physique, l’anxiété, les difficultés à se rétablir d’autres dépendances et une vie sociale limitée.
Les conséquences de n’importe quelle addiction sont terribles pour la personne elle-même et son entourage[11].
En ce qui concerne les conséquences physiques cela dépend du comportement addictif auquel on fait référence. Dans le cas de la cyberdépendance la plupart des psychologues coïncident en signalant comme conséquences les yeux secs ; maux de tête migraineux ; maux de dos ; syndrome du tunnel carpien ; repas irréguliers ou sautés ; mauvaise hygiène personnelle ; insomnies ou changements dans le cycle du sommeil.
Mais les conséquences psychologiques sont beaucoup plus dangereuses. La personne au comportement addictifs perd complètement sa capacité de choix, sa volonté s’affaiblit et sur certaines choses (en ce qui concerne son addiction) elle est incapable de faire le contraire de la dite addiction. Aussi il faut noter la perte du respect de soi-même et l’approfondissement du complexe d’infériorité, qui souvent, est la base de ces types de problèmes.
Des conséquences terribles s’en suivent pour le travail et l’économie de la personne en difficulté (diminution de la capacité de travail et ruine économique pour la famille). Selon une étude de l’année 2000, les 60% de personnes cyberdépendantes sexuelles affrontent des problèmes économiques à cause de leur addiction, et 58% sont involucrés dans des affaires illicites.
Il est évident aussi que la cyberdépendance peut détruire la propre réputation et la bonne considération devant les autres. Il est difficile qu’une personne cyberdépendante puisse occulter longtemps son problème. Dans la mesure où l’addiction augmente, augmente aussi les risques d’être découvert. Une personne plus ou moins intelligente pourra comprendre facilement certains comportements addictifs.
Conséquences spirituelles : Finalement, nous ajoutons pour les chrétiens la conséquence la plus importante: la perte de la grâce de Dieu et le conséquent déséquilibre spirituel. La cyberdépendance peut nous conduire sous de multiples aspects au péché. Elle nous éloigne de notre devoir d’état, la perte du temps, l’occasion du péché, la pornographie, etc.
[2] Cf. Conseil pontifical pour les communications sociales, L’Eglise et internet, 22 février 2002.
[3] Conseil pontificale pour les communications sociales, Ethique et internet, n. 1, 22 février 2002.
[4] Pour la partie phénoménologique et de classification de ce problème j’utiliserai plusieurs dates fournis par le site cyberdependence.ca dirigé par la docteure Marie-Anne Sergerie, docteure en psychologie et psychologue en bureau privé à Laval. Elle dirige également la Clinique Laval au Canada. Elle s'intéresse aux aspects sociaux d'Internet et des technologies de l'information et de la communication depuis une dizaine d'années et le document préparé par le Service de Psychologie Local C-101, centre étudiant de l’Université de Moncton, Canada. Egalement j’utiliserai un article de Romain Cally, docteur en Sciences de gestion, comportement/psychologie du consommateur : Internet, marketing, surconsommation et addictions comportementales, dans le journal des psychologues, n. 299- juillet-aout 2012.
[5] Griffiths, M., Internet Addiction: does it really exist? Dans Gackenbach, J., Psychology and the Internet: Intrapersonal, interpersonal, and transpersonal implication, Toronto, 1998, pp. 61-75.
[6] L’achat compulsif est une addiction comportementale bien souvent féminine: 80% des acheteurs compulsifs sont des femmes. Il est associé, dans au moins 60% des cas, à d’autres problèmes psychologiques comme l’anxiété, l’alcoolisme, la drogue ou encore la boulimie. Selon Nicolas Guéguen, les achats compulsifs sont surtout centrés sur des produits destinés à une valorisation individuelle. Aussi, l’une des causes principales de ce trouble semble être purement et simplement une mauvaise « image de soi ». Pour compenser ce sentiment, on se jette littéralement sur les achats comme d’autres se jettent sur la nourriture, la sexualité, les médicaments, internet, ou encore le jeu. Cf. Guéguen, Nicolas, “Acheter pour exiter”, in Revue Cerveau et Psycho, n. 19, 2006, p. 27-29.
[7] Cf. Fuentes, Miguel, La Trampa rota, el problema de adicción sexual, San Rafael, 2008, p. 117-134. L’auteur analyse dans ce livre le problème de la dépendance sexuelle en générale, mais l’origine et les causes de cette dépendance peuvent aussi s’appliquer à la cyber et porno-dépendance.
[8] Cally, Romain, Internet, marketing, surconsommation et addictions comportementales.
[9] Le docteur Williams Lowenstein affirme que cette compulsion est particulièrement présente chez les jeunes et chez des adultes présentant une certaine immaturité affective. Une histoire familiale douloureuse, des difficultés scolaires, professionnelles, un problème relationnel ou une mauvaise image de soi sont autant de facteurs poussant à se réfugier dans cet univers virtuel. Cf. Lowenstein, Ces dépendances qui nous gouvernent. Comment s’en libérer ? Paris, 2005.
[10] Cf. Cally, Romain, Internet, marketing, surconsommation et addictions comportementales.
[11] Cf. Sergerie, Marie-Anne, en cyberdependence.ca/ citation de Nayebi, J.-C., La cyberdépendance en 60 questions, Paris, 2007. Nayebi, J.-C., Enfants et adolescents face au numérique, Paris, 2010.