La maturité humaine et nos actes personnels[1]
Mt 6, 14-15 ; 7, 12 :
« Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses. (…)
Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes ».
Jésus formule en ce verset ce que nous appelons la règle d'or. Mais de cette règle nous connaissons deux versions. La première, un peu plus connue dans l’antiquité, a une forme négative, c'est ce que nous lisons dans le libre de Tobie 4, 15 : «Ne fais à personne ce que tu n'aimerais pas subir». Cette formulation a été patrimoine de l’humanité parce qu’elle fait partie du bon sens. Par exemple, c'est l'un des principes fondamentaux du confucianisme. Tsze-Kung demande à Confucius : «Y-a-t-il un mot qui puisse nous servir comme règle de conduite dans toute notre vie ?» Il lui répond : «ne serait-ce pas peut être le mot réciprocité ? Ne fais à personne ce que tu n'aimerais pas qu'il te fasse». Cette vérité était aussi admise par les grecs et romains.
Certes, cette formulation négative de la règle d'or n'implique rien d'extraordinaire. C'est un élément sans lequel il serait impossible de vivre ensemble. Qu'il ne faut pas faire du mal aux autres, n'appartient pas forcement aux principes religieux, il s'agit plutôt d'un principe civil. Une personne pourrait s'abstenir de faire du mal aux autres et en même temps être totalement inutile pour son prochain, c'est-à-dire ne faire rien de positif pour lui.
Mais, et voilà la nouveauté, Jésus la formule en positif : « ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux ». Formulée comme ça, elle devient beaucoup plus exigeante. Le commandement du Christ nous impose une obligation par rapport à nos frères et sœurs. Et ce qui est beaucoup plus rigoureux encore : en nous tenant nous-même comme modèle et paramètre. Il est très facile de savoir ce que nous voulons ou ce que nous attendons des autres par rapport à nous : attention, délicatesse, aide, amour, respect, charité, tolérance, amitié, loyauté, confiance, etc. Jésus nous dit : faites-vous précisément cela avec eux ? Mais en plus, il nous dit : soyez-vous même les premiers à faire cela, même si vous n’êtes pas récompensé immédiatement. C'est bien la loi du « maximum » dont on a parlé plus haut.
Cette règle simple et facile à comprendre est pourtant très dangereuse. En effet, elle a un terrible pouvoir d'accusation. Combien de fois sommes-nous envahi par la crainte de savoir que nous serons jugés par nos propres actes ! Pas seulement dans le sens d’être juges de nos actes, mais dans le sens que nos actes, eux-mêmes, deviendront nos juges. Dieu, au jugement final, dira aux anges «regardez ses actes et prenez-les comme modèle : faites avec lui ce qu'il a fait avec les autres». Donc nos actes deviennent des «juges portables», «que nous portons en nous». Là où nous sommes, ils y sont aussi.
Il y a encore une autre vérité cachée dans cette affirmation du Seigneur. Cette phrase pourrions-nous la traduire comme ceci : fais avec eux ce que tu veux qu'ils te fassent, parce que précisément cela tu le reçois de leur part en le leur faisant. Je m'explique. Dans un certain sens notre prochain ne peut pas éviter de récompenser nos actes avec la même monnaie, parce que la récompense arrive au même instant que je réalise l'acte.
Saint Jean Paul II en parle dans son encyclique «Dives in miséricorde» en disant : «L'amour miséricordieux, dans les rapports humains, n'est jamais un acte ou un processus unilatéral. Même dans les cas où tout semblerait indiquer qu'une seule partie donne et offre, et que l'autre ne fait que prendre et recevoir (par exemple dans le cas du médecin qui soigne, du maître qui enseigne, des parents qui élèvent et éduquent leurs enfants, du bienfaiteur qui secourt ceux qui sont dans le besoin), en réalité cependant, même celui qui donne en tire toujours avantage. De toute manière, il peut facilement se retrouver lui aussi dans la situation de celui qui reçoit, qui obtient un bienfait, qui rencontre l'amour miséricordieux, qui se trouve être objet de miséricorde».
En réalité, avec mes actes de miséricorde, je fais un bien énorme au prochain et en même temps je reçois sa récompense : le bien extraordinaire de me donner la possibilité de faire le bien. Chaque fois que je fais le bien, je grandis, je mûris, je me perfectionne dans la même ligne du bien que je fais. Celui qui de bon gré ou pas, me permet de lui faire un bien (en lui pardonnant, en lui donnant un conseil, en l’écoutant, en lui faisant l’aumône) devient mon principal bienfaiteur. Si je suis patient avec celui qui est insupportable, je reçois une « douche » de patience, si j’enseigne, je deviens plus sage, si j’offre la foi, je grandis dans ma foi, si je pardonne, je trouve le pardon.
En effet, entre les exigences de cette règle, l'une de plus difficiles est celle du pardon. Nous voulons que les autres, à commencer par Dieu même, nous comprenne, nous pardonne, soient patients envers nous, en nous offrant toujours une nouvelle opportunité. Mais rarement sommes-nous là pour leur offrir le pardon, la patience, une nouvelle opportunité, etc. Nous pouvons dire que rien d'autre ne mettra en évidence l’équilibre et la maturité d'une personne, si elle n’a pas la disposition et la capacité à pardonner. Jésus était bien conscient de cela et c'est pour cela qu’après la prière du notre Père, il reprendra, dans un ton de réprimande, une seule phrase, celle du pardon. Pourquoi ? Parce que c'est l'unique phrase enseignée par Jésus qui nous fait mal. C'est l'unique phrase où le Seigneur exige de nous de faire quelque chose. Nous demandons le pain quotidien, de nous libérer du mal, de ne pas tomber dans la tentation… etc tout cela à condition de savoir pardonner. Combien coûte tout cela !!!
La miséricorde et le pardon des ennemis ont une énorme capacité de maturation. C'est-à-dire manifestent la maturité d'une personne, et la produise. Dans la mesure où une personne pardonne, elle mûrit, grandit et se perfectionne psychologiquement et spirituellement. Dans la mesure où elle garde rancune, haine, sa vie spirituelle et psychologique recule incroyablement.
Pour notre méditation et prière personnelle
« PARDONNER 70 FOIS »
Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : «Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois, dois-je lui pardonner? Jusqu'à 7 fois? Jésus lui répondit: «Je ne te dis pas jusqu'à 7 fois, mais jusqu'à 70 fois sept fois»...
Prière pour pardonner
En ton Nom, Seigneur Jésus, par la puissance de ton Esprit et pour la Gloire de Dieu, ton Père et notre père: avec toute la foi et la sincérité de mon cœur, je Te demande la grâce de venir m'aider à pardonner. De moi-même, je ne puis pardonner vraiment comme Tu nous le demandes. C'est pourquoi j'implore l'aide de ton Amour et la puissance de ton Sang qui nous donne accès à ta Miséricorde.
JE PARDONNE A TOUTES LES PERSONNES QUI M'ONT BLESSÉ(E) DE QUELQUE FAÇON QUE CE SOIT, CONSCIEMMENT OU INCONSCIEMMENT. Je pardonne en particulier à (N…) tout le mal qu'il (elle) a pu me faire. Je lui remets toute dette envers moi, sans condition aucune et pour toujours. Je Te prie Seigneur Jésus, de le (la) bénir et d e le (la) combler de ta grâce dès aujourd'hui et pour toujours. Seigneur Jésus, Toi qui es Miséricorde, je mets ma confiance en Toi. Remplis moi je t'en prie, de ta paix et de ta joie, et répands les également sur lui (elle). Je Te le demande par les mérites de tes Saintes Plaies et de ta Croix glorieuse. Je te rends grâce de tout ce que ton Amour m'accorde aujourd'hui, de tout ce que Tu feras encore demain en moi, et de ce que Tu feras dans cette personne à laquelle je pardonne. AMEN.
Auto pardon
En ton Nom, Seigneur Jésus, par la Puissance de l'Esprit Saint et pour la Gloire du Père, je Te demande pardon de tous mes péchés. Guéris-moi de toute blessure laissée par mes péchés. Je m'accepte tel (le) que je suis avec mes limites et aussi avec les qualités que Tu m'as données. Je m'aime tel (le) que je suis, parce que Toi Jésus Tu m'aimes d'un Amour personnel et sans retour. Tu m'as aimé(e) le premier, et rien en dehors de ma propre infidélité, ne pourra me séparer de l'amour qui Tu as pour moi ! AMEN.
Auto libération
En ton Nom, Seigneur Jésus, par la puissance de l'Esprit Saint et pour la Gloire du Père, libère-moi de toute peur, de toute crainte, angoisse ou anxiété. Jésus, Mon Sauveur, libère moi par-dessus tout, de toute haine, orgueil et agressivité, de toute rancune et désir de vengeance. Délivre moi aussi de tout sentiment de culpabilité, d'insécurité et d'infériorité. Je reconnais humblement que Tu es mon Unique Libérateur. Jésus Miséricorde, j'ai confiance en Toi !
Acte de donation personnel
Seigneur Jésus, purifies-moi dans ton Sang précieux, par la Puissance de ton Esprit Saint. Viens établir ta seigneurie sur tout mon être. Dépouille-moi de tout orgueil, de toute vanité, de tout ce qui fait obstacle à l'action de ton Esprit Saint, et viens le remplacer maintenant par ton Esprit d'Humilité et de Sainteté. Seigneur Jésus, fais descendre sur moi tes bénédictions et ton Amour ! Je me livre entièrement à Toi, je Te cède toute la place en moi. Seigneur Jésus, tout ce que Tu fais, Tu le fais par Amour parce que Tu es l'Amour. TU n'es que Miséricorde pour nous tous !… Jésus Miséricorde, j'ai confiance en Toi et je suis maintenant tout à Toi pour toujours!
[1] R.P. Miguel Fuentes, « La madurez segùn Jesucristo ; el hombre a la luz del sermon de la montaña» de la collection Virtus n. 13. Traduction, adaptation et commentaires faites par le R.P. Silvio Moreno, IVE