1. Situation historique
Au début de sa vie publique, Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. Sa renommée se répandit par toute la Syrie, et on lui amenait tous les malades atteints d’infirmités et de souffrances diverses, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques, et il les guérissait. Et des foules nombreuses le suivirent de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et d’au-delà du Jourdain. (Mt 4, 23-25).
Le Seigneur avait quitté Nazareth et vivait à Capharnaüm (Cf. Mt 4, 13), au nord-ouest de la mer de Génésareth où quelques-uns parmi les Douze avaient leur famille et leur maison. Les foules dont parle l’Évangile arrivaient jusqu’à cette petite bourgade de pêcheurs pour y rencontrer Jésus, mais elles partaient aussi à sa recherche dans d’autres lieux des environs, parmi lesquels il y avait « Tabgha ». Selon la tradition des chrétiens qui ont vécu dans cette zone à l’époque de Jésus, c’est à Tabgha qu’il y a lieu de situer le Sermon de la Montagne.
En effet, un texte attribué à la pèlerine Égérie que recueille Pierre le Diacre dans le Liber de Locis Sanctis (Cfr. PL 173, 1115-1134), identifie le lieu des Béatitudes[1]. A une centaine de mètres du sanctuaire de Tabgha les fouilles ont permis de retrouver en 1935 des vestiges de quelques édifices. Ils faisaient partie d’une église et d’un monastère du IVème ou du Vème siècles. La chapelle, de sept mètres de haut par quatre de large, construite au-dessus d’une petite grotte, était-elle-même une autre grotte naturelle, à laquelle on avait donné une forme carrée grâce à la maçonnerie. De nombreuses inscriptions couvraient le crépi des murs et le sol était pavé de
Entre 1937 et 1938, en respectant cette tradition, on construisit le sanctuaire actuel des Béatitudes mais, pour avoir une vue panoramique sur la mer de Génésareth, on choisit un emplacement plus élevé, à quelques deux cents mètres sur la surface du lac et à deux kilomètres de l’ancienne localisation. Il s’agit d’une église octogonale, couverte d’une coupole au tambour svelte et entourée d’un vaste parvis couvert qui atténue la lumière et la chaleur du soleil. À l’intérieur, les lignes des éléments sont simples : au centre, l’autel, couronné par une archivolte en albâtre ; derrière, le tabernacle est installé sur un piédestal en porphyre, décoré aux scènes de la Passion, en bronze dorée sur des fonds de lapis-lazuli. Sur le tambour, il y a huit vitraux où sont inscrites les paroles des Béatitudes. L’espace est coiffé d’une coupole toute dorée.
2. Le Sermon sur la Montagne
Saint Augustin écrivait dans son commentaire au Sermon sur la montagne:
« En étudiant avec piété et avec prudence le sermon que Notre-Seigneur Jésus-Christ a prononcé sur la montagne, tel que nous le lisons dans l’évangile selon saint Matthieu, on y trouvera, je pense, tout ce qui regarde les bonnes mœurs, un parfait modèle de la vie chrétienne. Je ne m’aventure point en disant cela, mais je me fonde sur les paroles mêmes du Seigneur. En effet, en concluant ce discours, le Sauveur laisse entendre qu’il y a renfermé tous les préceptes propres à former notre vie, puisqu’il dit : «Donc, quiconque entend ces paroles que je publie et les accomplit, je le comparerai à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre; la pluie est descendue, les fleuves se sont débordés, les vents ont soufflé et sont venus fondre sur cette maison ; et elle n’a pas été renversée, parce qu’elle était fondée sur la pierre. Mais quiconque entend ces paroles que je dis et ne les accomplit pas, je le comparerai à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ; et la pluie est descendue, les fleuves se sont débordés, les vents ont soufflé, et sont venus fondre sur cette maison ; et elle s’est écroulée, et sa ruine a été grande». …Le Seigneur a assez indiqué, ce me semble, que les paroles qu’il a prononcées sur la montagne peuvent imprimer à la conduite de ceux qui veulent les mettre en pratique une perfection telle qu’on pourra justement les comparer à un homme qui bâtit sur la pierre. Je dis ceci pour montrer que ce discours renferme toutes les règles de la perfection chrétienne… »[2].
Le sermon de la montagne ne contient qu’un bref résumé du discours de Jésus. Les évangélistes n’en gardé que la substance. Jamais orateur populaire, désireux d’instruire un énorme auditoire, n’aurait condensé tant d’idées en si peu de phrases. Comme le dit saint Augustin, il s’agit d’une règle de perfection proposée à tous les candidats au royaume de Dieu et à tous ceux qui veulent en prendre l’esprit.
Le sermon de la montagne a un but, un plan, une suite. Quelle en est l’idée maitresse ? Le thème essentiel est l’esprit chrétien opposé à l’esprit judaïque et pharisien. Jésus le définit par un double contraste: en l’opposant d’abord à l’ancienne loi, que la loi de la grâce corrige, complète et transforme ; ensuite à l’idéal de perfection chrétienne.
Assis dans l’attitude du maitre qui enseigne, il faut noter que Jésus s’adresse à ses disciples, non pas seulement aux Douze, mais à tous ceux parmi lesquels les Douze ont été choisis. C’est un chemin donc ouvert à tous. Les auditeurs comprendront ce qu’ils pourront et le peu qu’ils auront compris fera naitre en eux le désir d’en apprendre davantage. Ayant donc levé les yeux au ciel, pour montrer que sa doctrine lui vient d’en haut, il les abaisse ensuite sur ces disciples et leur parle du profond de son cœur : Il leur propose les biens qui perfectionnent la nature humaine (les vertus) et le chemin vers le ciel. Ainsi saint Augustin confirme :
« Après avoir ainsi exhorté ses auditeurs à se préparer à tout souffrir pour la vérité et la justice… le Seigneur commence à les éclairer et à leur apprendre ce qu’ils doivent enseigner ; c’est comme s’ils lui eussent demandé : Nous sommes prêts à tout souffrir pour votre nom, à ne point cacher votre doctrine : mais quelle est donc cette doctrine que vous nous défendez de cacher, et pour laquelle vous nous ordonnez de tout souffrir? Allez-vous donc contredire ce qui est écrit dans la loi ? Non, leur répond-il : « Ne pensez pas que je dois abolit la Loi et les prophètes ; je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir ». Cette sentence renferme deux sens… Celui qui dit : Je ne suis pas venu pour abolir la loi, mais l’accomplir entend ou qu’il ajoutera à la Loi ce qui lui manque, ou qu’il accomplira ce qu’elle renferme ».
Voyons donc par un coup d’œil cet extraordinaire enseignent.
La finalité : «HEUREUX »
Les 8 Béatitudes = Les 7 dons du Saint Esprit = les 10 Commandements
Condition d’un chrétien :
Sel de la terre – Lumière du monde pour la gloire de Dieu
Le chemin à emprunter :
- qui passe par la Porte étroite du salut
– qui produit forcement des bons fruits
– qui est accomplissement de la volonté de Dieu
Il s’agit donc de la nouvelle loi de Jésus-Christ : chemin de véritable amour et de sainteté. « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir la loi »
Le contenu de cette loi – chemin de perfection :
a - Règle d’or évangélique
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la loi et les prophètes ».
b - Relation avec Dieu le Père
La prière, ses conditions et l’oraison dominicale : le Notre Père
Heureux les pauvres de cœur = le don de la crainte du Seigneur: La crainte de Dieu convient aux humbles, c’est-à-dire ceux qui ne sont point enflés, point orgueilleux.
Heureux ceux qui pleurent = le don de la science: La science est le propre de ceux qui pleurent, qui ont appris par le discernement et la Parole de Dieu à connaître dans quels maux ils sont impliqués, maux qu’ils convoitaient dans leur ignorance comme choses bonnes et utiles.
1er Commandement
Vertu de la Foi, Esperance, Charité et la vertu de la religion.
2ème Commandement
Vertu de louange et du sacrée.
c - La Providence divine contre les soucis personnels
Dieu ou les richesses. Ne pas évangéliser pour vivre, mais vivre pour évangéliser : « Cherchez premièrement le royaume de et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît». Ainsi, par exemple, nous ne devons pas évangéliser pour manger, mais manger pour évangéliser ; car évangéliser pour manger, ce serait mettre l’Évangile au-dessous des aliments » (St. Augustin).
10ème Commandement
Vertu de la pauvreté et de l’humilité.
d - Jugement miséricordieux et réaliste : la paille et la poutre
La correction fraternelle et le jugement auto-personnel.
Amour de la justice et de la miséricorde.
Heureux les miséricordieux = le don du conseil: Le conseil convient aux miséricordieux, car le seul remède, le seul moyen d’échapper à tant de maux, c’est de pardonner comme nous voulons que l’on nous pardonne, c’est d’aider les autres de tout notre pouvoir, comme nous voudrions nous-mêmes être aidés.
7ème Commandement
Vertu de la justice, de la générosité et de la réciprocité.
Rectitude d’intention dans les œuvres d’un chrétien
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice = le don de la force: La force est le partage de ceux qui ont faim et soif ; ils travaillent en effet dans le but d’obtenir la jouissance du vrai bien en adressant leur cœur aux véritables biens intérieurs.
3ème Commandement
Vertu de la recréation, du repos et de la sobriété.
f - Vertu de la véracité et danger de la double vie
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice…
8ème Commandement
Vertu de la véracité et de la transparence de vie
Le lien du mariage sous la loi de Moise et sous la loi de Jésus-Christ. La défense de se séparer de son épouse/époux. Suggestion, délectation, consentement.
Heureux les cœurs purs = le don d’intelligence: L’intelligence appartient à ceux qui ont le cœur pur, parce que leur regard purifié peut voir ce que l’œil du corps n’a point vu, ce que l’oreille n’a point entendu, ce qui n’est point monté dans le cœur de l’homme.
h - Eviter les occasions de péchés
Les scandales et l’œil lampe de ton cœur : Le cœur pur pour pouvoir voir Dieu.
6ème Commandement
Vertu de la chasteté, de la tempérance et affectivité ordonnée.
9ème Commandement
Vertu de la chasteté dans la pensée et les désirs.
i -Vertu de la charité, de la réconciliation fraternelle et de l’amitié
Heureux les doux = le don de piété: La piété convient à ceux qui sont doux; car celui qui se comporte pieusement, suivant la Parole de Dieu, ne critique point le prochain, et par là même ne résiste pas : ce qui constitue proprement la douceur.
4ème Commandement
Vertus familiales – Eglise domestique.
Heureux les pacifiques = le don de la sagesse: La sagesse est le partage des pacifiques chez qui tout est réglé, en qui rien ne se révolte contre la raison, mais où tout est soumis à l'esprit de l’homme qui lui-même obéit à Dieu.
5ème Commandement
Respect et amour de la vie humaine en toutes ses dimensions et conditions.
Fondation sur le Roc = Jésus-Christ
3. L’amour de la loi de Jésus-Christ
Selon la tradition chrétienne, la Loi ancienne montre ce qu’il faut faire, mais ne donne pas de soi la force, la grâce de l’Esprit pour l’accomplir. A cause du péché qu’elle ne peut enlever, elle reste une loi de servitude. Par contre la loi nouvelle ou loi évangélique est la perfection ici-bas de la loi divine, naturelle et révélée. Comme nous l’avons vu elle s’exprime particulièrement dans le Sermon sur la montagne (substantiellement le chapitre 5 au 7 de l’évangile de Saint Mattieu). Dans ce sens il est intéressant de remarquer que c’est une loi de bonheur : Heureux…
« La parole clé de l’enseignement de Jésus, écrit saint Jean Paul II, est une annonce de joie : « Heureux… ». L’homme est fait pour le bonheur. Votre soif de bonheur est donc légitime. Le Christ a la réponse à votre attente. Il vous demande donc de lui faire confiance. La joie véritable est une conquête, qui ne s’obtient pas sans une lutte longue et difficile. Le Christ possède le secret de la victoire »[1].
La Loi nouvelle est la grâce du Saint-Esprit (les dons) donnée aux fidèles par la foi au Christ. Elle use du Sermon du Seigneur pour nous enseigner ce qu’il faut faire, et des sept sacrements pour nous communiquer la grâce de le faire. La Loi évangélique accomplit donc parfaitement les commandements de Dieu.
La Loi nouvelle est donc appelée une loi d’amour parce qu’elle fait agir par l’amour qu'infuse l'Esprit Saint plutôt que par la crainte ; une loi de grâce, parce qu’elle confère la force de la grâce pour agir par le moyen de la foi et des sacrements ; une loi de liberté parce qu’elle nous fait enfin passer de la condition du serviteur qui ignore ce que fait son Maître à celle d’ami du Christ.
Au fond nous devons comprendre et faire comprendre une grande vérité cachée dans les paroles de notre Seigneur : Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; or celui qui m’aime sera aimé de mon Père et je l’aimerai et je me manifesterai à lui (Jn 14, 21-24). Vérité cachée parce que beaucoup comprennent cette phrase de façon incomplète. Notre Seigneur nous dit que le même amour que nous avons pour lui nous poussera à aimer également ses paroles et commandements. Il est toujours question d’amour. Pour celui qui aime vraiment, les commandements et la loi évangélique ne sont pas des obligations à accomplir, ou des conditions, mais un véritable et unique chemin d’amour et de bonheur. Pour cela l’éducation aux dix commandements et à la loi évangélique consiste principalement dans le fait de savoir « tomber amoureux » des vertus qu’ils nous proposent. C’est un chemin de maturation et de perfection spirituelle et psychologique. Mais ce n’est pas un chemin extraordinaire, bien au contraire tout-à-fait ordinaire.
4. Conclusion
A la fin du sermon de la montagne, Jésus dit : Quiconque écoute ma parole et la met en pratique ressemble à l’homme sage qui bâti sa maison sur le roc. La pluie tombe, les torrents viennent, les vents soufflent et s’abattent sur cette maison ; mais elle tient bon, parce qu’elle est bâtie sur le roc. Et celui qui écoute ma parole sans la mettre en pratique ressemble à l’insensé qui bâtit sa maison sur le sable. La pluie tombe, les torrents viennent, les vents soufflent et s’abattent sur cette maison ; alors elle s’écroule et sa ruine est complète (Mt 7, 24 - 27).
Affirme saint Augustin : « Il faut par conséquent bien faire attention à la terrible conclusion de tout ce discours. Si le Christ est la pierre, comme l’enseignent plusieurs endroits de la Parole de Dieu, celui-là bâtit sur le Christ, qui met ses leçons en pratique. « La pluie est descendue, les fleuves se sont débordés, les vents ont soufflé et sont venus fondre sur la pierre». Celui-là ne craint donc pas les superstitions ténébreuses, car la pluie n’a pas d’autre signification, quand on la prend en mauvais sens ; ni les critiques des hommes, que l’on compare aux vents ; ni l’entraînement des concupiscences charnelles qui inonde, pour ainsi dire, la terre. En effet, voilà les trois genres d’adversité qui abattent l’homme que la prospérité séduit, mais on n’a rien à en craindre quand on a une maison, fondée sur la pierre, c’est-à-dire, quand on ne se contente pas d’entendre les ordres du Seigneur, mais qu’on les accomplit. Celui au contraire qui les entend et ne les accomplit pas, est grandement exposé à tous ces périls : car il n’a pas de fondement solide ; en entendant et en n’accomplissant pas, il élève un édifice ruineux… ».
Intéressant à noter que dans la version selon S. Luc, il varie ses expressions et subordonne ses phrases. Comme il fait tout converger vers l’idée de fondement, il n’indique qu’une seule cause de ruine : les eaux débordantes qui s’attaquent surtout aux fondations.
Le P. Ferdinand Prat, S.J. explique que cette parabole se passe d’explication, l’expérience quotidienne en étant le meilleur commentaire. Quand on voulut élever au Cœur de Jésus, sur le mont des Martyrs à Paris, un monument impérissable de la reconnaissance française, on décida de creuser jusqu’à la roche vive, quelle qu’en fût la profondeur, autant de puits que la basilique devait compter de piliers. Ces puits, comblés de maçonnerie cimentée à la chaux hydraulique, étaient destinés à soutenir les puissantes arcades qui supporteraient l’édifice. C’était changer une montagne de terre en une montagne de pierre. Il fallait pour cela des années et des millions ; or on était pressé et l’on ne savait pas alors si les millions viendraient. Plusieurs blâmèrent l’audace du pieux cardinal Guibert qui avait signé le projet. Pourtant il avait agi en homme sage ; il imitait Celui qui a choisi le Rocher pour y édifier son Eglise.
Le travail afin de vivre la loi naturelle, les commandements de Dieu et la loi nouvelle, demande de creuser avec patience et sacrifice notre montagne de terre et de boue pour lui donner un fondement de pierre solide : Christ-Jésus. C’est ainsi que notre édifice ne pourra plus tomber à cause des eux débordantes de ce monde. Qui veut bâtir pour l’éternité doit donner à son œuvre un fondement inébranlable.
Ce Sermon sur la montagne, relu par hasard après de longues années d’oubli, inspirait à un célèbre critique du XXème siècle, les réflexions suivantes : « On ne peut dire que le jour où un tel discours fut proféré de haut d’une colline de la Galilée, il s’était produit et révélé quelque chose de nouveau et d’imprévu dans l’enseignement moral de l’homme. Moise, redescendant des hauteurs du Sinaï, avait, en promulguant le Décalogue, établi le dogme de l’unité de Dieu vivant et réglé les prescriptions sévères qui s’y rattachait ; il avait déclaré et imposé les premiers principes du culte de Dieu et de la société humaine. Mais du jour où, dans une province de Judée éloignée de Jérusalem, sur une colline verdoyante, non loin de la mer de Galilée, au milieu d’une population de pauvres, de pêcheurs, de femmes et d’enfants, le Nazaréen, âgé de trente ans environ, simple particulier, sans autorité visible… se mit à parler en cette sorte, de cette manière pleine à la fois de douceur et de force, de tendresse et de hardiesse, d’innocence et de vaillance, un nouvel âge moral commençait»[2].
Cette page du libre penseur Charles Sainte- Beuve, appellerait sans doute des réserves ; nous la citons seulement comme un écho affaibli de l’admiration enthousiaste que le Sermon sur la montagne souleva chez ses premiers auditeurs.
Le vénérable Pie XII disait : « Celui qui appartient à la milice du Christ - qu’il soit ecclésiastique ou laïque – ne devrait-il pas se sentir stimulé et excité à une plus grande vigilance, à une défense plus résolue, quand il voit augmenter sans cesse les rangs des ennemis du Christ, quand il s’aperçoit que les porte-paroles de ces tendances, reniant ou tenant en oubli dans la pratique les vérité vivificatrices et les valeurs contenues dans la foi en Dieu et au Christ, brisent d’une main sacrilège les tables des commandements de Dieu pour les remplacer par des tables et des règles d’où est bannie la substance morale de la révélation du Sinaï, l’esprit du Sermon sur la Montagne et de la Croix ?[3].
***
Osez donc, chers jeunes, cette loi évangélique. Soyez enthousiaste vous aussi de la vivre. C’est le chemin vers l’éternité, le contraire c’est le chemin de la médiocrité… et peut être aussi celui de la perdition.
Voici donc un coup d’œil sur le extraordinaire contenu du Sermon sur la montagne de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais soit qu’on adopte cette division et commentaire, soit qu’on en préfère une autre, il faut accomplir ce que nous avons appris du Seigneur, si nous voulons bâtir sur la pierre et si nous voulons être véritablement hommes de bien pour l’éternité.
P. Silvio Moreno, IVE
[1] Saint Jean Paul II, XVIIème journée mondiale de la Jeunesse, Toronto, 25-07-2002.
[2] Cf. Charles-Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, t. III, 1888, p. 246-247.
[3] Cf. Pie XII, Summi pontificatus.
[1] Avant les découvertes de 1935 ont montré erronément aux pèlerins la montagne des Béatitudes sur le chemin de Nazareth à Capharnaüm, là où se dressent deux hauteurs conjuguées que les autochtones appellent les Cornes d’Hattin : lieu tristement célèbre par le sanglant désastre du 4 juillet 1187, qui fit tomber la vraie Croix aux mains des musulmans, avec Saladin à leur tête et mit fin au royaume des croisés de Jérusalem. Dans l’ignorance de l’endroit du Sermon, on ne pouvait pas choisir un site plus pittoresque que les Cornes d’Hattin. Ce lieu était très accessible aux pèlerins de Nazareth : ce qui dut contribuer à le rendre populaire (Cf. P. Prat, Jésus-Christ, t. I, p. 267-268).
[2] Saint Augustin, Explication du Sermon de la Montagne. http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/comecr2/montagne.htm