LA TACTIQUE DU DIABLE

LA TACTIQUE DU DIABLE

Chers jeunes, si l’on veut sortir victorieux d’un combat, il est indispensable de repérer la tactique de son adversaire. C’est pourquoi nous allons énumérer les différentes ruses qu’il emploie pour nous faire tomber dans ses pièges.

Il est terriblement rusé : « Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Dieu avait faits » (Gn 3,1).

Il est le Prince des ténèbres qui profite de la nuit pour semer l’ivraie

Il fuit la lumière du jour (2 Co 6, 14)

Saint Paul parle de ses pièges et de ses manœuvres.

 

Repérons-les calmement[1] :

 

Intoxication: il essaye de nous faire croire qu’il n’est qu’une idée, qu’il n’a pas d’existence réelle. Il n’y a pas de pire danger pour un chef que d’engager tranquillement son armée dans un défilé parce que son service des renseignements lui a certifié qu’aucune troupe ennemie ne s’y trouvait. Ce fut l’origine de la terrible défaite que subie l’armée italienne à Caporetto, le 24 octobre 1917. Les troupes italiennes se trouvèrent subitement aux prises, dans la vallée de l’Isonzo, avec l’armée austro-allemande. Ce fut la débâcle. 1500 canons furent abandonnés à l’ennemi, 180000 soldats furent faits prisonniers. Le général Cardona, chef d’état-major, ne se sent plus le courage de supporter l’humiliation de cette terrible défaite qui oblige son pays à capituler. Il décide de se donner la mort. Il renvoi son entourage. Les yeux hagards, il prend son pistolet, le porte à la tempe. Mais, soudain, un capucin qu’il n’avait pas vue entrer dans son quartier général, arrête sa main d’un geste de désapprobation, puis disparait.

 

Trois ans plus tard, le général, entendant parler du Padre Pio, se rend incognito à San Giovanni Rotondo. En le voyant, le Padre Pio refait de la main le geste qu’il avait fait trois ans plus tôt lorsqu’il s’était rendu par bilocation dans son Q.G. Emerveillé, le général le remercie de tout son cœur de l’avoir sauvé du suicide.

 

En habile stratège, Satan, utilise depuis longtemps la tactique de l’intoxication, et cette tactique consiste à nous faire croire qu’il n’existe pas. Jean Paul II écrivait : « L’Apôtre écrit : « Vous avez vaincu le Mauvais » ! C’est vrai. Il faut toujours remonter aux racines du mal et du péché dans l’histoire de l’humanité et de l’univers, comme le Christ est remonté à ces mêmes racines par le mystère pascal de sa Croix et de sa Résurrection. Il ne faut pas avoir peur d’appeler par son nom le premier artisan du mal : le Mauvais. La tactique qu’il a appliquée et qu’il applique consiste à ne pas se révéler, afin que le mal, répandu par lui depuis les origines, se développe par l’action de l’homme lui-même, par les systèmes et par les relations entre les hommes, entre les classes et entre les nations ... pour qu’il devienne toujours plus le péché « structurel » et pour qu’on puisse d’autant moins l’identifier comme le «péché personnel ». Donc pour que l’homme se sente en un sens « libéré » du péché, et qu’il soit en même temps toujours plus plongé dans ce péché[2].

 

      

 

Le camouflage : il se déguise en ange de lumière pour nous faire tomber dans ses pièges. Esprit trompeur (1 Tm 4,1), Satan utilise une autre tactique : il se camoufle en ange de lumière pour mieux nous faire tomber dans ses pièges. Il suscite dans notre esprit des réflexions qui paraissent justes à première vue, alors que ce sont des slogans de sa propagande mensongère. Il est le maitre du sophisme, c’est-à-dire de ces raisonnements qui semblent vrais, alors qu’ils sont faux. « Il n’y a pas de vérité en lui, affirme Jésus, parce qu’il est menteur et père du mensonge. (Jn 8,44). Avant de tenter une vertu, le diable la dépayse. Il la fait passer pour démodée.    

 

L’anesthésie : il endort notre conscience au point de lui faire totalement oublier ce qu’elle est. Satan utilise ici le terrible pouvoir que possède notre volonté d’obscurcir tellement notre intelligence qu’elle ne puisse plus voir la réalité. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ; il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Je ne veux pas voir la souffrance, je ne veux pas voir mon égoïsme, je ne veux pas repérer que je suis libre, que je ne suis pas esclave de mon caractère ou de mes hormones, lorsque je cède aux mauvaise habitudes ; je ne veux pas voir qu’existe en moi une véritable possibilité de changer. Je ne veux pas reconnaitre que Dieu m’a créé : à force de ne pas vivre comme pense l’Église, nous allons finir pour penser comme nous vivons : sans Dieu, ni maitre. Je me laisse distraire par des futilités : le démon n’aura même pas besoin d’un livre qui nous intéresse vraiment pour nous empêcher de prier, d’accomplir notre devoir et de dormir; le seul internet et les moyens de communications suffiront pour le faire. Il parviendra à nous faire perdre notre temps, non seulement en amusantes conversations avec de bons amis, mais en discussions stériles avec des indifférents, à tel point que nous risquons de passer notre vie sans rien faire.

 

La propagande : il diffuse de fausses nouvelles totalement contraires à la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Pour installer son pouvoir sur le monde, Satan utilise évidemment des erreurs qui se propagent chez les jeunes chrétiens et qu’il fait passer pour de bonnes nouvelles. 

 

Ecrivait Jean Paul II : « Je pense ici, par exemple, à la tentation d’exagérer l’esprit critique au point de tout discuter et de tout remettre en question… vous êtes menacés par un usage dangereux des techniques publicitaires lorsqu’elles favorisent l’inclination naturelle à éviter la peine, en promettant la satisfaction immédiate de tout désir, tandis que la consommation qu’elle entraîne amène l’homme à chercher la réalisation de lui-même surtout dans la jouissance des biens matériels. Combien de jeunes, conquis par l’attrait de mirages trompeurs, s’abandonnent à la force incontrôlée des instincts ou s’aventurent sur des voies apparemment riches de promesses, mais dépourvues en réalité de perspectives authentiquement humaines ! Il me paraît utile de reprendre ici ce que j’ai écrit dans le Message… de la Journée mondiale de la Paix : « Certains d’entre vous peuvent connaître la tentation de fuir leurs responsabilités : dans le monde illusoire de l’alcool ou de la drogue, dans les relations sexuelles éphémères sans l’engagement du mariage pour la famille, dans l’indifférence, dans le cynisme et même dans la violence. Vous-mêmes, gardez-vous de la tromperie d’un monde qui veut exploiter ou détourner votre quête énergique et forte du bonheur et du sens »[3].

 

 

Les complices : il utilise le concours de nos passions.

 

Dans le domaine de nos désirs corporels : la gourmandise, le démon attaque d’abord par le ventre. L’impureté et la fornication, combien de familles ont été détruites per ce démon de la sexualité désordonnée, combien de vocations détournées, combien de croissances spirituels stoppées !, l’avarice, « l’amour de l’argent, ose dire saint Paul, est la racine de tous les maux ».

 

Dans le domaine de notre ardeur à nous battre : la tristesse, il rappelle à notre esprit tout ce qui ne va pas dans notre vie, notre famille, notre métier, notre environnement ecclésial, etc. La colère. La paresse, habituellement le paresseux ne reste pas à rien faire, mais il ne fait que ce qui lui intéresse et du coup n’accepte pas le genre de vie que Dieu lui propose.

 

Dans le domaine de l’esprit : la vaine gloire, « Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? En ton nom que nous avons chassé les démons ? En ton nom que nous avons fait bien des miracles ? Alors je leur dirai en face : Jamais je ne vous ai connus ; écartez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Mt 7, 22-23). L’orgueil, le démon le plus dangereux, la tentation de prendre la place de Dieu en se mettant en juge de soi-même, au centre du monde ou de la communauté.       

 

Une stratégie multiforme : il s’adapte à chacun. « L’art de la guerre, disait Napoléon, consiste à choisir avec soin son point d’attaque et à y concentrer toutes ses forces ». « Enfin, dit Saint Ignace de Loyola dans ses règles de discernements, il (le démon) imite un capitaine qui veut emporter une place où il espère faire un riche butin. Il asseoit son camp, il considère les forces et la disposition de cette place, et il l'attaque du côté le plus faible. Il en est ainsi de l'ennemi de la nature humaine. Il rôde sans cesse autour de nous; il examine de toutes parts chacune de nos vertus théologales, cardinales et morales, et, lorsqu'il a découvert en nous l'endroit le plus faible et le moins pourvu des armes du salut, c'est par là qu'il nous attaque et qu'il tâche de remporter sur nous une pleine victoire ».

 

L’arme secrète qu’il utilise sans cesse avec toutes sortes de gens, c’est l’arme du découragement. La tentation d’oublier l’instant présent : les démons ont tenu une conférence dans laquelle ils ont cherché la méthode à employer pour faire perdre la foi aux chrétiens et les décourager. Chaque démon prônait sa méthode, mais elles étaient toutes ou presque vouées à l’échec. Car les chrétiens tenaient ferme… Soudain l’un des démons, le plus rusé, prit la parole : « Quant à moi, dit-il, j’emploi un moyen irrésistible et qui a toujours fait réussir mon dessein. Je lui parle d’hier : quel tableau terrible je lui fais de sa vie, de ses échecs, de sa haine, de son avarice, de ses tentations ! Je lui fais comprendre qu’il ne peut rien réparer, car c’est trop tard. Il devient alors dépressif, tourmenté, angoissé. Je fais de même pour le jour de demain, sombre, avec ses menaces effrayantes (manque d’argent, maladie, mort, plaisir). Mais je me garde bien de lui parler d’aujourd’hui, car il pourrait se rendre compte que Dieu lui pardonne aujourd’hui les péchés du passé et qu’il peut pourvoir aujourd’hui aux soucis et aux peines du lendemain. Ainsi ce pauvre chrétien ne vit que d’hier et de demain. Méthode infaillible, mes amis ».

 

Chers jeunes concluons : dans toutes les armés du monde, des musiques militaires viennent dynamiser les soldats pour les entrainer à combattre vaillamment et à gagner la bataille. Dans notre combat spirituel contre les tentations et l’ennemi de l’homme nous ne devons pas hésiter à reprendre aux aussi les chants de victoire qui reviennent si souvent dans la bouche des psalmistes :

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;

De qui aurais-je crainte ?

Le Seigneur est le rempart de ma vie ;

Devant qui tremblerais-je ?

(…)

Qu’une armée se déploie devant moi,

mon cœur est sans crainte !

Que la bataille s’engage contre moi

je garde confiance. (Ps 27, 1, 3.)

 

 

 

 


[1] Je m’inspire aux idées du P. Pierre Descouvement en Gagner le combat spirituel, édition de l’Emanuel, 2006, p. 13-51.

[2] Cf. Jean Paul II, lettre aux jeunes « Dilecti amici », 31 mars 1985. www.vatican.va

[3] Cf. Jean Paul, ibidem

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