Texte pour la réflexion et méditation. Mt 6, 7-13 ; 7, 7-11 :
« En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. Voici donc comment vous devez prier: Notre Père qui est aux cieux! Que ton nom soit sanctifié; que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien; pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; ne nous soumets pas en tentation, mais délivre-nous du mal. (…)
Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe. Lequel de vous donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain? Ou, s'il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ».
Première vérité : l’homme mature est un homme de prière : la prière sérieuse manifeste la maturité de l’homme, ou bien le fait mûrir.
Notre façon de prier nous dévoile la maturité de notre relation avec Dieu. En analysant notre prière peut être nous découvrirons que nous sommes encore des immatures : par exemple… une prière exclusivement sentimentale et extérieure, une réduction de la prière à des formules mécaniques… une recherche de consolation ou de solution magique… une incohérence entre ce que nous disons dans la prière et ce que nous vivons concrètement. Pour beaucoup de chrétiens, y compris de religieux, la prière est quelque chose de vide, ou bien un moment où l’on réfléchit sur Dieu, mais jamais un acte par lequel je parle avec Dieu et j’écoute Dieu.
Selon le récit du Notre Père, la vraie prière d’un homme mature, a 6 caractéristiques :
Elle est confiante.Avons-nous confiance en la valeur de notre prière ?«Car, je vous le dis en vérité, si vous avez de la foi gros comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne: Déplace-toi d’ici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible» (Mt 17, 20). La confiance est signe de maturité. L’immature par contre doute et se méfie constamment.
Elle est déterminée. Est une activité de l’âme qui se réalise avec détermination, décision et fermeté. C’est un acte de la volonté qui exige de vaincre la paresse spirituelle qui a peur de toute activité spirituelle exigeante. Qui veut prier sans aucun effort, ne prie pas… dort.
Elle est constante. «Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira». Cet enseignement de Jésus se traduit, selon les verbes utilisés par Jésus, comme une activité qui se fait continuellement… «Continuité à demander, continuité à chercher, continuité à appeler». En effet, la personne immature se décourage très facilement lorsqu’elle ne voit pas exaucer ses demandes lorsqu’elle demande, ou quand Dieu ne lui répond pas immédiatement. Réfléchissons. Combien de temps a prié Sainte Monique afin de convertir son fils Saint Augustin ? 30 ans!!! Combien de temps Dieu a fait prier Abraham afin de lui donner un enfant ? 25 ans!!!
En plus, il est nécessaire de prier constamment, parce que dans le développement harmonieux de la vie de l’homme, découvrir que la vie humaine est un dialogue permanent avec notre Dieu et Père, joue un rôle fondamental. L’homme est un immature quand il est « muet » en son intérieur, incapable de parler avec Dieu, et quand il est « sourd » intérieurement pour écouter les réponses existentielles que seulement Dieu peut nous donner.
Elle n’est pas bavarde.«Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’on parlant beaucoup ils se feront mieux écouter»(Mt 6, 7). Jésus nous apprend que la prière ne consiste pas en une multiplication de paroles. L’immature peut être un homme de bonne rhétorique, de phrases logiques, de paroles séduisantes, mais il est vide de toute parole intérieure. Il suffit pour prier de prononcer une seule parole, celle du cœur regardant Dieu dans un acte d’adoration.
Elle est filiale. La base de cette confiance est la conviction de se savoir en relation avec notre « Père ». Toute vraie prière est une relation personnelle avec Dieu qui est notre Père. Peut-il, donc, étant notre Père, boucher ses oreilles et ne pas nous écouter ?
Elle est ordonnée. Nous le voyons dans la structure du notre Père. Nous ne pouvons pas altérer son ordre.
En effet, le nôtre Père nous apprend quels sont les désirs de l'homme mature et l'ordre de ses espoirs. Il n'y a rien de superflu dans l'homme équilibré.
Quelles sont ses préoccupations, ses inquiétudes ?
Tout d'abord Dieu lui-même. Il se préoccupe des affaires de Dieu ; seulement après cela il va s'occuper des affaires de l'homme. L’immature, par contre, met ses objectifs et ses désirs à la place de Dieu et des affaires de Dieu. L'homme mature de quoi se préoccupe-t-il ? De la gloire de Dieu. De la primauté de Dieu sur toutes les choses (son royaume). De la volonté de Dieu (cela veut dire, le projet de Dieu et spécialement le projet de Dieu sur lui-même). Voilà les trois premières demandes du notre Père.
Après cela, vient le nécessaire pour l'homme, synthétisé dans un seul mot : « notre pain quotidien » qui résume tout ce dont notre corps et notre âme ont besoin. L'homme mature n'est pas anxieux ou méfiant, pour cela il ne spécifie pas ce dont il a besoin quotidiennement. Il demande tout simplement le « pain » ; cela veut dire, « ce dont, tu sais Seigneur, j'aurais besoin aujourd'hui ». « Tu sais » : c’est un grand acte de confiance en la paternité divine… Comme le dit le Seigneur : « Quel est parmi vous l'homme auquel son fils demandera du pain, et qui lui remettra une pierre ? Ou encore, s'il lui demande un poisson, lui remettra-t-il un serpent ? Si donc vous, qui êtes mouvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui l'en prient ! (Mc, 7, 7-27).
Ensuite, il demande l’harmonie – la réconciliation- avec Dieu ; et l'homme mature sait que le pardon qu’il demande pour lui-même, il doit le donner lui-même aux autres. Il faut être un immature pour espérer que Dieu lui accorde son pardon alors qu'il est cruel ou dur avec les autres.
Finalement on demande la libération du mal, ou la protection afin de ne pas accepter la tentation, ou encore la libération des conséquences du péché, du pouvoir du Mauvais, du Satan. L'homme mature sait qu'il ne peut pas échapper à la tentation, que cela fait partie de son combat quotidien, c’est pourquoi il ne demande pas de ne pas avoir des tentations, mais de ne pas y succomber.
Nous découvrons très facilement les personnes immatures dans les priorités de leurs désirs ou des absences dans leurs demandes. Souvent l'immature a comme centre de ses inquiétudes le « pain », le besoin quotidien ; ou parfois il arrive à demander pardon, sans se disposer lui-même à pardonner du fond du cœur aux autres (l'expression du cœur veut dire sans rien exiger en échange. C'est comme ça que nous espérons que Dieu nous pardonne) ; ou bien il demande d’être libéré complètement de la tentation, ce qui est le signe évident de son ignorance de la réalité humaine et du plan de Dieu. Mais surtout l’immaturité se révèle par la place secondaire que Dieu occupe dans ses pensées et dans son cœur.
[1] R.P. Miguel Fuentes, « La madurez segùn Jesucristo; el hombre a la luz del sermon de la montaña» de la collection Virtus n. 13. Traduction et adaptation faite par le R.P. Silvio Moreno, IVE