L’esprit de vérité dont parle Jésus, est tout-à-fait contraire à l’esprit de mensonge, de duplicité, de fausseté qui parfois règne dans les cœurs des chrétiens… La Fontaine avait décrit dans sa fable « le Satyre et le Passant », l’attitude de ceux qui sont double, des menteurs. Le satyre s’étant étonné de voir le passant réchauffer sa main et refroidir son potage avec son haleine, il lui demande à quoi bon ceci ?
L'un refroidit mon potage;
L'autre réchauffe ma main.
Vous pouvez, dit le Sauvage,
Reprendre votre chemin.
Ne plaise aux Dieux que je couche
Avec vous sous même toit !
Arrière ceux dont la bouche
Souffle le chaud et le froid !
Blaise Pascal disait aussi: « La vérité est si souvent étouffée, en notre temps, et le mensonge si fréquent, qu’on ne peut pas connaitre la vérité, si on ne l’aime pas ».
Pour cela dans ce grand amour pour la vérité, nous avons l’obligation, même naturelle, de dire toujours la vérité, de penser la vérité et de toujours agir en vérité. En effet, explique Saint Thomas que « la vertu de vérité fait que l'on se montre à l'extérieur, par des signes visibles, tel qu'on est. Or les signes extérieurs ne sont pas seulement des paroles, mais aussi des actes…». Donc la vérité implique toute notre vie humaine, nos paroles, nos actes.
Mais, le Père du mensonge peut détruire l’idéal de la vérité en défigurant la personne humaine et il le fait certainement. Donc celui qui se laisse séduire par le Père du mensonge et qui refuse d’embrasser l’esprit de vérité, ou la vertu de la vérité, rentre dans l’une de trois catégories suivantes ou dans le pire de cas dans toutes les trois:
-La personne qui ne dit pas la vérité… proprement dit ‘un menteur’. Il s’agit de la volonté d’exprimer ce qui est faux. C’est ce qui constitue la raison de mensonge. C’est pourquoi on appelle « mensonge » (mendacium) ce que l’on dit «contre sa pensée » (contra mentem).
-La personne qui cache sa propre vérité (simulation et hypocrisie)… Saint Augustin commente : « De même que les comédiens (hypocritae) simulent d’autres personnages, jouent le rôle de celui qu’ils ne sont pas, de même, dans l’Église et dans toute la vie, tout homme, qui veut se faire prendre pour ce qu’il n’est pas, est un hypocrite (hypocrite): il simule la justice, il ne la pratique pas». Ainsi faut-il dire que l’hypocrisie est une simulation; non pas n’importe laquelle, mais seulement celle où l’on simule un autre personnage, par exemple lorsqu’un pécheur simule le personnage de l’homme juste. Attention ! Qu’il ne nous arrive pas comme dans la Fable de la Fontaine pour ce Loup qui s’était déguisé en Berger et dont l’affaire se très mal passé. « Quiconque est Loup agisse en Loup ; C’est le plus certain de beaucoup ». Loup (le) devenu Berger (III, 3).
-La personne qui détruit la vérité… sa propre vérité ou la vérité du prochain… par la calomnie, la diffamation, et la médisance, en mélangeant du faux et du vrai… Selma Lagerlof, écrivaine suédoise, disait : «Ne répands jamais de rumeur avant de l’avoir vérifiée. Et si elle est vrai, commence par retenir ta langue ».
Saint Paul dit aux éphésiens : « Débarrassés du mensonge, que chacun dise la vérité à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres… Ne donnez aucune prise au diable » (4, 25. 27).
Or, contre tout cela le Nouveau Testament nous met en garde et nous pousse vers l’Esprit de vérité :
- à adorer Dieu en esprit et en vérité (Jean 4.23s, II Jean 4) ;
- à marcher dans la vérité (2 Jean 4. 3 Jean 4) ;
- à se purifier en obéissant à la vérité (1 Pi 1.22) ;
- à produire les fruits de la vérité (Eph 4.24) ;
- à n’agir que pour la vérité (2 Cor 13.8) ;
- à ne pas faire obstacle à la vérité (Jacq 3.14) ;
- aimer en action et en vérité (1 Jean 3.18).
Penchez-vous alors, chers frères, sur la vérité et soyez enracinés dans la vérité en fondant votre vie dans une relation profonde avec Jésus-Christ. Il affirme dans son évangile: « Je suis le chemin, la vérité, et la vie». La mesure de la vérité est en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, l’homme véritable. A ce propos nous dit le pape Benoit XVI : « Nous avons en revanche une autre mesure : le Fils de Dieu, l’homme véridique. C’est lui la mesure du véritable humanisme. Une « foi adulte » ne suit pas les vagues de la mode. Une foi adulte et mûre s’enracine profondément dans l’amitié avec le Christ. C’est cette amitié qui nous ouvre à tout ce qui est bon et nous donne le critère pour discerner entre le vrai et le faux, entre l’imposture et la vérité ».
Celui qui marche vraiment à la suite de Jésus met toujours plus de véracité dans sa vie. Il chasse tout mensonge, toute fausseté dans sa vie, toute simulation et toute hypocrisie de ses actes et de ses paroles, et devient transparent à la Vérité et de sa propre vérité.
P. Silvio Moreno, IVE