DEFENDRE LA FAMILLE CHRETIENNE

DEFENDRE LA FAMILLE CHRETIENNE

La Bataille pour la famille[1]

1. Une attaque globalisée

Chers jeunes, nous sommes réunis à l’occasion de l’ouverture du deuxième synode des évêques qui aura comme thème principale la Famille. Le dernier synode convoqué pour étudier la question de la famille l’a été en 1980 par le Saint pape Jean-Paul II et a conduit à la publication de l’exhortation apostolique « Familiaris Consortio » publiée le 22 novembre 1981.

C’est seulement 35 ans après que l’Eglise doit se reposer la question de la famille et convoquer un synode pour en réfléchir. Pourquoi ? A cause de l’attaque systématique contre le mariage et la famille. C’est pour cela que c’est un problème urgent que nous ne pouvons pas laisser de côté. La famille, en tant qu’institution, en tant que réalité, est partout menacée. Elle est partout attaquée. En Afrique, en Europe, en Amérique, etc.

Et de la réponse qui donneront les pères synodaux, mais aussi de notre réponse personnelle et de notre attitude face à la famille, dépendra en grande mesure l’avenir de la famille, de la société et de la civilisation.

Cette attaque systématique a une caractéristique particulière : c’est sa globalité. C’est une attaque généralisée au niveau mondial, d’où les terribles conséquences qui en découlent: ruine des couples, manque d’éducation des enfants, manque d’ouverture à la vie, ignorance de la réalité du mariage et de la famille et donc peur de fonder un foyer, de vouloir dire oui à vie. De plus cette attaque a lieu à tous les niveaux de la société : politique, législatif, et éducatif.

2. Les forces du mal et leur objectif

On peut se poser la question : qui sont les instigateurs de cette attaque et pourquoi ? Quels sont leurs objectifs ? Il faut l’avouer en toute vérité, les instigateurs de cette bataille ce sont les maçons, la franc-maçonnerie. Cela n’est pas nouveau. Cela a été dénoncé déjà en 1884 par le pape Léon XIII dans son encyclique «Humanun Genum». En parlant des erreurs proclamées par la franc-maçonnerie, le pape disait : « Le mariage n'est qu'une variété de l'espèce des contrats; il peut donc être légitimement dissout à la volonté des contractants. Les chefs du gouvernement ont puissance sur le lien conjugal. Dans l'éducation des enfants, il n'y a rien à leur enseigner méthodiquement, ni à leur prescrire en fait de religion. C'est affaire à chacun d'eux, lorsqu'ils seront en âge, de choisir la religion qui leur plaira. Or, non seulement les francs-maçons adhèrent entièrement à ces principes, mais ils s'appliquent à les faire passer dans les mœurs et dans les institutions. Déjà, dans beaucoup de pays, même catholiques, il est établi qu'en dehors du mariage civil, il n'y a pas d'union légitime. Ailleurs, la loi autorise le divorce que d'autres peuples s'apprêtent à introduire dans leur législation, le plus tôt possible. Toutes ces mesures hâtent la réalisation prochaine du projet de changer l'essence du mariage et de le réduire à n'être plus qu'une union instable, éphémère, née du caprice d'un instant et pouvant être dissoute quand ce caprice changera »[2].

Nous sommes en 2015, c’est-à-dire qu’après 131 ans de la publication de ce texte, la situation n’a pas seulement changé mais elle s’est étendue et pour le pire. Notons bien ce que dit Léon XIII : tout faire afin de pouvoir concrétiser le projet de changer l’essence du mariage et donc l’essence de la famille et de la société (ces trois réalités doivent toujours aller de l’ensemble).   Ce texte donc est d’une très grande actualité et c’est en quelque sorte un texte prophétique. Le pape François lui-même a dit que Léon XIII était un pape intelligent[3].

La franc-maçonnerie utilise les moyens de la haute finance pour concrétiser ce projet. C’est justement ce que dénonce le pape François dans son encyclique « Laudato Si » : le mauvais usage de la finance pour détruire l’homme et l’humanité.

Et, comme nous l’avons déjà dit, il ne s’agit pas de faits isolés, il s’agit de quelque chose de systématique, c’est-à-dire réfléchi, programmé et réalisé progressivement. En effet, nous parlons d’une subversion du peuple à ce type d’idées. C’est une subversion qui n’est pas nouvelle, elle date d’il y a longtemps. Elle commence par les différentes révolutions de l’histoire : la révolution française, la révolution marxiste, la révolution culturelle de 1968 et la dernière des révolutions ou conquête : le relativisme. Il n’y a pas longtemps le pape émérite Benoit XVI a utilisé une expression particulière qui définit très bien le problème d’aujourd’hui : «la dictature du relativisme »[4]. Un relativisme qui se manifeste dans la morale, dans la philosophie, dans la politique, dans l’éducation, etc. Et c’est bien ce relativisme qui guide les attaques contre la famille et contre la notion même de famille. Les promoteurs de cette attaque savent parfaitement qu’en détruisant la famille ils peuvent changer la société et l’humanité. Pourquoi ? Parce que, disait le pape François, sans la famille on peut provoquer la division et les phénomènes de masse. « Dans les deux cas, les personnes deviennent des individus isolés, faciles à manipuler, à gouverner »[5]. En fait le pape Jean Paul II disait que l’avenir de l’humanité est fondé sur la famille. Donc la société (les individus) sera protégée de la division et de la domination si la famille est protégée, mais la société sera détruite si la famille est détruite. Voilà pourquoi le champ de bataille devient la famille. Le pape François dans son récent discours au Congrès des Etats Unis disait : « Que la famille a été importante pour la construction de ce pays ! Et combien elle demeure digne de notre soutien et de notre encouragement ! Cependant, je ne peux cacher ma préoccupation pour la famille, qui est menacée, peut-être comme jamais auparavant, de l’intérieur comme de l’extérieur… Les relations fondamentales sont en train d’être remises en cause, comme l’est la base même du mariage et de la famille… Au risque de simplifier à l’extrême, nous pourrions dire que nous vivons dans une culture qui pousse les jeunes à ne pas fonder de famille, parce qu’il n’y a pas de perspectives d’avenir. Par ailleurs, la même culture offre à d’autres tant d’options qu’ils sont aussi dissuadés de créer une famille »[6].

3. La philosophie du gendre

La philosophie qui a incarné cette attaque est une idéologie qui s’appelle l’idéologie du genre, ou théorie du genre. Et nous devons connaitre cette idéologie afin de comprendre ses stratégies contre la famille.

Cette idéologie, et son concept de « gender », est née aux Etats-Unis dans les années 1970 d'une réflexion autour du sexe et des rapports hommes/femmes, en plein mouvement féministe. Des recherches sont menées par des universitaires américaines, qui "récusent le rapprochement souvent effectué entre les femmes et la nature (principalement à cause de leurs facultés reproductives) alors que les hommes seraient du côté de la culture", écrit Sciences humaines. Plus globalement, ces recherches tendent à démontrer que le sexe biologique ne suffit pas à faire un homme ou une femme, et que les normes sociales y contribuent. Le concept de genre, c'est le fait que notre environnement, la façon dont on est éduqué, nous poussent à jouer telle ou telle place dans la société si on est un homme ou une femme. Donc notre différence, selon cette théorie ne dépend pas de notre différence sexuelle, mais plutôt de notre environnement culturel et chacun peut se construire comme il veut : homme ou femme, homosexuel, bis, trans, etc.

Cette idéologie est devenue une idéologie politique qui cherche à s’imposer et à dominer la société à travers les lois et l’éducation. Et on ne peut pas s’opposer, on ne peut rien dire car on risque d’aller en prison ou dans le pire de cas d’en finir dans un cimetière. Benoit XVI en citant la phrase de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient » explique que dans ces paroles se trouve le fondement de ce qui aujourd’hui, sous le mot « gender », est présenté comme une nouvelle philosophie de la sexualité. « Le sexe, dit-il, selon cette philosophie, n’est plus un donné d’origine de la nature, un donné que l’être humain doit accepter et remplir personnellement de sens, mais c’est un rôle social dont on décide de manière autonome, alors que jusqu’ici c’était à la société d’en décider. La profonde fausseté de cette théorie et de la révolution anthropologique qui y est sous-jacente, est évidente »[7].

Nous soulignons la dernière affirmation du pape émérite : une profonde révolution anthropologique. C’est ça le noyau de cette idéologie. Une révolution de l’homme. Une destruction de l’homme pas moins destructrice que la révolution française ou la communiste.

Nous ne pouvons pas ici faire une critique de cette idéologie, mais il suffit de lire ce que le pape François a dit dans sa dernière encyclique « Laudato Si » à propos de cet idéologie qui ne respecte pas la nature : « L’écologie humaine implique aussi quelque chose de très profond : la relation de la vie de l’être humain avec la loi morale inscrite dans sa propre nature, relation nécessaire pour pouvoir créer un environnement plus digne. Benoît XVI affirmait qu’il existe une “écologie de l’homme” parce que «l’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté ». Dans ce sens, il faut reconnaître que notre propre corps nous met en relation directe avec l’environnement et avec les autres êtres vivants. L’acceptation de son propre corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et pour accepter le monde tout entier comme don du Père et maison commune ; tandis qu’une logique de domination sur son propre corps devient une logique, parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations, est essentiel pour une vraie écologie humaine. La valorisation de son propre corps dans sa féminité ou dans sa masculinité est aussi nécessaire pour pouvoir se reconnaître soi-même dans la rencontre avec celui qui est différent. De cette manière, il est possible d’accepter joyeusement le don spécifique de l’autre, homme ou femme, œuvre du Dieu créateur, et de s’enrichir réciproquement. Par conséquent, l’attitude qui prétend « effacer la différence sexuelle parce qu’elle ne sait plus s’y confronter», n’est pas saine »[8].
Donc un faux relativisme appliqué à l’homme, parce qu’il s’agit plutôt d’une domination totale (dans les écoles et les universités, par les medias de communications, par les publications, etc[9]) avec laquelle on ne peut pas être en désaccord et une terrible révolution contre l’homme, qui donne contribue à créer de nouvelles conceptions de la famille :
-Relations sexuelles libres, mariage d’essai, adultère et infidélité, couples homosexuels, adoption par des homosexuels, polygamie.
-Chacun décide comme vivre sa sexualité, masturbation, pornographie, etc.
-Familles bouleversées : les parents ne peuvent pas aider, éduquer ou corriger leurs enfants sous peine d’être dénoncés ou pénalisés.   
Au fond, nous comprenons bien que l’envie de Satan c’est de détruire le plan de Dieu sur l’homme depuis les origines… En effet sur l’homme, sur la famille nous voyons l’image de Dieu puisque ils sont une création de Dieu, donc le démon veut détruire Dieu en détruisant l’homme et pour détruire l’homme il faut se débarrasser de la famille.

Tout cela produit surtout chez les jeunes un incroyable découragement à l’heure de se décider à fonder une famille. Nous avons cité plus haut l’intervention du pape François au Congrès American dont il disait, et nous voulons le remarquer encore une fois, que justement nous vivons « dans une culture qui pousse les jeunes à ne pas fonder une famille, parce qu’il n’y a pas de perspectives d’avenir. Par ailleurs, la même culture offre à d’autres tant d’options qu’ils sont aussi dissuadés de créer une famille »[10].

4.  Un objectif bien choisi.
Pourquoi ? Parce que c’est la famille la cellule de base de la société et non pas les individus[11]. En effet chaque personne (qui compose la société) devient ce qu’elle est au sein d’une famille. La famille est irremplaçable dans la formation de l’homme mature, de l’homme psychologiquement équilibré, de l’homme éduqué, de l’homme qui aime les traditions, de l’homme ouvert à la transcendance. Et cela est possible si la famille devient concrètement dans mon foyer à moi :
- Un « berceau de la vie » dans lequel les êtres humains naissent et grandissent[12]. Sans la famille il n’y a pas de vie, au moins la vie qu’il faut pour grandir en toute maturité et avec un équilibre affectif et psychologique nécessaire. On peut produire la vie et un être humain même occasionnellement par les techniques médicales ou par des familles artificielles, mais cette personne manquera d’une croissance spirituelle, affective et psychologique adéquate. D’une façon générale, sans une vraie famille, il est exceptionnel qu’une personne puisse grandir de façon équilibrée

- Une « communion de personnes ». Saint Jean Paul II disait « la famille, fondée par amour et vivifiée par lui, est une communauté de personnes: les époux, homme et femme, les parents et les enfants, la parenté. Son premier devoir est de vivre fidèlement la réalité de la communion dans un effort constant pour promouvoir une authentique communauté de personnes…Le principe interne, la force permanente et le but ultime d'un tel devoir, c'est l'amour: de même que sans amour la famille n'est pas une communauté de personnes, ainsi, sans amour, la famille ne peut vivre, grandir et se perfectionner en tant que communauté de personnes »[13]. Une communion de personnes signifie donc amour, édification, dialogue… la plupart de personnes qui grandissent sans une vraie famille sont incapables d’aimer, de tolérer, de pardonner, d’éduquer, etc.

-Une « école d’humanité ». Le pape François disait: « La famille est école d’humanité, une école qui enseigne à avoir à cœur les besoins des autres, à être attentif à la vie des autres. Quand nous avons de bonnes relations en familles, les égoïsmes diminuent – ils existent, parce que tous nous avons quelque chose d’égoïste -, mais lorsqu’on ne mène pas une vie de famille, il se crée ces personnalités que nous pouvons qualifier comme ceci : ‘‘je, moi, mon, avec moi, pour moi’’, totalement centrées sur elles-mêmes, qui ignorent la solidarité, la fraternité, le travail en commun, l’amour, la discussion entre frères. Elles les ignorent. Malgré tant de difficultés, comme nos familles en sont aujourd’hui affectées dans le monde, n’oublions pas une chose, s’il vous plaît : les familles ne sont pas un problème, elles sont d’abord une opportunité. Une opportunité que nous devons préserver, protéger et accompagner »[14].

- Un « sanctuaire de la vie » comme disait Pie XI, Pie XII, ou « sanctuaire de l’amour » selon Paul VI[15]. Donc le lieu où nous recevons la vie comme un don de Dieu. Le sanctuaire signifie présence de Dieu, pour cela une famille doit recevoir comme présence de Dieu la nouvelle vie donnée. Les laboratoires qui engendrent la vie jouent à être comme des dieux, mais les enfants ne se font pas selon un menu de restaurant que l’on peut choisir selon ses propres gouts. La vie se reçoit telle qu’elle vient de Dieu.    

-Une « église domestique ». Une petite église. Benoit XVI disait : « Proclamer la vérité intégrale de la famille, fondée sur le mariage comme Église domestique et sanctuaire de la vie, est une grande responsabilité pour tous »[16].

Pour le pape François, « C’est à la maison que nous apprenons la fraternité, où nous apprenons la solidarité, où nous apprenons à ne pas être des dominateurs. C’est à la maison que nous apprenons à recevoir la vie et à en être reconnaissants comme une bénédiction, et c’est là que nous apprenons que chacun a besoin des autres pour aller de l’avant. C’est à la maison que nous expérimentons le pardon, et que nous sommes invités à pardonner continuellement, à nous laisser transformer. C’est curieux, à la maison, il n’y a pas de place pour les ‘‘masques’’, nous sommes ce que nous sommes et, d’une manière ou d’une autre, nous sommes invités à chercher le meilleur pour les autres… C’est pourquoi la communauté chrétienne désigne les familles du nom d’églises domestiques, parce que c’est dans la chaleur du foyer que la foi imprègne chaque coin, illumine chaque espace, construit la communauté. Car en ces moments, c’est comme si les personnes apprenaient à découvrir l’amour concret et l’amour agissant de Dieu »[17].

C’est dans la famille que souvent on entend pour la première fois le nom de Dieu. C’est dans la famille que souvent nous apprenons à prier, nous nous préparons pour les sacrements. La famille est le lieu où les hommes se convertissent à Dieu. Dans ce sens la famille est propagatrice de la foi. Le langage de la foi, disait Benoit XVI, s’apprend dans la famille[18].

Pour cela le pape François insiste pour qu’on laisse entrer dans nos familles Jésus-Christ afin que ce soit lui-même à transformer par son action et par sa grâce chaque membre de la famille : « Et Jésus commence sa vie publique précisément à la faveur d’un mariage. Il s’insère dans cette histoire de semences et de récoltes, de rêves et de recherches, d’efforts et d’engagements, de travaux ardus qui ont labouré la terre pour que celle-ci donne son fruit. Jésus commence sa vie dans une famille, dans un foyer. Et il est, précisément, au cœur de nos foyers où, constamment, il continue de s’introduire, il continue d’être partie prenante. Cela lui plaît d’intervenir dans la famille »[19].  

-La famille est « constructrice des hommes ». La famille doit être capable de donner à la société des hommes de valeur, qui construisent une société digne. Voilà pourquoi la famille est la cellule base de la société. Dans ce sens le pape François nous rappelle que «La famille nous sauve de deux phénomènes actuels, deux choses qui arrivent de nos jours : la fragmentation, c’est-à-dire la division, et le phénomène de masse. Dans les deux cas, les personnes deviennent des individus isolés, faciles à manipuler, à gouverner. Et ainsi, nous trouvons dans le monde des sociétés divisées, cassées, séparées ou très affectées par le phénomène de masse, qui sont une conséquence de la rupture des liens familiaux, lorsque se perdent les relations qui nous constituent comme personnes, qui nous enseignent à être des personnes…»[20]. La famille donc nous constitue en tant que personnes équilibrées et solides.

Nous nous rendons compte alors qu’une famille avec telles caractéristiques ne peut pas être une option parmi d’autres dans le monde, mais plutôt un bien extrêmement nécessaire pour construire des peuples. Voilà pourquoi elle est attaquée terriblement. S’il n’y pas la famille il n’y aura pas des sociétés. C’est cela ce que Benoit XVI a expliqué aux familles à Valence : «La famille est un bien nécessaire pour les peuples, un fondement indispensable pour la société et un grand trésor pour les époux durant toute leur vie. C’est un bien irremplaçable pour les enfants, qui doivent être le fruit de l’amour, du don total et généreux de leurs parents ».

5. Défendre la famille

Mais devant cette situation nous pouvons nous demander : ne paraît-il pas évident qu’en matière de famille la cause est perdue et qu’il ne reste maintenant plus rien à faire ? Pas de tout. Loin de nous tout découragement. Il y a beaucoup à faire, et de toute urgence ! Au lieu de se plaindre de la situation et de se résigner au pire, il est grand temps que les chrétiens se mettent en action pour récupérer le terrain perdu en employant tous les moyens nécessaires, et en se rappelant le mot de saint Paul : «Je puis tout en Celui qui me fortifie» (Phil. 4, 13).

Nous sommes tous donc invités à faire un parcours de combattant afin de défendre la famille de ce que le pape François appelle « colonisation idéologique de la famille ». Mais il ne s’agit pas d’un devoir du pape. C’est un devoir pour tous. « Nous devons être des millions, rangés en ordre de bataille, pour faire reculer le mensonge par le témoignage de la vérité », tonne Mgr Raymond Centène, l'évêque de Vannes.

Nous ne pouvons pas nous contenter de dire que nous ne sommes pas mariés, que cela ne nous concerne pas maintenant. Bien qu’il soit vrai que nous ne sommes pas mariés aujourd’hui nous le serons demain, et nous formerons une famille demain et quelle est donc le terrain que nous préparons pour nos futurs familles ? Il ne faut jamais se décourager, mais plutôt aller toujours de l’avant. Il faut mener la bonne bataille à tous les niveaux.

Tout d’abord il faut savoir aimer l’idée de fonder une famille telle que le Christ l’a pensée et que cela est vraiment possible. «Aimer la famille, disait Saint Jean Paul II, signifie savoir en estimer les valeurs et les possibilités, en cherchant toujours à les promouvoir. Aimer la famille signifie reconnaître les dangers et les maux qui la menacent afin de pouvoir les surmonter. Aimer la famille signifie faire en sorte de lui assurer un milieu qui soit favorable à son développement. Et c’est encore une forme éminente de l’amour que de redonner à la famille chrétienne d’aujourd’hui, souvent tentée de se décourager ou angoissée par les difficultés croissantes, des raisons de croire en elle-même, dans ses richesses de nature et de grâce, dans la mission que Dieu lui a confiée»[21].

Deuxièmement il faut faire l’essentiel : inviter Jésus-Christ aux noces. C’est ce qui nous inspire le passage évangélique de Jean au jour des noces de Cana. Le problème on définitif se réduit à cela : les couples et les familles n’invitent plus Jésus-Christ à en faire partie. Christ est laissé complètement de côté. Nous le redisons encore, nous vivons une époque de dramatique crise conjugale, l’amour semble déboussolé, on cohabite sans avoir célébré de noces, sans avoir fêté l’amour… combien de ce couples éphémères, partis pour l’épanouissement, deviennent « insipides » comme de l’eau sans goût ! Mais, dans cette ambiance, les couples les plus solides eux-mêmes ne sont pas à l’abri de ce tragique constat : « ils n’ont plus de vin ». C’est, en effet,  le constat aux noces de Cana en Galilée. C’est l’amour qui vient à manquer. Mais la réponse est toujours présente : Jésus est celui qui peut en redonner. Communier à la coupe de Jésus, boire son vin, c’est boire à la source de cet « amour qui a tout donné, jusqu’au bout.    

Et puis concrètement il faut :

a. Préparation au mariage :

-avec la prière personnelle et communautaire pour les familles. A la maison, dans la paroisse et dans le diocèse. Chacun doit prier Dieu afin de pouvoir fonder une famille sainte.

-avec la préparation des jeunes au mariage par les fiançailles. L’importance donc de la formation pré-matrimonial au sein de l’Eglise. Grandir dans la vertu de la pureté et de la chasteté à deux. 

-avec la formation intellectuelle personnelle et communautaire à travers la lecture, l’assistance à des conférences, la lecture des textes du magistère de l’Eglise qui parlent de la famille, la direction spirituelle avec un prêtre bien formé.

b. Durant le mariage :

-n’avoir pas peur d’officialiser votre union devant Dieu par le sacrement du mariage, malgré les impositions culturelles.

-travailler dans l’éducation chrétienne catholique des enfants. Etre vigilant sur l’éducation qu’ils reçoivent à l’école. Que la famille devient une vraie église domestique.

-travailler en couple aux vertus chrétiennes qui soutiennent le mariage et la famille. Savoir porter la croix du Christ en couple et en famille.

-grandir en couple dans l’amour conjugal, un amour qui est total, unitif, fructueux, sincère, et éternel.

-aider les couples en difficultés, les jeunes mariés, les femmes abandonnés, les mères célibataires, etc.      

-croire à la sainteté du mariage et de la famille.

Pie XII nous encourage en disant: « Assurément, la bataille peut être rude, et précisément la bataille pour les droits de la famille, pour la dignité de la femme, pour l'enfant et pour l'école. Mais vous avez de votre côté la saine nature, et, par conséquent, les esprits droits et de bons sens qui sont, après tout, la majorité ; vous avez surtout : Dieu. Donnez donc raison à cette pensée de saint Paul : votre foi a fait de vous des héros dans le combat (He 2, 33 sqq.) »[22].

Et nous terminons avec Saint Jean Paul II: «Vous vous rendez compte que la bataille est difficile. Ne perdez jamais la clarté des idées, ni l’enthousiasme de l’idéal, ni le nécessaire dynamisme dans l’action. Ne soyez pas découragés par la complexité et la durée du combat. La vérité et le bien, même longtemps après, finissent toujours par triompher »[23].

L’exemple des époux Martin[24]

L’authentique témoignage de sainteté au quotidien de Saint Louis et Sainte Zélie Martin, parents de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, ne peut être qu’une source de lumière et d’encouragement pour tous ceux et celles qui s’engagent, au jour le jour, dans la joie comme dans l’épreuve, à aimer, à croire et à espérer dans la présence du Christ.

Jusqu’à leurs derniers jours, Louis et Zélie Martin, parents de 5 filles, demeureront les témoins de cette foi vivante, simple, ancrée au plus profond de leur être. Zélie sera emportée par une tumeur au sein. Louis terminera sa vie dans la maladie mentale, incapable de marcher. Peu avant de mourir, Zélie écrit à son frère : « Je ne puis écrire plus long, mes forces sont à bout. Si la Sainte Vierge ne me guérit pas, c’est que mon temps est fait et que le bon Dieu veut que je me repose ailleurs que sur la terre ». Ces derniers mots de Zélie signent sont total abandon à Dieu qui attire à lui. Et de Louis, malade, émane la même force lumineuse de la foi : « O mes enfants, priez bien pour moi ! » lâche-t-il dans l’épuisement ; demandant à Saint joseph de mourir en saint ».

Un extrait de la correspondance de Zélie résume bien le contenu de leur sainteté au quotidien : « Le mieux est de mettre toute chose entre les mains du bon Dieu et d’attendre les évènements dans l’abandon à sa volonté ». Car « hors aimer Dieu et le servir, ajouté Louis, tout n’est que vanité ».

Chers jeunes l’essentiel est dit !

       

 

[1] Conférence donnée par le P. Silvio Moreno, IVE, aux jeunes de la Cathédrale de Tunis à l’occasion de l’ouverture du synode des évêques pour la famille le samedi 3 octobre 2015. Je suivrais librement le P. Fuentes Miguel en “Salvar el matrimonio o hundir la civilización”, p. 205-225. J’ajouterai quelques considérations particulières et je complèterai avec des textes du récent magistère du pape François.

[2] Léon XIII, encyclique « Humanun Genus », 20 avril 1884. La remarque en gras est à nous.

[3] Homélie dans la Cathédrale de Philadelphie le 26 septembre 2015.

[4] Le pape émérite Benoit XVI dans son homélie avant le conclave au cours duquel il sera choisi somme pontife, nous explique : « Combien de vents de doctrines avons-nous connu ces dernières décennies, combien de courants idéologiques, de modes de pensée… La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens, bien souvent, a été agitée par ces vagues, jetée d'un extrême à l'autre : du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme ; du collectivisme à l'individualisme radical; de l'athéisme à un vague mysticisme religieux ; de l'agnosticisme au syncrétisme, etc. Chaque jour, naissent de nouvelle sectes, réalisant ce que saint Paul disait sur "l'imposture des hommes et leur astuce qui entraîne l'erreur" (cf Ep 4, 14). Avoir une foi claire, selon le Credo de l'Eglise, est souvent étiqueté comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c'est-à-dire se laisser porter "à tout vent de la doctrine", apparaît comme la seule attitude digne du temps présent. Peu à peu se constitue une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui ne retient comme ultime mesure que son propre ego et ses désirs ».

[5] Cf. François, rencontre avec les familles à Cuba, Cathédrale Notre-Dame de l'assomption, Santiago de Cuba, mardi 22 septembre 2015.

[6] Cf. Discours du Pape François au Congrès américain, 24 septembre 2015

[7] Benoit XVI, discours à l'occasion de la présentation des
vœux de noël de la curie romaine, 21 décembre 2012

[8] François, « Laudato Sii », n. 155.

[9] Il y a des programmes de l’idéologie du genre établies et soutenus par l’ONU, voir Kuby G., Die globale sexuelle Revolution. Zerstörung der Freiheit im Namen der Freiheit Fe-medienverlag, Kisslegg (2010). L’article on peut le lire en espagnol: La revolución sexual global. Destrucción de la libertad en nombre de la libertad (2012).  

[10] Pape François, discours à la session conjointe du congrès des États-Unis, jeudi 24 septembre 2015.

[11] « En même temps, les gouvernants doivent faire tout leur possible afin que tous puissent avoir les conditions matérielles et spirituelles minimum pour exercer leur dignité, comme pour fonder et entretenir une famille qui est la cellule de base de tout développement social…. » (Pape François, discours à l’ONU, vendredi 25 septembre 2015).

[12] Saint Jean Paul II, Del Discurso al nuevo Embajador de Austria ante la Santa Sede, 13 febrero 2001. 

[13] Saint Jean Paul II, Familiaris Consortio, n. 18.

[14] Pape François, rencontre des familles au Cuba, 22 septembre 2015.

[15] Paul VI, discours aux équipes notre dame, 4 mai 1970.  

[16] Benoit XVI, V rencontre mondiale des familles, Espagne, 8 juillet 2006.

[17] François, rencontre des familles au Cuba, 22 septembre 2015.

[18] Benoit XVI, V rencontre mondiale des familles, Espagne, 8 juillet 2006.

[19] François, rencontre des familles au Cuba, 22 septembre 2015.

[20] Ibidem.

[21] Saint Jean-Paul II, Familiaris consortio, n° 86.

[22] Discours du pape Pie XII aux congressistes de l'union internationale
des ligues féminines catholiques, le Jeudi 12 septembre 1947.

[23] Saint Jean Paul II, 25 janvier 1986. Discours aux représentants du mouvement italien pour la vie.

[24] Cf. Il est vivant, magazine de la nouvelle évangélisation, n. 327 septembre-octobre 2015, p. 17.

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