UNE CRISE DE PATERNITÉ. UN PROBLEME DE NOS JOURS

UNE CRISE DE PATERNITÉ. UN PROBLEME DE NOS JOURS

En ces jours d’exercices spirituels, j’ai pensé à vous, surtout ma relation avec vous en tant que Père-fils.

Nous vivons à une époque qui attaque la notion même de paternité, de famille et qui proclame sa propre rébellion vis-à-vis de l’autorité paternelle.

La dissolution de la famille naturelle comporte comme première conséquence la destruction total de la figure paternelle, et l’absence du père dans la famille comporte aussi des conséquences très graves pour les enfants.  

Imaginons nos jeunes, vos camarades, dans cette société moderne. En Tunisie, par exemple où nous vivons, les filles étudiantes en grosses « occasionnelle » peuvent malheureusement avorter très facilement. Mais imaginons si ces mêmes filles accouchent leur enfants…leurs pères où se trouvent-ils ?

Nos jeunes étudiants loin de leur pays et parfois les enfants des couples expatries, expérimentent aujourd’hui une terrible manque du père et de mère. Et cela résonne à ma conscience de chrétien et de prêtre, comme un crie qui clame l’intervention divine.   

Voici l’expérience : nos jeunes ont besoin d’une mère, mais surtout d’un père. Donc il faut que le Père soit présent auprès de ses enfants, physiquement et spirituellement :

  • Il est fondamental sa présence pour le processus de maturation affective des enfants.
  • Il est fondamental sa présence aussi pour former en eux le sens du respect à l’autorité. Les enfants cherchent de s’identifier avec le modèle du père, mais si le modèle est absent, d’autres modèles occuperont les cœurs des enfants : violence, drogue, pornographie, etc.
  • Il est fondamental sa présence par rapport à la formation de l’identité sexuelle de l’enfant soit un garçon, soit une fille. Une figure paternelle déformée, identité sexuelle de l’enfant déformée. Voilà la naissance de l’homosexualité. 
  • Finalement il est fondamental sa présence pour que les enfants puissent se construire une idée parfaite de Dieu. Malheureusement l’enfant ou jeune qui a une relation difficile ou conflictuel avec son père, construira en lui-même une idée erronée de Dieu, parvenant dans la plus part de cas à sa négation. Voilà pourquoi nous vivons dans une époque sans Dieu, parce que la figure paternelle est déformée, absente ou détruite. 

Autrement dit « le surnaturel se rattache au naturel », pour cela beaucoup de chrétiens catholiques n’arrivent pas a avoir une relation filial et profonde avec Dieu, parce que au niveau naturel n’ont pas une relation filial et profonde avec leur père. 

La solution nous pouvons la chercher en trois frases : la paternité est naturelle. Est un don de Dieu et une vocation divine. Elle (autorité paternelle) vient de Dieu et donc on l’apprend à l’école de Dieu le Père. L’homme peut apprendre de Dieu à être père : autorité, donation, omniprésence, omniscience, sagesse, sainteté, miséricorde et pardon, etc.    

Autorité : cette parole désigne le fondateur, le père, ou l’ancêtre, dans le sens de celui qui donne l’existence à un autre en accroissant son bien-être et sa prospérité. C’est quelque chose de très positif. Comme un père bon ne se contente pas de donner la vie à son fils mais en soutien la croissance avec son amour.

Donation : Saint Hilare disait : « Le Père de Jésus-Christ donne tout ce qu’il est ». Nous pouvons voir ce mystère reflété dans le don des parents à leurs enfants : leur propre temps, leur propre énergie, leurs propres biens, leur propre attention, leurs propres soins. Mais en réalité, ils se donnent eux-mêmes autant qu’ils le peuvent.

Abba : littéralement, Abba est traduit par « papa ». C’est l’expression qu’utilise un enfant lorsqu’il s’adresse à son père ; elle peut être utilisé par un fils déjà grand, en signe d’intimité et de respect. Les juifs de Palestine avaient une telle conscience de la transcendance de Dieu qu’ils n’osaient pas s’adresser à lui en l’invoquant comme Pare, comme Papa. Mais le Dieu de Jésus-Christ est un Dieu provident et donc transcendent et en même temps proche de chacun de nous. Jésus avait incontestablement une relation unique, très intime, avec celui qu’il appelait « Papa ». Voilà le modèle de toute paternité.  

Pardon et amour : « Je ne suis pas venu pour appeler les justes, mais les pêcheurs ». Naturellement, par ces mots, Jésus ne fait que manifester l’attitude d’amour qui caractérise son Père. S’adressant aux disciples, Jésus décrit le comportement du Père face aux pêcheurs non pas simplement en termes d’une juste correction, toujours nécessaire, mais en termes de patience et d’amour.

Père de miséricorde : « Se montrer miséricordieux est regardé comme le propre de Dieu, et c’est par là surtout que se manifeste sa toute-puissance ». (St Thomas II, II q.30, a. 4 c.) Si un bon père veut montrer son autorité devant ses enfants, il faut qu’il soit d’abord miséricordieux. Le pardon et la miséricorde sont en réalité un acte suprême de la toute-puissance de Dieu. Ils devient alors par analogie, un acte réel de l’autorité d’un père. Les mots qui expriment le riche contenue de la miséricorde : compassion, piété, clémence, charité, pardon, indulgence, bienveillance, bénignité, douceur.  

Père vigilant et omniprésent : « L’œil du Seigneur veille sur qui le craint » chante le psaume 33. L’image de l’œil vigilant, symbole de l’omniscience, de la vigilance et de la protection omniprésente de Dieu, devient l’expression de sa bonté et de sa miséricorde. Un bon père ne peut pas oublier ou ne pas s’intéresser pour ces enfants.

Une mère console son fils : Particulièrement je suis toujours touché par cette idée. Pour le prophète Isaïe, Dieu est plus indulgent et plus compréhensif que nos propres mères terrestres : « Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit, cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ? Même s’il s’en trouvait une pour l’oublier, moi, je ne t’oublierai jamais » (Is 49,15). Dieu donc déploie une véritable délicatesse maternelle à l’égard de ses propres fils dans la peine, et il les console.

Même si l’on parle de Dieu Père, le prophète emploie les images typiques d’une mère prévenante : elle leur enseigne à marcher en les tenant par la main, les soulève pour pouvoir les embrasser sur la joue, se penche pour leur donner à manger.

Dans la Bible, on applique à Dieu les termes rahamim (viscères) et rahum (miséricordieux) qui sont apparentés à réhem qui signifie « sein maternel », pour indiquer le lieu de l’attention, de la défense et de la croissance de la vie dès ses premiers instants. Ces termes mettent presque en avant l’aspect physique de la miséricorde de Dieu, qui est un « amour profond », un sentiment intense, spontané, intime, fait de tendresse, de compréhension, de compassion, d’indulgence et de pardon, qui unit la mère à ses propres fils.

Chers jeunes, voilà donc les caractéristiques et les sentiments qui doivent accompagner toute vrai paternité. Un bon père sur la terre est l’imitation de ce Dieu tendre et miséricordieux qui est au cieux.

Notre Seigneur Jésus Christ me donne la grâce d’accomplir mon rôle paternel auprès de vous selon le cœur de son Père très aimé.   

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