La moralité du 6ème et 9ème commandement
Peut-être serez-vous surpris par les pages qui vont suivre, et pourtant elles sont vraiment nécessaires pour bien former une bonne conscience chrétienne. Puisque le Démon peut nous tromper très facilement dans ce domaine, il faut que nous connaissions aussi ce qui peut nous éloigner de Dieu dans le domaine de la sexualité. Donc permettez-moi d’être clair avec vous et de vous parler en toute franchise. Mais nous affrontons ce sujet en toute sérénité et avec la certitude que la grâce de Dieu ne nous manquera jamais si nous faisons ce qu’il faut, et que la miséricorde de Dieu est toujours prête à nous pardonner si nous nous relevons après la chute et continuons à marcher avec un cœur converti.
Depuis le Péché originel en lequel tous les humains sont marqués, parce que ‘récapitulés’ en Adam et Eve, l’équilibre humain est souvent rompu. L’âme est alors contrariée et ravalée à l’état d’esclavage par le corps qui veut être le maitre, avoir ses aises et obtenir son plaisir.
C’est donc un devoir pour l’être humain de réagir contre ces dérèglements ; car la vie est faite pour monter, et non pour descendre. L’âme doit commander, et le corps obéir. En ce domaine des passions notamment celles qui sont propres à la procréation et à l’épanouissement des époux, on arrive à corriger cette attitude désordonnée par la vertu de la chasteté.
Les 6ème et 9ème commandements de Dieu interdisent les plaisirs charnels relatifs à la chair en dehors de l’état de mariage légitime et valide. Ils déclarent illégitimes ces plaisirs ; c’est-à-dire gravement en dehors du mariage. Tout ce qui conduit à ces actes coupables réalise ce qu’on appelle l’impureté.
En conséquence on pèche contre ces deux commandements :
L’impureté est en soi, objectivement parlant et généralement un péché grave[1]. En effet :
Elle est contraire à l’ordre établi par Dieu. Car Dieu n’a établi naturellement certains plaisirs humains que pour amener les hommes à un but voulu par lui et bon pour l’avenir du genre humain : la procréation, et l’expression de l’affection mutuelle des époux.
Elle souille l’âme et le corps. L’homme et la femme ont été créés à l’image de Dieu. Or l’impureté, dans son désordre, porte atteinte à la rectitude morale établie par Dieu ; tandis qu’elle utilise le corps pour des actes qui ne sont réservés qu’aux époux légitimes et dans un contexte particulier, celui de la famille, et dans des buts bien déterminés.
Elle est la cause de grands maux: - Elle obscurcit l’intelligence de l’impur en lui faisant perdre le gout de la prière, des sacrements et des biens spirituels : « l’homme animal ne perçoit pas ce qui vient de l’esprit de Dieu » dit Saint Paul en sa 1er épitre aux chrétiens de Corinthe. - Elle diminue l’efficacité de sa volonté qui s’énerve et se dévitalise par suite du renouvèlement des mauvaises habitudes. - Elle blesse le cœur qui s’endurcit et devient ainsi moins sensible au véritable amour. - Elle amoindrit la volonté qu’elle rend esclave de la véritable drogue qu’est l’impureté en ses mauvais penchants, c’est-à-dire elle peut créer une addiction sexuelle.
Elle est un poison moral pour la famille et pour la société. Elle engendre, en effet très souvent, le grand désordre de la division, de la haine, de la calomnie, et est cause de la multiplication des divorces. Il faut savoir que les terribles difficultés auxquelles sont confrontées les familles sont dues au problème de l’éducation morale et sexuelle des époux et des enfants. L’impureté porte aussi atteinte à la société qu’elle pourrit plus ou moins par l’exemple déplorable et condamnable qu’elle engendre inévitablement.
Elle est aussi un péché grave en relation à la dignité du chrétien. En effet, en qualité d’enfants de Dieu et frères du Christ que nous sommes devenus par le baptême, nous formons une même famille et un même corps mystique. Dès lors, dans une famille, l’impudique est comme un membre gangréné.
Cependant, il ne faut pas voir le mal partout. Mais il reste que le danger s’insinue très fréquemment, d’autant plus en ces dernières décennies; car le Démon est subtil, tenace et déterminé. Il sait très bien ce qui flatte et attire fortement l’humanité déchue. Voilà pourquoi il est bon et même nécessaire d’être, très tôt, bien informé sur toutes ces questions délicates auxquelles peut s’attaquer l’impureté. Afin de leur éviter une information fausse ou mal comprise, ou réalisée dans de mauvaises ou troublantes conditions par des camarades ou éducateurs plus ou moins bien informés, mais mal intentionnés, les jeunes enfants eux-mêmes doivent être informés assez tôt de ces choses. Mais cela devra être fait progressivement, catholiquement, et en famille, afin que la confiance, la pudeur et la sérénité de l’enfant soient protégées, dès l’ouverture de la connaissance à ces questions délicates et souvent fragiles quant à leur intervention dans la vie. Surtout il faudra commencer à les éduquer à une vie de vertu chaste, de donation et d’amour vrai… c’est là l’enjeu de toute bonne éducation.
Les moyens sont : la pensée fréquente de Dieu qui est toujours et partout présent. La confession régulière, et en cas de chute, le recours le plus tôt possible à ce sacrement. La communion avec de bonnes dispositions. La dévotion à la très Sainte Vierge Marie, elle qui a su pratiquer la vertu de la pureté d’une façon parfaite et constante. Et enfin, chose dont on parle très peu à l’époque actuelle, la mortification, par des pénitences que l’on saura s’imposer courageusement. Aussi un bon moyen d’éviter certaines fautes est de pratiquer les vertus opposées. En effet, la recherche du plaisir constitue toujours le but d’un péché, surtout celui des sens. Or c’est en s’imposant son contraire, à savoir le sacrifice humainement déplaisant, que l’on aidera l’apaisement, voire même l’extinction de cet attrait intempestif.
Pour éviter l’impureté et cultiver la chasteté, il est très important de fuir les occasions de péchés. Vous me demanderez quelles sont les occasions de pécher. Et bien je vous donnerai un exemple qui nous aidera à bien comprendre ce que nous voulons dire.
Cet' exemple est tiré de l’expérience de l’abbé Grosjean, déjà cité dans ces pages. C’est une drôle histoire mais tellement réelle.
« - Mon père, je suis heureux, elle vient me voir ce week-end. Elle monte à Paris, de Lyon c’est rapide, on va avoir du temps pour échanger…
- Génial ! Tiens, dis-moi… tu as trouvé une chambre d’hôtel pas trop chère pour elle ?
- Euh… non… à Paris, ça coute trop cher, je suis étudiant, je n’ai pas un sou.
- Elle va loger chez une de tes amies du coup ?
-Euh… ce n’est pas vraiment ce qui est prévu. En fait, elle doit loger chez moi.
- Ah, c’est cool. Tu as une chambre d’ami ?
-Ben non… j’ai juste une chambre d’étudiant, vous savez.
-Du coup, tu vas dormir dans le salon ?
-Ah non, c’est que c’est vraiment qu’une chambre d’étudiant. La taille d’un lit. Le salon c’est dans ma chambre. Comme ma douche et ma cuisine… 10m2, quoi, la taille d’un lit.
-Ah… et tu as prévu de dormir par terre ?
- Euh… sans vous mentir… ce n’était pas trop prévue… Mais… mon Père, qu’est-ce que vous allez imaginer ? Il ne se passera rien, je vous promets !
- Tu te fous de moi ! Tu es fou amoureux d’elle, elle est magnifique et folle amoureuse de toi… vous allez passer deux nuits dans un lit une place, trop petit pour toi… et tu vas me faire croire que vous allez vous contenter de jouer au Monopoly ? Tu me prends pour un c… ou tu es c… ? »[1].
Pas d’explication. Vous êtes intelligents. On dit « à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler ». Il faut donc être sur ses gardes, de nos jours plus que jadis, compte-tenu de ce que les medias offrent de moralement très dangereux. Qu’il s’agisse de ce que l’on peut entendre, voir, dire ou faire, le risque est partout désormais, tant le monde court après le sensationnel et le sensuel. Et que l’on n’attende pas maintes lois exagérément libérales pour se sentir protégé en ce domaine. Tout au contraire hélas !
Conclusion : Toutes les occasion de péchés et d’autres encore qui provoquent des excitations pouvant confiner à des crises nerveuses, voire même conduire à n’importe quelle addiction (alcool, drogues, sexe, etc) ressemblent à des marchandises avariées qui propagent une vraie peste morale. On prend malheureusement l’habitude de se laisser contaminer sans plus soupçonner ni le danger ni le péché. Et il arrive souvent, tant le Démon est subtil et tenace, que le danger s’insinue dès les premières concessions au mal. Les lézardes sont un commencement de la ruine, tout comme les voies d’eau sont un commencement d’inondation. « En fait, écrit l’abbé Grosjean, la naïveté de certains est étonnante. Mais est-ce vraiment de la naïveté ? Je la crois à ce stade un peu coupable. Un vieux prêtre parlait du ‘péché du paillasson’[1]. Au jeune qui venait se confesser d’avoir ‘déraper’ avec sa douce, il lui disait : ‘Ton vrai péché, ce n’est pas d’avoir couché avec elle. C’est de l’avoir fait entrer chez toi, à cette heure-là. De lui avoir fait traverser le paillasson ! C’est à ce moment-là, dans ta tête, que tu bascules. Tu sais comment tout cela risque de finir. Et tu prends le risque… »[2].
Et Saint Jean Bosco : « Mes chers amis, si vous voulez devenir de vrais amis de Jésus-Christ et de Marie, vous devez non seulement fuir les scandaleux, mais aussi vous efforcer de réparer par votre exemple le mal qu’ils ont fait aux âmes. C’est pourquoi, que vos conversations soient bonnes et modestes, soyez pieux à l’église, soyez obéissants et respectueux envers vos supérieurs. Combien d’âmes vous imiteront et avanceront sur le chemin du paradis ! Bien plus, vous serez sûrs de l’obtenir vous-même car, comme dit saint Augustin, celui qui procure le salut d’une âme, peut attendre avec confiance le salut de la sienne ».
[1] Un paillasson est un objet à l'origine de paille tressée, plus récemment en tissu ou en matières plastiques, placé le plus souvent devant la porte d'entrée des logements afin que les personnes y pénétrant puissent y essuyer leurs chaussures.
[2] Cf. Grosjean, Aimer en vérité, p. 97.
[1] Cf. Abbé Grosjean, Aimer en vérité, p. 97.
[1] En précisant qu’il y a, dans le péché d’impureté, matière à péché grave, cela ne signifie pas qu’il y ait toujours les autres éléments constitutifs du péché grave, à savoir : la pleine connaissance et l’entier consentement à cette faute. En effet, le péché mortel n’est pas une brouille superficielle et passagère, mais une brisure profonde et durable, une vraie rébellion vis-à-vis de Dieu ; ce qui suppose de mauvaises dispositions et une franche détermination à la mauvaise action.