A la lumière de la figure de Jean Baptiste nous avons une double «vocation» dans l’actualité de nos vies d’aujourd’hui afin de préparer la venue du Seigneur : la vocation prophétique et la vocation à la conversion.
1. Vocation prophétique : nous avons besoin aujourd’hui, parmi nos chrétiens, d’autres « Jean Baptiste » qui se lèvent à voix forte pour nous aider à préparer le chemin du Seigneur et pour l’accueillir quand il viendra. Nous sommes appelés à devenir des véritables prophètes dans ce monde, c’est-à-dire « signes vivants » de la présence de Dieu en ce monde. C’est une conséquence logique de notre baptême et alors il est pour nous impossible de nous détourner de cette vocation prophétique. Quels sont les caractéristiques d’un véritable prophète ?
- Jean Baptiste n’avait pas peur de dénoncer le mal et le péché là où il le trouvait. Chaque fois que Jean voyait dans les prêtres de son époque, dans la société ou même dans l’autorité politique (voir Hérode et son adultère) une situation dangereuse ou un péché qui les empêchaient de voir Dieu, il le dénonçait avec force et courage. Il était comme la lumière qui illumine les endroits ténébreux. Dans ce sens il y a toujours dans le prophétisme et dans le message chrétien la place pour l’avertissement, la correction et la dénonciation du péché, malgré les menaces et l’opinion commune… Miséricorde, oui, mais jamais au prix du plaisir du péché. Le saint Padre Pio disait: « Essayez de les attirer par l’amour et la charité, donnant sans compter, et si vous échouez, grondez-les. Le Christ, notre modèle, a fait le Paradis, mais aussi l’enfer. Une bonne réprimande est parfois plus nécessaire qu’un aimable rappel à l’ordre ».
- Le prophétisme de Jean consiste aussi à présenter le « bien à réaliser ». Son message n’était pas seulement négatif, mais c’était une présentation positive des exigences morales de Dieu. Il condamnait le péché, mais il invitait aussi à s’approcher de Dieu par la conversion. Le chrétien « prophète » doit également savoir présenter la beauté du christianisme : il faut enthousiasmer les gens avec l’idéal de la vie chrétienne. Idéal présenté parfaitement par notre Seigneur dans le chapitre 5 de saint Mattieu, notamment les béatitudes, sommet de la vie chrétienne.
- Jean parlait finalement de la part de Dieu. Il commence sa prédication après des années de préparation solitaire avec Dieu. Son message n’était pas une opinion personnelle, mais un message qui venait de Dieu. Le prophète d’aujourd’hui c’est quelqu’un qui parle au nom de Dieu et de l’Eglise.
2. Vocation à la conversion. Aujourd’hui plus que jamais l’accomplissement de cette vocation à la conversion est, pour nous chrétiens, essentiel. «Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche». Jean Baptiste n’explique pas la signification de cette conversion parce que les juifs qui l’écoutaient savaient parfaitement ce qu’il voulait dire. En effet, le mot en hébreux utilisé par Jean c’était teshúbá avec sa racine shúb qui signifie “retourner”, mot traduit aujourd’hui par repentance. Le cri de Jean était donc « repentez-vous ». Pour les juifs voulait dire écartez-vous du péché et revenez-vous vers Dieu.
On peut illustrer ce terme de la manière suivante. Imaginez-vous en train de marcher dans une direction, et tout d’un coup, vous prenez conscience que vous marchez en réalité dans la mauvaise direction. Vous faites donc demi-tour pour prendre la bonne direction. C’est ce que signifie se repentir et se convertir à Dieu. En vivant sans la grâce de Dieu et en pratiquant le mal (ainsi par exemple qui triche, qui vol, qui ment, qui insulte, qui est adultère, fornicateur, impur, superstitieux, etc.), vous marchez dans la mauvaise direction. Vous devez donc vous arrêter, en prendre conscience et faire demi-tour et revenir à la bonne direction : donc revenir à Dieu.
La bible constamment parle de tourner le dos au péché et revenir vers Dieu. Ainsi le prophète Ezéquiel : Tu leur diras : Par ma vie – oracle du Seigneur Dieu – je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais bien plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive. Retournez-vous ! Détournez-vous de votre conduite mauvaise. Pourquoi vouloir mourir, maison d’Israël ? (Ez 33, 11). L’ecclésiastique dit : Si quelqu’un se purifie après avoir touché un cadavre et le touche à nouveau, à quoi lui aura servi son ablution ? Ainsi l’homme qui jeûne à cause de ses péchés, puis y retourne et recommence : qui écoutera sa prière ? À quoi lui aura servi sa pénitence ? (Ec 34, 29-30).
Pour obtenir le pardon individuel, le chrétien doit se repentir, reconnaître ses péchés, ressentir du regret, vouloir changer.
P. Silvio Moreno, IVE