NOTE DU BLOG: Nous publions à continuation l'homelie du Pere Sergio Perez, curé de la Cathédrale de Tunis à l'occasion du triduum en l'honneur de Saint Jean Paul II.
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Le 27 avril 2014, qui était à la fois le dimanche «des canonisations» et celui de la Miséricorde –dont le Pape François a fait d’ailleurs longuement mention dans son homélie– on pouvait s’attendre à ce qu’il consacre Jean Paul II comme «Pape de la Miséricorde». Mais le «Pape de la joie» a d’une certaine façon créé la surprise en parlant de Jean Paul II comme du «Pape de la famille». Et pourtant, c’est le pape polonais, lui-même, qui avait dit que c’est sous ce nom qu’il voulait rester dans les mémoires, comme le Pape François l’a fait remarquer.
Pourquoi Jean Paul II tenait-il tant à la famille?
Il avait la conviction que le monde ne peut pas tourner rond si la famille, cellule vitale de la société et première école de vie de l’homme, est malade. Il savait aussi que c’est dans la famille que chaque personne s’accomplit et se sanctifie, à travers le don et la communion.
En plus, il aimait s’entourer de familles, recréer une ambiance familiale autour de lui. Chaque été, par exemple, il recevait des familles à Castel Gandolfo: on y faisait des veillées, on y chantait, on y discutait de tout… Il posait des questions aux époux et s’intéressait aux enfants, à chacun. Il se ressourçait à travers cette intimité naturelle et joyeuse.
Quelle a été sa contribution dans le domaine de la famille?
Pendant 25 ans, il a parlé sans cesse de la famille. Il a aussi beaucoup écrit: une exhortation apostolique (Familiaris Consortio), une encyclique (Evangelium vitae), plusieurs lettres dont sa «Lettre aux familles» de 1994 … Son œuvre sur la théologie du corps et la sexualité est sans précédent. On lui doit aussi des créations majeures: le Conseil Pontifical pour la Famille, les Instituts pour la Famille qui portent son nom, le premier Synode sur la famille, les Rencontres Mondiales des Familles… Son apport est immense.
En parlant de la famille, Jean Paul II a beaucoup utilisé l’expression «église domestique» parce qu’elle témoigne de l’importance du sacrement du mariage qui identifie l’union du couple à celle du Christ avec l’Eglise; et parce qu’elle témoigne aussi de la grandeur de la famille, qui découle de ce sacrement.
Et sur le plan pastoral, a été-t-il un innovateur?
Sans aucun doute. Sa grande innovation, c’est peut-être d’avoir intégré des couples mariés à la réflexion de l’Eglise sur les questions de la sexualité, du mariage et de la famille. Il l’a fait dès le synode sur la famille de 1980. C’était la première fois dans l’histoire de l’Eglise que des couples participaient à un synode. De même, quand il a créé le Conseil Pontifical pour la Famille, il y a nommé vingt couples, représentant les cinq continents. Les églises locales se sont par la suite largement inspirées de ce modèle.
Peut-on parler de lui comme d’un saint pour la famille?
Non seulement un saint, mais un martyr, qui a versé son sang pour la famille. Il a scellé avec son sang la création du Conseil Pontifical pour la Famille, qu’il a institué le jour même de son attentat à Place Saint Pierre (13 mai 1981). Et en 1994, Année de la famille, au terme d’un séjour de plusieurs semaines à l’hôpital, il a lui-même déclaré que le Pape devait souffrir parce que la famille était menacée et attaquée (angélus du 29/5/1994)
Protecteur des synodes sur la famille
Jean Paul II est le Pape qui, après avoir été nommé patron des JMJ, est devenu aussi le protecteur du «chemin synodal sur la famille et avec les familles» dans lequel l’Eglise est engagée depuis longtemps. Le Pape François a affirmé: «du ciel, il accompagne et soutient certainement ce chemin synodale».
Cette consécration est «une pierre dans le jardin» de ceux qui pensent que François serait prêt à faire évoluer la doctrine de l’Eglise sur l’indissolubilité du mariage ou la transmission de la vie; ou qu’il ne s’intéresserait pas aux questions morales et à la famille, ayant fait de «l’option préférentielle pour les pauvres» son unique cheval de bataille.
Si la canonisation de Jean Paul II (avril) et l’Assemblée extraordinaire du Synode des évêques sur la famille (octobre) sont tombé la même année (2014), à quelques mois d’intervalle, ce n’est pas peut-être par un hasard. Ce synode pourrait bien permettre d’approfondir encore l’immense apport de ce pape que Dieu a choisi –c’est notre conviction– parce qu’il aimait la famille. C’est la grâce que nous demandons aujourd’hui par son intercession. Sa prière pour la famille a été un soutien pour beaucoup et peut l’être encore.
Prière de saint Jean Paul II pour la famille
«Ô Dieu, de qui vient toute paternité au ciel et sur la terre, Toi, Père, qui es Amour et Vie, fais que sur cette terre, par ton Fils, Jésus-Christ, ‘né d’une Femme’, et par l’Esprit Saint, source de charité divine, chaque famille humaine devienne un vrai sanctuaire de la vie et de l’amour pour les générations qui se renouvellent sans cesse.
Que ta grâce oriente les pensées et les actions des époux vers le plus grand bien de leurs familles, de toutes les familles du monde.
Que les jeunes générations trouvent dans la famille un soutien inébranlable qui les rende toujours plus humaines et les fasse croître dans la vérité et dans l’amour.
Que l’amour, affermi par la grâce du sacrement de mariage, soit plus fort que toutes les faiblesses et toutes les crises que connaissent parfois nos familles.
Enfin, nous te le demandons par l’intercession de la sainte Famille de Nazareth, qu’en toutes les nations de la terre, l’Église puisse accomplir avec fruit sa mission (pour la famille), dans la famille et par la famille. Toi qui es le Chemin, la Vérité et la Vie dans l’unité du Fils et du Saint-Esprit. Amen».