Le symbole de la lumière
Aujourd'hui, solennité de l' « Epiphanie », qui signifie « Manifestation », le thème de la lumière revient avec force. « Lumen gentium... Christus » disait le Concile Vatican II : « Le Christ est la lumière des peuples » (Lumen gentium, n. 1).
Le thème de la lumière domine les fêtes de Noël et de l'Epiphanie, qui autrefois - aujourd'hui encore en Orient - étaient réunies en une seule grande « fête des lumières ». En effet à l'origine, l'Épiphanie, faisait partie du cycle de Noël et tire son fond et son sens des célébrations païennes de la lumière. En effet, Noël, avant d'être un jour, est d'abord un cycle: celui-ci atteint son apogée au jour marquant le solstice d'hiver, le 22 décembre. Cette nuit du solstice — la plus longue de l'année — annonce le rallongement des jours et — par extension — la renaissance de la lumière censée être à l'origine de toutes choses. Puis la célébration se prolonge après le 25 décembre durant un nombre de jours hautement symbolique : 12 jours et 12 nuits. Le cycle prend fin le 6 janvier. C'est à ce moment que les jours commencent à s'allonger de façon sensible, que la promesse de la nuit solsticiale est tenue. On célèbre alors l'Épiphanie, la manifestation de la Lumière.
Voilà pourquoi la fête venue d’Orient a été fixée au 6 janvier: fête des lumières, elle est beaucoup plus la célébration de l’inauguration du ministère public du Christ, lors de son baptême au Jourdain, qu’une festivité des événements de l’enfance de Jésus. On l’appelle «Théophanie».
En Occident par contre, l’Epiphanie, fixée au 6 janvier ou au dimanche situé entre le 2 et le 8 janvier, est surtout la fête des Mages ou des «Rois». En effet, dans l’Église latine, l’adoration de Jésus par les rois mages devint peu à peu l’objet principal de la fête de l’Épiphanie. A partir du IVème siècle, l’Église d’occident célébra la naissance de Jésus le 25 décembre (Noël) et la manifestation aux païens en la personne des mages le 6 janvier. Sera le Pape Jule, qui fut sur le trône de S. Pierre depuis 337 jusqu’en 352 le premier qui ait appris à distinguer les fêtes de la Nativité et de l’Épiphanie, et qui en ait réglé le jour.
Illumination personnelle
Le sens de cette fête est éclairé par l’apôtre Saint Jean : Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme; il venait dans le monde. Un soleil venu dans le monde pour dissiper les ténèbres du mal et l'inonder par la splendeur de l'amour divin. Et aussi : Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie (Jn 8, 12). En s'incarnant, le Fils de Dieu s'est manifesté en tant que lumière. Une lumière présente non seulement à l'extérieur, dans l'histoire du monde, mais également à l'intérieur de l'homme, dans son histoire personnelle. Il est devenu l'un de nous, en donnant un sens et une valeur renouvelée à notre existence terrestre.
Illumination missionnaire
Ce pourquoi dans le contexte liturgique de l'Epiphanie se manifeste également le mystère de l'Eglise et sa dimension missionnaire. Celle-ci est appelée à faire resplendir dans le monde la lumière du Christ, en la reflétant en elle-même comme la lune reflète la lumière du soleil. C’est d’ailleurs le commandement du Christ: De même, que votre lumière brille devant les hommes: alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux (Mt 5, 16). En écoutant ces paroles de Jésus, nous, membres de l'Eglise, ne pouvons pas ne pas percevoir toute l'insuffisance de notre condition humaine, marquée par le péché. L'Eglise est sainte mais elle est composée d'hommes et de femmes avec leurs limites et leurs erreurs. Seul le Christ, en nous donnant l'Esprit Saint, peut transformer notre misère et nous renouveler continuellement.
« Comment cela adviendra-t-il? », pouvons-nous nous demander en reprenant les paroles que la Vierge adressa à l'Archange Gabriel. C'est précisément la Mère du Christ et de l'Eglise qui nous fournit la réponse: par son exemple de disponibilité totale à la volonté de Dieu fiat mihi secundum verbum tuum (Lc 1, 38), elle nous enseigne à être "épiphanie" du Seigneur, dans l'ouverture du cœur à la force de la grâce et dans l'adhésion fidèle à la parole de son Fils, lumière du monde et but ultime de l'histoire.
P. Silvio Moreno, IVE