1er Dimanche de l'Avent - Année C
(Lc. 21, 25-28. 34-36)
« JESUS VIENT »
Une année liturgique vient de s'achever; une nouvelle année liturgique commence! Ainsi va le cours des choses ... Pas à pas, l'humanité avance vers son destin. Les chrétiens témoignent toujours, depuis le jour de la Pentecôte, que le Dieu du Ciel et de la terre, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, est venu sur terre il y a deux mille ans afin de se révéler en personne à tous les hommes de bonne volonté et de les sauver par son Sang répandu sur la Croix du Calvaire. Une fois de plus, et de plus en plus forte, l'Église du Christ crie aux oreilles du monde entier: "Jésus-Christ est Seigneur !"
Pendant quatre semaines, l’Eglise nous invite à regarder vers l’avenir, ce futur que nous espérons parce que ça sera mieux qu’aujourd’hui, ou que nous redoutons, parce qu’il nous fait peur. En ce Temps de l’Avent, la Parole de Dieu vient nous rappeler l’événement essentiel pour les croyants: «Jésus viens». Et devant l’annonce de la venue de Jésus Christ «avec puissance et grande gloire» il n’y a que deux attitudes possibles :
1) Celle des hommes qui «mourront de peur» dans la crainte des malheurs qui arrivent ;
2) Celle des disciples de Christ qui reçoivent de leur Maître six consignes d’espérance:
a) «Redressez-vous»; b) «Relevez la tête»; c) «Tenez-vous sur vos gardes»; d) «Que votre cœur ne s’alourdisse pas dans la débauche ou les soucis de la vie»; e) «Restez éveillés»; f) «Priez».
Pourquoi ces consignes? Pour «se tenir debout devant le Fils de l’homme» qui vient.
Les premiers chrétiens attendaient avec impatience le retour du Seigneur; c’était leur espérance, et ils souhaitaient que ce jour vienne très vite, à tel point que dans certaines lettres de l’Apôtre Paul, on a l’impression que c’est une question de quelques mois ou de quelques années tout au plus.
Aujourd’hui, cela ne semble pas être notre préoccupation dominante. Nous y croyons certes; nous le proclamons chaque dimanche dans le Crédo («Il reviendra dans la Gloire»); nous le chantons au cours de la prière eucharistique («nous attendons ta venue dans la gloire»). Et pourtant, nous vivons comme des endormis.
C’est surtout une certaine manière de vivre dans nos sociétés qui risque de nous laisser installer dans un bonheur qui se limite au confort, à la satisfaction de nos besoins matériels, à rejoindre une position social, les considérants comme le but ultime de notre existence. C’est cela dont parle Jésus, quand il nous dit que «notre cœur s’est alourdi»: quand nous nous sommes habitués à trouver notre bonheur seulement dans la recherche de ces biens terrestres.
C’est pourquoi, en ce début de la nouvelle année liturgique, l’Eglise nous invite, encore une fois, à nous préparer à ce retour du Christ; à ne pas vivre comme des endormis. Revenons, donc, sur les consignes du Seigneur «qui vient» et essayons d’en tirer quelques enseignements.Je vous en propose trois:
1) «TOUT PASSE». Il nous est difficile, avouons-le, d’accepter que tout «passe»; à commencer par nous-même. Nous préférons nous bercer d’illusions. Et pourtant, c’est un fait d’expérience élémentaire: les années et les saisons se succèdent et disparaissent … les sociétés et les associations humaines descendent inéluctablement vers leur déclin à l’horizon de l’histoire … et chacun de nous va vers sa propre mort en faisant semblant de l’ignorer. Que seront notre Afrique et notre monde dans une centaine d’années? Qu’est-ce que notre minuscule planète dans l’immensité des galaxies? Qu’est-ce qu’un siècle dans le déroulement des millénaires?
Et pourtant, attention! L’Evangile de Jésus est réaliste -reflet de la sagesse populaire- mais il n’est pas fataliste. Quand tout se détruit (soleil, lune, étoiles et mer) … quand les hommes s’affolent et meurent de peur … quand tout est «ébranlé» … la vérité de notre aventure humaine jaillit comme un chant d’espérance: Dieu demeure … Il est vivant, Il est «LE VIVANT» pour toujours. Il se trompe qui pense trouver «en lui-même» la force de ne pas tomber dans la dépression et le désespoir, car la vie définitive, la vie éternelle, nous viens d’ailleurs (il y a dans l’homme plus que l’homme) et car ce monde éphémère et caduc a été créé et touché par Dieu, le Vivant.
2) «JESUS VIENT … ». Il faut remarquer que Jésus parlait à ses disciples de sa «venue» au moment même où Il approchait de sa mort, lucidement annoncée et affrontée avec courage: «On verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire».
Oui, c’est exactement cela le sens de ce temps de l’Avent que nous commençons aujourd’hui. Nous ne célébrons pas surtout la naissance de Jésus à Bethléem il y a deux mille ans. Dès ce premier dimanche, la Parole de Dieu (les trois textes d’aujourd’hui: ceux du prophète Jérémie, de St Paul et de St Luc) nous répète avec insistance que Jésus «viendra»:
- « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur … En ce temps-là, je ferai naître un Germe de justice» (Jérémie)
- Etablissez-vous dans la sainteté, devant Dieu «pour le jour où N. Sr. Jésus viendra» (Paul)
- «Priez … pour paraître debout devant le Fils de l’homme» (Luc)
3) ALORS, «REDRESSEZ-VOUS, LEVEZ LA TÊTE, RESTEZ EVEILLES, PRIEZ … ». Il ya dans l’évangile d’aujourd’hui, une très nette opposition entre «les hommes» en général, qui s’affolent et meurent de peur, et «ceux qui écoutent Jésus», qui sont invités à garder la tête redressée parce qu’ils savent que le monde a un avenir, que cette vie a un sens … La Liturgie en ce temps de l’Avent nous invite à chanter: «Peuples qui marchez dans la longue nuit, le jour va bientôt se lever». Et chaque semaine de l’Avent, au sein même des jours les plus courts de l’année, qui continuent à diminuer, nous «allumerons» une «lumière» de notre couronne d’Avent.
Chers frères et Sœurs: Le Seigneur est venu, le Seigneur reviendra: telle est notre foi. Mais le sens de ce temps de l'avent qui inaugure la nouvelle année liturgique, c'est que Jésus vient aussi aujourd'hui même, dans notre cœur, dans notre âme.
Comment Jésus vient-il maintenant? Jésus vient maintenant en nous de la même manière qu'il est venu et de la même manière qu'il reviendra. Jésus est venu dans l'humilité; Jésus reviendra dans la gloire. Jésus vient maintenant, à la fois, dans l'humilité et dans la gloire. C’est ce double aspect d'humilité et de gloire que nous retrouvons dans Jésus Eucharistie, car c'est Jésus ressuscité et glorieux que nous recevons dans la sainte communion, mais, en même temps, c'est Jésus caché, invisible, petit et humble, qui est présent sous les aspects du pain et du vin eucharistiques.
Voilà la venue du Christ aujourd'hui: dans l'Eucharistie de chaque dimanche, de chaque jour même ! Que cet Avent soit pour nous un Avent eucharistique!
P. Sergio J. Perez, IVE
Curé de la Cathédrale