Introduction
Nous voulons commencer ces pages par un thème très délicat et malheureusement très répandu chez les chrétiens catholiques et chez les protestants (ou réveillés) : la superstition, la magie et la spiritualité sensible[1]. Notre but dans ce chapitre, est de dénoncer le phénomène de la magie; et aussi d’examiner brièvement le danger d’une ingérence de la pensée magique dans le comportement des chrétiens, c’est-à-dire les reflets qu’elle peut avoir sur la vie et la pratique liturgique des fidèles chrétiens.
Les magies dans le monde
Dans l’action pastorale nous constatons, assez souvent, chez les jeunes en particulier, un mélange de sentiments religieux et magiques devant certaines situations, problèmes de la vie, qui devient malheureusement principes d’action. Pour cela avant tout il faut savoir faire une distinction objective entre « religion » et « magie ». Les évêques de la Toscane disent à propos : « La distinction découle de la manière diverse dont les deux expériences se rapportent à ce qui est transcendant:
- La religion fait une référence directe à Dieu et à son action, de sorte qu'il n'existe pas et ne peut pas exister d'expérience religieuse sans cette référence;
- La magie implique une vision du monde qui croit à l'existence de forces occultes qui exercent une influence sur la vie de l'homme et sur lesquelles celui qui exerce la magie (ou l'usager) pense pouvoir exercer un contrôle par l'intermédiaire de pratiques rituelles capables de produire automatiquement des effets; le recours à la divinité - quand il existe - est purement fonctionnel, subordonné à ces forces et aux effets voulus »[2].
Le phénomène de la magie se présente sous des formes variées :
Il y a magie imitative, selon laquelle le semblable produit le semblable: verser de l'eau par terre amènera la pluie, transpercer les yeux d'une poupée rendra aveugle ou fera mourir la personne qu'elle représente.
Il y a la magie contagieuse, pour laquelle ce qui est contigu agit sur le contigu ou une partie sur le tout, au point qu'il suffit de mettre en contact deux réalités, animées ou inanimées, pour qu'une force bénéfique ou maléfique se transmette de l'une à l'autre: ainsi, « toucher du fer » ou « jeter du sel » éloignera les influences négatives ou les sorts à cause de vertus spéciales que renferment ces éléments.
Enfin, il y a une magie incantatoire, qui attribue un pouvoir particulier à des formules ou des actions symboliques, que l'on croit capables de produire les effets évoqués ou indiqués par ces formules.
Pour cela sous quelque forme que la magie s'exprime, elle représente un phénomène qui n'a rien à voir - sur le plan objectif, - avec le sens authentique de la religion et le culte de Dieu. Au contraire, elle est son ennemie et son antagoniste. Cela nous pouvons le constater surtout en décrivant les diverses opinions sur l’origine de la magie: « certains en identifient la source dans une autosuggestion ou une « névrose obsessionnelle » de l'individu ou de la société. D'autres l'expliquent comme une réaction de défense contre - ou une détérioration de - l'idée de Providence divine. Certains, allant au-delà, voient dans la magie l'expression d'une volonté de puissance de l'homme, orientée vers la réalisation de son rêve archétype: être Dieu »[3].
En conclusion nous comprenons bien que quelle que soit l’explication dont on part, par la croyance magique se manifeste une sorte de répétition de la plus terrible tentation qui a été à la racine du premier péché. En effet, la magie remplace Dieu par des créatures et représente une reprise de cette tentation diabolique à laquelle Jésus lui-même a voulu se soumettre, en remportant la victoire: « Le démon lui dit: ''Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes... Si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela''. Jésus lui répondit: ''Il est écrit: tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, car c'est lui seul que tu adoreras'' » (Lc 4, 6-8).
La Magie « blanche et magie « noire »
Malgré l’opposition parfois de la part d’exorcistes de ne pas faire une distinction entre magie blanche et noire, je considère très claire l’explication fournie par la note Magie et démonologie des évêques de la Toscane sur la double différence de la magie blanche et entre celle-là et la magie noire. Je cite en complet le n.8 de ladite déclaration :
«On distingue traditionnellement la magie « blanche » et la magie « noire ». Cette distinction a un sens, spécialement quant au niveau différent de responsabilité morale auquel elle renvoie. L'expression magie « blanche » peut être rapportée à deux pratiques très diverses. On peut entendre par là l'art de réaliser des prodiges par des moyens naturels; en ce sens, elle équivaut aux jeux de prestige ou aux phénomènes d'illusionnisme. Il est évident qu'un tel art, pourvu qu'il n'emploie pas des moyens illicites et ne vise pas des fins malhonnêtes, est de soi inoffensif et légitime. Ce n'est pas à lui que nous faisons allusion dans cette Note. Mais il en va tout autrement si, par magie « blanche », on entend des formes d'intervention qui prétendent viser des buts, soit bénéfiques comme le rétablissement d'un rapport d'amour, la guérison d'une maladie, la résolution de problèmes économiques, etc., mais en recourant à l'usage de moyens inadéquats comme des talismans et des amulettes, des porte-bonheur et des philtres, des croyances en des liens existant entre le tirage des cartes, et des personnes ou des événements, ou bien par le recours à des pratiques médicales centrées sur les arts occultes ou des pouvoirs « supra-humains ». Il est clair qu'en ce cas entrent en jeu aussi bien des formes de superstition que des escroqueries et des comportements trompeurs, contraires à la nature même de la foi et donc illicites et inacceptables, quand ils ne sont pas également dangereux pour l'intégrité psycho-physique elle-même et la vie morale de ceux qui en sont les victimes.
Encore plus grave est la magie « noire ». D'une manière directe ou indirecte, elle en appelle à des pouvoirs diaboliques, ou, de toute façon, elle prétend agir sous leur influence. En règle générale, la magie « noire » poursuit des buts maléfiques (procurer des maladies, des malheurs, la mort) ou influencer le cours des événements dans son intérêt propre, spécialement pour en tirer des avantages personnels comme des honneurs, des richesses ou des choses semblables. On l'appelle magie « noire » à cause des méthodes auxquelles elle recourt et des fins qu'elle poursuit. Cette forme de magie est une véritable expression d'anti-culte, qui vise à ce que ses adeptes deviennent des « serviteurs de Satan ». Elle comprend tous ces rites ésotériques, sur fond satanique, qui ont leur point d'orgue avec ce que l'on appelle les messes noires. De fait, une telle forme de magie ne s'explique pas sans une « influence du père du mensonge » (Jn 8, 44) qui, comme l'enseigne l'Écriture, tente de toutes les manières de faire dévier l'homme de la vérité et de le conduire à l'erreur et au mal (cf. 1 P 5, 8), malgré la défaite qu'il a subie avec la venue en ce monde du Fils de Dieu (cf. Lc 10, 18) et le triomphe glorieux de sa résurrection (cf. Ph 2, 9) ».
La superstition
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique dit: «La superstition est la déviation du sentiment religieux et des pratiques qu’il impose. Elle peut affecter aussi le culte que nous rendons au vrai Dieu, par exemple, lorsqu’on attribue une importance en quelque sorte magique à certaines pratiques, par ailleurs légitimes ou nécessaires. Attacher à la seule matérialité des prières ou des signes sacramentels leur efficacité, en dehors de dispositions intérieures qu’ils exigent, c’est tomber dans la superstition » (cf. Mt 23, 16-22)[4]. Saint Thomas d’Aquin[5] va nous expliquer que la superstition est un péché contre la vertu de la religion. En effet, la religion est une vertu morale et la vertu morale s'établit dans le juste milieu. Le vice (le contraire, le péché) peut donc doublement s'y opposer: par excès et par défaut. Or, on peut outrepasser la mesure vertueuse par excès (par rapport au juste milieu), si l'on fait quelque chose pour qui on ne le doit pas, quand il ne le faut pas, ou avec quelque autre abus dans les circonstances de l'acte. Ainsi donc la superstition est un vice qui s'oppose à la religion par excès; non que l'on rende à Dieu plus d'hommage que ne fait la vraie religion, mais par le fait qu'on rend le culte divin à qui on ne le doit pas, ou d'une manière inconvenante[6].
Voyons ensembles quelques exemples aussi de la déviation protestante afin d’avoir une idée concrète de la superstition. Dans ces cas, la définition que nous avons donnée plus haut s’applique parfaitement:
1- Les musiques religieuses chassent les démons: «Un jour, j'étais avec un membre de mon ancienne église, un des responsables des jeunes, chez une amie. Nous étions venus chez elle pour prier avec elle, car elle avait l'impression d'être tourmentée par des esprits, elle faisait très régulièrement des cauchemars bizarres, sentait comme des présences dans sa maison pendant la nuit. Nous sommes donc allés prier chez elle, et à la fin, le membre de mon ancienne église a dit à mon amie: "La nuit quand tu dors, il faut mettre des musiques de louange. Quand il y a des louanges, les mauvais esprits ne peuvent pas entrer..." ».
2- Il ne réussit pas dans la vie parce que son grand-père était marabout: «C'est une pensée qui est répandue dans les milieux chrétiens protestants, et principalement chez les africains, où on croit beaucoup aux pouvoirs de la malédiction "générationnelle" (une malédiction se transmettant de générations en générations). Parfois donc, vous allez entendre des chrétiens vous expliquer que, si vous ne réussissez pas dans tel ou tel domaine, ou si vous avez des problèmes, c'est probablement parce que vous avez un parent, un ancêtre, qui était frappé d'une malédiction spirituelle (soit il avait fait de mauvaises choses, soit il avait lui-même reçu des malédictions, etc...)». Cela n’est pas toujours vrai, c’est pourquoi il exige forcément un discernement avec l’autorité religieuse.
3-Le "pouvoir" de la parole: «J’ai entendu un jour dire qu'il était "dangereux spirituellement" d'utiliser des expressions du type "Avec ma nouvelle entreprise, je vais faire un malheur!" Car en disant cela, avec la puissance de la parole, on peut attirer sans le savoir, le malheur sur nous ».
Avec ce type de croyances peut-on vraiment dire qu’il y ait un rapport avec la foi? Si on a la foi et que l’on vive la vie chrétienne comme il le faut, peut-on croire que, à cause d'une expression quelconque qu'on utilise, ou d’une pratique quelconque que l’on réalise (et non pas d'une pensée ou d'une attitude notamment diabolique), on se mette vraiment en danger d'attirer le malheur sur soi? Est-on encore dans le domaine de la foi ou de la superstition?
Il faut toujours savoir faire attention, sans exagérer, à ne voir pas le diable partout. « Nous pouvons avoir tendance, explique le P. Cipriano de Meo, à le rendre responsable de tous nos ennuis mais il ne faut pas oublier que nous avons une nature humaine. Ainsi, on ne peut pas toujours lui imputer nos maux physiques ou nos contretemps de la vie quotidienne. Il ne faut pas voir le diable partout, sinon notre vie devient impossible. Et si nous pensons que le diable est partout, nous n’avons pas alors suffisamment confiance en Dieu, ni en la Vierge Marie et les Saints »[7].
Pourquoi la superstition? «Le besoin, la peur et la soif de Dieu»
Il y a, en effet, dans toute superstition, une manière de se rassurer. Si mon avenir peut être annoncé et assuré par l’horoscope, par la boule de cristal, les lignes de la main, les bougies allumées ou l’encens parfumé, alors ma vie a un sens et je vais peut-être trouver un moyen d’éviter les ennuis et d’être plus heureux. Mon image en plastique ou le porte-bonheur qui pendouille sous mon rétroviseur vont peut-être m’éviter un accident. Peut-être, car au fond, peu de gens y croient complètement. Beaucoup ne «croient» pas aux horoscopes mais les lisent régulièrement. On pense bien que c’est de la fiction, mais on voudrait tellement qu’elle soit vraie.
Le problème, c’est que cette réalité invisible que nous croyons trouver erronément dans les choses matérielles ne fait pas seulement que nous rassurer, elle nous emprisonne et peut aussi nous faire peur. «Je ne vais pas m’engager aujourd’hui dans telle entreprise car le ciel n’est pas favorable». Les augures, les devins ont toujours existé. Toutes les superstitions que nous connaissons sont les résidus nombreux et tenaces d’anciennes religions élémentaires. Nos superstitions sont les restes des croyances magiques qui ont existé sous toutes les latitudes. Comme nous l’avons déjà dit, elles sont malheureusement la déviation du sentiment religieux. Or, si la superstition résiste à toutes les attaques, c’est qu’elle répond à un besoin profond de l’être humain qui aujourd’hui ne met plus sa confiance en Dieu seul. L’homme doit chercher la réponse à son besoin plus profond qu’en Dieu. Rien hors de lui.
Divination et magie
Sur ces sujets le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous enseigne que : «Toutes les formes de divination sont à rejeter:
-Recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort " dévoiler " l’avenir,
-Consultation des horoscopes,
-L’astrologie (prétendre cerner l'avenir libre des hommes dans les astres ou l'ordonnancement des étoiles),
-La chiromancie, (étude de la forme de la main),
-L’interprétation des présages et des sorts,
-Les phénomènes de voyance,
-Le recours aux médiums (édition moderne des anciens nécromanciens).
Parce qu’ils recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l’histoire et finalement sur les hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées. Elles sont en contradiction avec l’honneur et le respect, mêlé de crainte aimante, que nous devons à Dieu seul.
Toutes les pratiques de magie ou de sorcellerie, par lesquelles on prétend domestiquer les puissances occultes pour les mettre à son service et obtenir un pouvoir surnaturel sur le prochain, fût-ce pour lui procurer la santé, sont gravement contraires à la vertu de religion. Ces pratiques sont plus condamnables encore quand elles s’accompagnent d’une intention de nuire à autrui ou qu’elles recourent (ou non) à l’intervention des démons. Le port des amulettes est lui aussi répréhensible. Le spiritisme implique souvent des pratiques divinatoires ou magiques. Aussi l’Église avertit-elle les fidèles de s’en garder. Le recours aux médecines dites traditionnelles ne légitime ni l’invocation des puissances mauvaises, ni l’exploitation de la crédulité d’autrui»[8].
Le sens authentique de la foi n'a pas besoin de telles références. Être disciple du Christ, selon ce que nous décrit l'Évangile et nous enseigne l’Eglise, requiert une rencontre simple et authentique avec Jésus Seigneur et Maître, et a en horreur des formes de recherche de l' « extraordinaire ».
Saint Paul l’avait déjà dit : « Un temps viendra où l'on ne supportera plus l'enseignement solide; mais, au gré de leur caprice, les gens iront chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d'entendre du nouveau » (2 Tm 4, 3-4), et Saint Jean: «Ne croyez pas n'importe quel inspiré, mais examinez les inspirations pour voir si elles viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes se sont répandus dans le monde » (1 Jn 4, 1).
La Prière chrétienne est-elle magique ?
Parfois, nous pouvons risquer de croire que la prière est en quelque sorte magique. Rien de plus erroné. En ce qui concerne la prière, nous ne dirons pas que notre prière est toujours « efficace», bien que ce soit l’Esprit Saint qui la prononce en nous; mais nous pouvons affirmer sans crainte avec Sainte Thérèse d’Avila, qu’elle est toujours «exaucée», c’est-à-dire que Dieu l’entend et y répond. Seulement il se réserve d’éventuellement la «corriger» afin qu’elle concoure à notre bien véritable.
Il y a donc deux différences essentielles entre la formule magique et la prière chrétienne:
– la nature de l’esprit invoqué: l’Esprit Saint dans le cas de la prière; un esprit (diabolique) dans le cas de la magie;
– la nature de la collaboration entre l’homme et l’esprit invoqué: la prière se déroule dans le contexte d’une Alliance; le rituel magique sur l’horizon d’un contrat.
D’où découle une troisième différence:
– la dimension interpersonnelle et le caractère dialogal de la prière; le caractère mécanique de la formule magique[9].
Le danger de la superstition, de la divination et de la magie pour un chrétien catholique: une spiritualité sensible.
Prenons, par rapport à ces sujets, quelques idées des évêques de la Toscane.
Si religion et magie[10] représentent objectivement deux phénomènes distincts comme nous l’avons dit plus haut, ils peuvent parfois subjectivement converger sous certains aspects, et ceci peut se produire dans la vie même des chrétiens lorsqu’ils mènent une vie spirituelle assez sensible (ceux qui veulent « sentir » la présence de Dieu dans leur vie) et attachée aux pratiques purement externes de la foi.
La pensée magique se caractérise par deux attitudes essentielles:
– le sentiment du désir d’obtenir quelque chose que l’on ne possède pas ou le sentiment de la peur qui amène à penser que l’on peut mettre des pouvoirs occultes à son propre service, et
– la nette séparation entre le rite et la vie.
Pour pouvoir répondre à ces demandes, la magie, se basant sur la croyance en des forces mystérieuses en mesure de parvenir au-delà des simples causes physiques naturelles, met en œuvre des rituels auxquels elle attribue une efficacité directe, indépendamment de Dieu et de son action, pour atteindre l’effet attendu ou souhaité par le désir. Il ne tient même pas compte du sujet, son attitude éthique et ses opinions existentielles. Alors que chez les catholiques le rite est étroitement lié au comportement chrétien. Son efficacité dépend de la disposition de celui qui pratique le rite.
Il est évident que la signification authentique de la religion et, surtout, la notion chrétienne de liturgie n’ont rien à voir avec ces composantes de la pensée magique. Malgré cela à cause d’une malformation de notre vie spirituelle, subjectivement, on peut créer des superpositions. Précisément, disent les évêques catholiques de Toscane, parce que l’origine de la magie et de la superstition ne se trouve pas dans la raison mais dans «le sentiment», on peut rencontrer chez le chrétien aussi une dissociation du même type:
– par la raison, il est conscient de poser des actes chrétiens dans lesquels il sait que Dieu et sa grâce sont présents, mais,
– sur le plan du sentiment, ce qui fonctionne dans son cœur peut être une attitude de type magique, liée seulement au désir d’obtenir quelque chose ou d’échapper à une force impersonnelle dont il a peur.
Des considérations analogues valent aussi pour la conception du geste sacramentel quand il est compris d’une manière automatique et «standardisé», en dehors d’une conception correcte de Dieu et du sacrement lui-même, ou quand il est séparé des dispositions de foi et de la réponse de vie qu’il exige de la part du chrétien.
Les conseils de l’Eglise
Considérer que la grâce du Christ à travers le rite sacramentel, les objets bénis, les images des saints, la parole du prêtre, etc. est à l’œuvre, exige l’implication personnelle du croyant et l’adéquation de la vie à ce que l’on proclame par l’acte de célébration et que l’on reçoit comme un don de Dieu.
Savoir redécouvrir toujours le sens authentique du «rite» de l’Église par rapport à une véritable maturité de la foi et une correspondance réelle entre ce que l’on croit, ce que l’on célèbre et ce que l’on vit. En effet, il y a un rapport inséparable entre la foi, le culte et l’existence chrétienne.
Eviter de tenter Dieu. L’Eglise nous enseigne que l’action de tenter Dieu consiste en une mise à l’épreuve, en parole ou en acte, de sa bonté et de sa toute-puissance. C’est ainsi que Satan voulait obtenir de Jésus qu’il se jette du Temple et force Dieu, par ce geste, à agir. Jésus lui oppose la parole de Dieu : «Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu ». Le défi que contient pareille tentation de Dieu blesse le respect et la confiance que nous devons à notre Créateur et Seigneur. Il inclut toujours un doute concernant son amour, sa providence et sa puissance[11].
Se confier à la divine Providence aveuglement: Dieu peut révéler l’avenir à ses prophètes ou à d’autres saints, c’est vrai. Cependant l’attitude chrétienne juste consiste à s’en remettre avec confiance entre les mains de la Providence pour ce qui concerne le futur de nos vies et à abandonner toute curiosité malsaine à ce propos.
Par rapport à cela, Boèce dans le De consolatione philosophiae, qu'il rédigea en prison pour donner un sens à sa détention injuste, dit avoir su distinguer, précisément en prison, entre les biens apparents - en prison ceux-ci disparaissent - et les vrais biens. Le bien le plus élevé est Dieu: Boèce apprit - et il nous l'enseigne - à ne pas tomber dans le fatalisme, qui éteint l'espérance. Il nous enseigne que ce n'est pas le destin qui gouverne, mais la Providence et que celle-ci a un visage. On peut parler avec la Providence, car Dieu est la Providence. Ainsi, même en prison il lui reste la possibilité de la prière, du dialogue avec Celui qui nous sauve[12].
Soyons sûr que, la Providence Divine, personne ne peut l’arrêter, et celui qui se lie à cette Toute-Puissance Divine en acte, par une vie de foi, vivifiée par la prière d’abandon au Père, dans l’obéissance à la Parole de Jésus et à son Eglise, en évitant tout ce qui déforme la confiance totale en Dieu, expérimente dans sa propre vie, dans son histoire personnelle, que Dieu est vraiment Tout-Puissant, que Lui seul peut transformer le mal en un bien plus grand, comme il le fait, de fait, toujours de nouveau.
Quelles sont les solutions pour les personnes qui se disent victimes de la magie et autres maléfices ?
« Les solutions sont toujours les mêmes, réponds le Père Cipriano de Meo, la prière et le recours à un Prêtre. Et, bien sûr, il ne faut pas croire à la sorcellerie, à la magie, à l’occulte, sous quelque forme que ce soit. La magie n’a qu’une seule couleur : elle est noire. La magie que l’on appelle “blanche ” et soi-disant bénéfique, n’est qu’un leurre. Tout cela, comme d’ailleurs les sectes, est l’œuvre du démon. Pour éviter d’être manipulé par la magie, il faudrait ne jamais s’en approcher. Dans tous les cas, il ne faut pas croire à ces “ mages ”, ni à ce qu’ils vous promettent. Parfois, certains d’entre eux se disent exorcistes. Vous courez un grand danger si vous les suivez alors. Seul un Prêtre exorciste officiel, qui a reçu l’approbation de son autorité, est habilité à effectuer des exorcismes, uniquement dans son diocèse. Faites également attention aux personnes qui imposent les mains, notamment lors de réunions de prières. Les personnes qui imposent les mains pensent avoir des dons spéciaux. Restez prudents. Le malin se sert des faux prophètes qui séduisent par leurs “beaux messages” et s’infiltre souvent lors de l’imposition des mains. Concernant les messagers actuels, de très nombreux sont mauvais, c’est pourquoi il faut être très vigilant et ne pas se laisser séduire par la beauté au sens large ou des prophéties individuelles qui ne sont que des oracles. Attention![13]
[1] La fermeté de l'Eglise à l'égard de la superstition s'explique déjà par la sévérité de la Loi mosaïque, quand bien même celle-ci n'était pas formellement motivée par les attaches de cette superstition avec les démons. C'est ainsi que Ex 22, 17 condamnait à mort la sorcière sans explication. Lv 19, 26 et 31 interdisait la magie, l'astrologie, la nécromancie et la divination; Lv 20, 27 y ajoutait l'évocation des esprits. Dt 18, 10 résumait, en proscrivant' devins, astrologues, magiciens, sorciers, enchanteurs, évocateurs de spectres et d'esprit, consulteurs des morts. En Europe le haut Moyen-âge conserva un grand nombre de superstitions païennes, comme en témoignent les sermons de Saint Césaire d'Arles et de Saint Eloi, le « De correctione rusticorum » de Martin de Braga, les index contemporains de superstitions (cf. P.L., 89) et les pénitentiels. Le ler Concile de Tolède (Denz.-Sch., n. 205), puis celui de Braga (Denz-Sch., n. 459) condamnèrent l'astrologie. De même la lettre du Pape saint Léon le grand à Turibius d'Astorga (Denz.-Sch., n. 283). La Règle IXe du Concile de Trente interdit les ouvrages de chiromancie, de nécromancie, etc. (Denz.-Sch., n. 1859). La magie et la sorcellerie motivèrent à elles seules un grand nombre du Bulles pontificales (Innocent VIII, Léon X, Adrien VI, Grégoire XV, Urbain VIII) et bien des décisions de synodes régionaux. Sur le magnétisme et le spiritisme on retiendra surtout la lettre du Saint-Office du 4 août 1856 (Denz.-Sch., un. 2823-2825).
[2] Cf. Lettre pastorale : Magie et démonologie, DC 2104(1994)988-998. Conférence des évêques de Toscane, n.6.
[3] Cf. Lettre pastorale : Magie et démonologie, DC 2104(1994)988-998. Conférence des évêques de Toscane, n.6.
[4] Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, n. 2111 : la superstition.
[5] Saint Thomas d'Aquin (1225 – 1274) est un religieux de l'ordre dominicain, célèbre pour son œuvre théologique et philosophique. Considéré comme l'un des principaux maîtres de la théologie catholique, il a été canonisé en 1323, puis proclamé docteur de l’Eglise en 1567 et patron des universités, écoles et académies catholiques, par Léon XIII en 1880. Il est aussi qualifié du titre de « Docteur angélique ». En 1879, le pape Léon XIII, dans son encyclique Aeterni Patris, a déclaré que les écrits de Thomas d'Aquin exprimaient adéquatement la doctrine de l'Église. Le Concile Vatican II (décret Optatam Totius sur la formation des prêtres, no 16) propose l'interprétation authentique de l'enseignement des papes sur le thomisme en demandant que la formation théologique des prêtres se fasse « avec Thomas d'Aquin pour maître ». Au long de ce travail je ferai référence à la doctrine de ce grand saint de l’Eglise Catholique.
[6] Cf. S.Th, II-II, q. 92, 1.
[7] Cf. Entretien avec le P. Cipriano de Meo, doyen des prêtres exorcistes du monde, dans le journal l’Appel du Ciel, numéro 13, juin 2009, p. 15-18.
[8] Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, nn. 2115 – 2116 – 2117. Divination et magie.
[9] Cf. P. Joseph-Marie Verlinde, Magie et Sacrement, en www.final-age.net
[10] Cf. Lettre pastorale : Magie et démonologie, DC 2104(1994)988-998. Conférence des évêques de Toscane.
[11] Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, n. 2119.
[12] Cf. Benoit XVI, Audience générale sur Boèce et Cassiodore, mercredi 12 mars 2008.
[13] Cf. Entretien avec le P. Cipriano de Meo, doyen des prêtres exorcistes du monde, dans le journal l’Appel du Ciel, numéro 14, juillet 2009, p. 18.