Introduction
Cette image dont nous voyons une tête humaine avec tous les symboles religieux des différentes religions, résume le thème d’aujourd’hui… « le relativisme ». Il peut nous arriver dans notre esprit, dans notre intelligence que tout soit égale, tout soit pour moi la même chose, qu’il n’a pas une vérité absolue. Il n’y a pas longtemps le pape émérite Benoit XVI a utilisé une expression particulière qui définit très bien le problème d’aujourd’hui : «la dictature du relativisme ». Pour un chrétien, l'enjeu est énorme : « le concept de vérité est désormais un objet de soupçon », dira le pape (page 75 dans Lumière du monde, Bayard).
En effet, tous les catholiques, en particulier nos jeunes, sont directement concernés par ce débat, parce qu’ils sont continuellement bombardés par une « propagande relativiste ». En effet si notre Seigneur est une vérité relative, et donc vraie pour quelques-uns et pas pour d’autres, si notre foi est relative, si « toutes les religions ont la même valeur», si tout se vaut finalement, le monde va sombrer dans le pessimisme et le chaos, notre personnalité va se fracturée et notre vie spirituelle va s’affaiblir. Comprendre ce problème et résister contre la confusion mentale qui règne dans notre société et culture au sujet de Dieu, de la morale et de la foi, implique, à notre avis, d'un combat spirituel et intellectuel sérieux. Soyons clairs certaines valeurs sont objectives. Certaines vérités spirituelles sont absolument vraies. Personne ne peut changer cela.
Que est-ce que le relativisme ?
Le relativisme soutient la proposition suivante : « Une vérité n'est pas vérité en elle-même, dans l'absolu, mais seulement du point de vue relatif de la personne qui l'énonce ou qui y croit. » Ainsi, toutes les opinions se valent, car elles s'expliquent toutes par le point de vue d'une personne. En conséquence, les opinions, les idées n’ont pas de valeur en soi, mais sont seulement relatifs à l’environnement (à la période historique, à la culture), aux goûts ou aux dégoûts, éducation personnelle, aux humeurs personnelles, etc. Autrement dit chacun a sa propre vérité.
Pour le relativiste, toutes les vérités sont complètement relatives et provisoires car le relativisme nie l’existence d’une vérité objective ; il se laisse « flotter et emporter à tout vent de doctrine » (Eph. 4, 14), par tous les courants idéologiques. Le relativisme croit que nous pouvons choisir nous-mêmes notre propre vérité, sous le faux prétexte que la vérité comme un absolu est trop confinée, qu’elle enferme, qu’elle emprisonne et qu’elle est donc à rejeter.
Transposé au domaine de la foi chrétienne, il mène à des opinions, à des doctrines confuses et floues et à la « petite voix intérieure personnelle » sans cohérence avec le contenu intégral ni de la Parole de Dieu, ni de l’enseignement de l’Eglise. Dit autrement, il mène à la confusion mentale et spirituelle. Un relativiste est toujours un dépressif intellectuel.
Il est évident que « le relativisme postmoderne est en fait porté par une complète indifférence à l’égard de la question de la vérité. » car il procède du culte de l’égo : S’il n’y a que « moi » qui m’intéresse, je ne peux évidemment pas m’intéresser à la vérité qui est toujours au-delà de « mes opinions ». L’ultime mesure est ainsi mon égo et mes désirs.
Fondements bibliques
Saint Paul dit aux Ephésiens: « … De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude. Alors, nous ne serons plus comme des petits enfants, nous laissant secouer et mener à la dérive par tous les courants des doctrines, au gré des hommes qui emploient la ruse pour nous entraîner dans l’erreur. Au contraire, en vivant dans la vérité et dans l’amour, nous grandirons pour nous élever en tout jusqu’à celui qui est la Tête, le Christ. (Eph.4, 11-15)
Livre du prophète Isaïe : « 20 Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, Qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, Qui changent l'amertume en douceur, et la douceur en amertume! 21 Malheur à ceux qui sont sages à leurs yeux, Et qui se croient intelligents ! »
Evangile selon Jean, Chap. 14 : « 6 Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. »
La "dictature" du relativisme
Le pape émérite Benoit XVI dans son homélie avant le conclave dont il sera choisi somme pontife, nous explique : « Combien de vents de doctrines avons-nous connu ces dernières décennies, combien de courants idéologiques, de modes de pensée… La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens, bien souvent, a été agitée par ces vagues, jetée d'un extrême à l'autre : du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme ; du collectivisme à l'individualisme radical; de l'athéisme à un vague mysticisme religieux ; de l'agnosticisme au syncrétisme, etc. Chaque jour, naissent de nouvelle sectes, réalisant ce que saint Paul disait sur "l'imposture des hommes et leur astuce qui entraîne l'erreur" (cf Ep 4, 14). Avoir une foi claire, selon le Credo de l'Eglise, est souvent étiqueté comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c'est-à-dire se laisser porter "à tout vent de la doctrine", apparaît comme la seule attitude digne du temps présent. Peu à peu se constitue une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui ne retient comme ultime mesure que son propre ego et ses désirs ».
Le relativisme prétend donc être une attitude ouverte et tolérante mais en réalité :
Nous ne pouvons pas manquer de mentionner ici la citation de Jean Paul II, dans son encyclique « Evangelium vitae » n.20 sur les conséquences du relativisme dans la vie sociale : « Avec cette conception de la liberté, la vie en société est profondément altérée. Si l'accomplissement du moi est compris en termes d'autonomie absolue, on arrive inévitablement à la négation de l'autre, ressenti comme un ennemi dont il faut se défendre. La société devient ainsi un ensemble d'individus placés les uns à côté des autres, mais sans liens réciproques: chacun veut s'affirmer indépendamment de l'autre, ou plutôt veut faire prévaloir ses propres intérêts. Cependant, en face d'intérêts comparables de l'autre, on doit se résoudre à chercher une sorte de compromis si l'on veut que le maximum possible de liberté soit garanti à chacun dans la société. Ainsi disparaît toute référence à des valeurs communes et à une vérité absolue pour tous: la vie sociale s'aventure dans les sables mouvants d'un relativisme absolu. Alors, tout est matière à convention, tout est négociable, même le premier des droits fondamentaux, le droit à la vie. De fait, c'est ce qui se produit aussi dans le cadre politique proprement dit de l'Etat: le droit à la vie originel et inaliénable est discuté ou dénié en se fondant sur un vote parlementaire ou sur la volonté d'une partie — qui peut même être la majorité — de la population. C'est le résultat néfaste d'un relativisme qui règne sans rencontrer d'opposition: le « droit » cesse d'en être un parce qu'il n'est plus fermement fondé sur la dignité inviolable de la personne mais qu'on le fait dépendre de la volonté du plus fort. Ainsi la démocratie, en dépit de ses principes, s'achemine vers un totalitarisme caractérisé. L'Etat n'est plus la « maison commune » où tous peuvent vivre selon les principes de l'égalité fondamentale, mais il se transforme en Etat tyran qui prétend pouvoir disposer de la vie des plus faibles et des êtres sans défense, depuis l'enfant non encore né jusqu'au vieillard, au nom d'une utilité publique qui n'est rien d'autre, en réalité, que l'intérêt de quelques-uns. Tout semble se passer dans le plus ferme respect de la légalité, au moins lorsque les lois qui permettent l'avortement ou l'euthanasie sont votées selon les règles prétendument démocratiques. En réalité, nous ne sommes qu'en face d'une tragique apparence de légalité et l'idéal démocratique, qui n'est tel que s'il reconnaît et protège la dignité de toute personne humaine, est trahi dans ses fondements mêmes: « Comment peut-on parler encore de la dignité de toute personne humaine lorsqu'on se permet de tuer les plus faibles et les plus innocentes? Au nom de quelle justice pratique-t-on la plus injuste des discriminations entre les personnes en déclarant que certaines d'entre elles sont dignes d'être défendues tandis qu'à d'autres est déniée cette dignité?». Quand on constate de telles manières de faire, s'amorcent déjà les processus qui conduisent à la dissolution d'une convivialité humaine authentique et à la désagrégation de la réalité même de l'Etat. Revendiquer le droit à l'avortement, à l'infanticide, à l'euthanasie, et le reconnaître légalement, cela revient à attribuer à la liberté humaine un sens pervers et injuste, celui d'un pouvoir absolu sur les autres et contre les autres. Mais c'est la mort de la vraie liberté: « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché » (Jn 8, 34).
Je suis convaincu que le relativisme avec un zèle 'évangélisateur' et une hostilité sans précédent, fait désormais la guerre à la religion en général, au christianisme et à la vie humaine en particulier. Il réduit au silence toute proclamation de vérité supérieure qui serait vraie pour l’ensemble des êtres humains et des cultures. Certes, le relativisme est une des difficultés principales de la prédication de l’Evangile dans un monde pluraliste et globalisé. De plus, si les chrétiens décidaient de relativiser la vérité ou de la diluer, l’Eglise s’affaiblirait dangereusement. Le défi est donc de professer la vérité de l’Evangile du Christ et de ne pas succomber à la tentation du relativisme ou de l’interprétation subjective (selon moi-même) et sélective des Écritures et de l’enseignement de l’Eglise.
Réponse au relativisme : « La vérité »
Il s’agit d’être des hommes et des femmes de convictions. Et la vérité n’est pas une question d’options personnelles ! Voyons donc quelques points concernant la vérité :
Point 1 : Soyons enracinés dans la vérité en fondant notre foi dans une relation profonde avec Jésus-Christ. « Qu’est-ce que la vérité ? » demande Pilate qui ne semble pas attendre la réponse. En réponse résonne l’évangile selon Jean où Jésus affirme : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. » La mesure de la vérité est en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, l’homme véritable. A ce propos nous dit le pape Benoit XVI : « Nous avons en revanche une autre mesure : le Fils de Dieu, l'homme véridique. C'est lui la mesure du véritable humanisme. Une "foi adulte" ne suit pas les vagues de la mode. Une foi adulte et mûre s'enracine profondément dans l'amitié avec le Christ. C'est cette amitié qui nous ouvre à tout ce qui est bon et nous donne le critère pour discerner entre le vrai et le faux, entre l'imposture et la vérité. Nous devons faire mûrir cette foi adulte… Et c'est cette foi – seulement la foi – qui crée l'unité et qui se réalise dans la charité ».
Point 2 : Honorons le Dieu de vérité en se formant (lecture, étude et approfondissement) dans la vérité biblique et l’enseignement de l’Eglise…En effet dit Saint Paul « Toute [l’] Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice » (2 Timothée 3, 16) et donc pour combattre les mensonges. Les Ecritures nourrissent notre foi ; le magistère de l’Eglise, l’enseignement du pape surtout en matière de foi et morale nourrit notre foi, une foi qui n’est pas relative à notre « moi » et qui n’est pas relative à la majorité, à la mode, à l’ambiance. Etre fidèle à la Parole de Dieu interprétée par le magistère (enseignement) de l’Eglise, c'est entre autre refuser une certaine théologie « progressiste » qui accepte tous les styles de vie sous prétexte d'adaptation à notre époque.
Point 3 : Proclamons la vérité de l’Evangile. Même dans notre contexte pluraliste où de nombreuses religions se côtoient, nous ne devons pas renoncer à partager l’Evangile entier dans le monde entier. Mais faisons-le avec amour et prudence ; ce qui implique le respect de ceux qui croient autrement et l’humilité. Souvenons-nous que Jésus n'a pas imposé la vérité par la force. Il n'a pas non plus fait descendre le feu du ciel sur un village refusant de le recevoir (Luc 9 : 51-56). La vérité ne doit pas rendre fanatique. Sachons que la vérité s’impose pour elle-même. Dans notre proclamation de la vérité, ne tentons pas d'accomplir l'œuvre du Saint Esprit mais restons humbles.
Point 4 : Incarnons la vérité dans notre vie quotidienne. La vérité n’est pas seulement un ensemble d’affirmations théologiques mais s’est incarnée en Jésus. Incarner la vérité, c’est donc lui ressembler de plus en plus et ne pas se conformer au monde présent, ne pas s’adapter aux erreurs modernes.
En conclusion
Le choix, chers jeunes, entre relativisme et absolu est un faux débat. Le vrai débat est ailleurs : entre vérité et mensonge, entre ressemblance au Christ et ressemblance au monde, entre être libre et être esclave ; car vérité et liberté sont profondément liées, « Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres… »
« L’art de l’apôtre est plein de risques », disait Paul VI en 1964 dans sa lettre encyclique « Ecclesiam Suam » : « La préoccupation d’approcher nos frères ne doit pas se traduire par une atténuation, par une diminution de la vérité. Notre dialogue ne peut être une faiblesse vis-à-vis des engagements de notre foi. L’apostolat ne peut transiger et se transformer en compromis ambigu au sujet des principes de pensée et d’action qui doivent distinguer notre profession chrétienne. […] Seul celui qui vit en plénitude la vocation chrétienne peut être immunisé contre la contagion des erreurs avec lesquelles il entre en contact. »