LA FIGURE EUCHARISTIQUE DE L'AGNEAU

LA FIGURE EUCHARISTIQUE DE L'AGNEAU

Meditation de Jeudi Saint

La figure eucharistique de l’Agneau

 

Comme l’a écrit le P. Delattre, l’Agneau fut dès l’origine et restera le symbole chrétien par excellence. Il est l’image la plus parfaite du sauveur.

Dans la symbolique chrétienne, nous retrouvons l’agneau dans :

-       L’Agneau de Dieu que l’on retrouve dans l’Evangile selon Jean désigne Jésus,

-       L’Agnus Dei comme un chant religieux,  

-       L’agneau de Pâques ou Agneau pascal qui est l’emblème des corporations de drapiers. On le retrouve aussi en héraldique dans le blason de plusieurs villes en France, comme Grasse ou Rouen.

-       Dans l’iconographie chrétienne, on rencontre souvent l’agneau couché sur le livre aux sept sceaux : cette figure, tirée de l’Apocalypse, orne presque tous les autels, tant en peinture qu’en relief. On place souvent entre les pattes de l’agneau la croix de la Résurrection. On représente également parfois l’agneau debout au-dessus d’un rocher, d’où s’échappent les quatre fleuves du Paradis, symboles des quatre Evangélistes.  

-       Toujours dans l’iconographie chrétienne, l’agneau est le symbole du Christ dont il évoque le sacrifice. C’est également l’attribut de Jean-Baptiste, de Sainte Agnès, Sainte Reine ou encore de Sainte Geneviève.

-       Dans les représentations d’Adam et Eve après la chute, la présence d’un agneau rappelle que le péché originel a été racheté par Jésus-Christ, l’Agneau de Dieu.

-       Les illustrations du sacrifice d’Abel le montrent parfois portant un agneau sur ses épaules.

Entre toutes ces images je voudrais en remarquer une trouvée à Carthage, sur des petites lampes chrétiennes : l’Agneau porte sur le dos une petite croix et retourne la tête pour la regarder…Cet ’usage de représenter l’agneau portant la croix semble particulier à l’Afrique. Les chrétiens de Carthage et de la Tunisie y voyaient leur foi représentée : « Cet Agneau, écrit le P. Delattre, qui porte sa croix représente l’agneau pascal, il représente aussi la victime divine, cette chaire qu’avant sa passion, Jésus, dans son dernier repas, a donné à ses apôtres, à son Eglise, pour être jusqu’à la fin des siècles la nourriture de ses élus ».     

1. L’Agneau symbole de nourriture et de libération

 

Exode : « Le dixième jour de ce mois, qu’on se procure un agneau par famille… Ce sera une bête sans défaut… Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour de ce mois : alors toute l’assemblée d’Israël l’immolera au crépuscule… On prendra de son sang et on en mettra sur les deux montants et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera. Cette nuit-là, on en mangera la chair rôtie au feu, avec des pains sans levain… (Ex 12, 3-11)  

Il est le symbole eucharistique plus évident de Notre Seigneur : nourriture et libération.

En tant que nourriture, la Prose « Lauda Sion » chante : « Voici le pain des anges fait aliment des voyageurs, vrai pain pour les fils, à ne pas jeter aux chiens. D'avance il est signifié en figures, …lorsque l'agneau pascal est sacrifié… Bon Pasteur, vrai pain, Jésus, aie pitié de nous ! Toi, nourris-nous, défends-nous ! Fais-nous voir nos biens dans la terre des vivants. Toi qui sais et peux tout, qui nous nourris ici-bas mortels, rends-nous là-haut les commensaux, cohéritiers et compagnons de la cité des saints…».

En tant que libération, c’est Saint Pierre à nous l’indiquer : « Conduisez-vous avec crainte durant le temps de votre séjour sur la terre, sachant que ce n’est point par des choses périssables, argent ou or, que vous avez été rachetés… mais par le sang précieux de l’Agneau sans défaut et sans tache, celui du Christ… » (1 Pr. 1, 17-19)

2.      L’Agneau symbole du sacrifice

Si le sacrifice d’Abraham était la figure du sacrifice de la Croix, Isaac représentait le sauver, comme nous le chantons dans la prose « Lauda Sion » : « D'avance il est signifié en figures, lorsqu'Isaac est immolé… ». Mais Saint Augustin ajoutera que le bélier qu’Abraham sacrifia à la place de son cher fils fut aussi l’image de Jésus crucifié.

Lorsque Jean-Baptiste s’écrie en voyant Jésus : « Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde », il se rattache certainement, au moins en partie, au thème sacrificiel. Jean affirme que la mort du Christ accomplit parfaitement le sacrifice de l’agneau pascal.

Finalement, le christianisme primitif se rattache également, en parlant de Jésus comme d’un agneau, à une autre prophétie de l’Ancien Testament: la mystérieuse page dans laquelle Isaïe annonce un messie souffrant : « Maltraité, il est résigné, il n’a pas ouvert la bouche, comme un agneau qu’on mène à la boucherie, comme une brebis muette aux mains du tondeur » (Is 53, 7). La traduction latine dit : il s’est offert volontairement. Pensons au silence de la victime : Jésus devant le grand prêtre, devant Hérode, devant Pilate.    

3.      Symbole de victoire

« Heureux ceux qui sont appelés au festin des noces de l’Agneau ! ». L'Apocalypse parle de l'adoration de l'Agneau égorgé (Ap 5). Il y a une adoration parce que Jésus est Dieu. L'Agneau est égorgé, parce que Jésus a souffert la passion et la mort. « Digne est l'Agneau égorgé de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la louange». Et toute créature, dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et sur la mer, l'univers entier, je l'entendis s'écrier: « A Celui qui siège sur le trône, ainsi qu'à l'Agneau, la louange, l'honneur, la gloire et la puissance dans les siècles des siècles! » Et les quatre Vivants disaient: « Amen!» ; et les Vieillards se prosternèrent pour adorer. (Apocalypse 5, 12-14).  

 

P. Silvio Moreno, IVE

Jeudi Saint 2015

Jour de l’Agneau immolé

 

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