Pour Jésus, il n’est pas question d’abolir le passé, la loi morale résumée dans le décalogue, mais de lui donner une Vie Nouvelle, dans une sorte d’accomplissement, de perfection. Ce n’est pas parce qu’une tradition est ancienne qu’elle est bonne. Ce n’est pas parce qu’une idée est nouvelle qu’elle est meilleure.
Jésus va donc nous inviter à vivre la perfection de la loi de Dieu. Loi de Dieu qui se manifeste, selon l’Évangile de saint Matthieu chapitre 5, par l’accomplissement du décalogue (v. 21-37), c’est-à-dire les dix commandements, par la fuite des occasions des péchés (v. 29-30) et par l’amour des vertus, en particulier la charité (v. 23-26), la chasteté (v. 27-28; 31-32), et la véracité (v. 33-37).
1. Accomplissement des 10 commandements
Malgré l’envie des beaucoup, Jésus réaffirme la valeur des 10 commandements comme chemin de sainteté et de félicité pour les chrétiens. Mais, une question vient à notre esprit : est-ce que nous connaissons vraiment les dix commandements ? Ou plutôt quelle idée avons-nous des commandements de Dieu ? Malheureusement pour beaucoup l’idée qu’ils s’en font est celle du fil de fer barbelé… la limite de notre agir. On ne peut pas passer au-delà parce qu’on se ferait mal. C’est la vision réductrice des chrétiens qui n’ont rien compris aux commandements de Dieu. Les dix commandements ne seront jamais un fil de fer barbelé parce que leur regard est tout-à-fait positif : ils nous montrent les « biens » qui vont perfectionner notre nature humaine et le mal qui peut la détruire. Donc un acte miséricordieux de Dieu qui n’abandonne jamais l’œuvre de ses mains.
Les commandements protègent, défendent, et encouragent les biens fondamentaux de la personne humaine, sans lesquels la personne ne peut ni mûrir, ni se perfectionner, ni être heureuse. Donc éduquer aux commandements signifie les présenter comme aimables par la personne en sachant qu’ils contiennent l’objet de notre félicité. Dieu nous demande de vivre les dix commandements parce qu’en eux se trouvent notre bien et notre félicité. Il s’agit d’une conviction profonde dans notre intelligence et notre volonté. L’immaturité psychologique ou affective, morale et spirituelle trouve généralement ses racines dans une mauvaise compréhension des commandements. Donc il faut apprendre à vivre tous les commandements. Nous ne pouvons pas dire, « je suis un homme de bien, parce que je n’ai jamais volé ou tué quelqu’un ». Courage, j’aimerais lui dire, il te manque encore 8 commandements pour être un homme de bien.
2. Les ocasions de péchés
Jésus nous invite avec force et ton menaçant à fuir les occasions de péchés. Vous me demanderez quelles sont les occasions de pécher. Et bien je vous donnerai un exemple qui nous aidera à bien comprendre ce que nous voulons dire. C’est une drôle histoire mais tellement réelle.
« - Mon père, je suis heureux, elle vient me voir ce week-end. Elle monte à Paris, de Lyon c’est rapide, on va avoir du temps pour échanger…
- Génial ! Tiens, dis-moi… tu as trouvé une chambre d’hôtel pas trop chère pour elle ?
- Euh… non… à Paris, ça coute trop cher, je suis étudiant, je n’ai pas un sou.
- Elle va loger chez une de tes amies du coup ?
-Euh… ce n’est pas vraiment ce qui est prévu. En fait, elle doit loger chez moi.
- Ah, c’est cool. Tu as une chambre d’ami ?
-Ben non… j’ai juste une chambre d’étudiant, vous savez.
-Du coup, tu vas dormir dans le salon ?
-Ah non, c’est que c’est vraiment qu’une chambre d’étudiant. La taille d’un lit. Le salon c’est dans ma chambre. Comme ma douche et ma cuisine… 10m2, quoi, la taille d’un lit.
-Ah… et tu as prévu de dormir par terre ?
- Euh… sans vous mentir… ce n’était pas trop prévue… Mais… mon Père, qu’est-ce que vous allez imaginer ? Il ne se passera rien, je vous promets !
- Tu te fous de moi ! Tu es fou amoureux d’elle, elle est magnifique et folle amoureuse de toi… vous allez passer deux nuits dans un lit une place, trop petit pour toi… et tu vas me faire croire que vous allez vous contenter de jouer au Monopoly ? Tu me prends pour un c… ou tu es c… ? »[1].
Pas d’explication. Vous êtes intelligents. On dit « à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler ».
Les principales occasions de péchés sont : 1- L’oisiveté : la paresse d’une personne non occupée est funeste. 2- Les amitiés dangereuses et les mauvaises fréquentations en lesquelles le cœur s’amollit, et où l’on se permet progressivement des propos obscènes, des familiarités exagérées, puis des gestes déplacés, puis impurs. 3- Les conversations impures, soit qu’on y participe, soit qu’on les écoute avec quelque complaisance. 4- Les visions immorales, aux gestes indécentes, érotiques, voire pornographique si fréquent de nos jours. 5- Les tenues, les boites de nuit et les danses immodestes. Par rapport aux tenues les filles surtout doivent être beaucoup plus attentives. Parce que consciemment ou inconsciemment, elles peuvent générer chez les garçons des mouvements passionnels difficiles à maitriser… « En fait, écrit l’abbé Grosjean, la naïveté de certains est étonnante. Mais est-ce vraiment de la naïveté ? Je la crois à ce stade un peu coupable. Un vieux prêtre parlait du ‘péché du paillasson’[2]. Au jeune qui venait se confesser d’avoir ‘déraper’ avec sa douce, il lui disait : ‘Ton vrai péché, ce n’est pas d’avoir couché avec elle. C’est de l’avoir fait entrer chez toi, à cette heure-là. De lui avoir fait traverser le paillasson ! C’est à ce moment-là, dans ta tête, que tu bascules. Tu sais comment tout cela risque de finir. Et tu prends le risque… »[3].
3. L’amour des vertus
Les commandements c’est toujours une question d’amour. Pour cela l’accomplissement de la loi du Seigneur consiste aussi dans le fait de savoir tomber amoureux des vertus qu’elle nous propose. Notamment trois: Charité. Animosité, ressentiment, insulte, rancune, l’esprit chrétien banni tout cela. Le devoir de la charité fraternelle est si impérieux qu’il prime avant n’importe quel sacrifice. Que la blessure soit réelle ou imaginaire, peu importe : rétablissez au plus tôt la concorde en dissipant le malentendu. Chasteté : l’Évangile ne condamne pas seulement l’acte externe d’adultère et bien entendue aussi de la fornication, mais aussi l’intention, le regard et le désir impur. Pas seulement parce qu’il peut acheminer vers l’acte externe d’adultère ou de la fornication, mais à cause de sa malice interne. Il faut un regard positif : l’amour de la chasteté, l’amour de la pureté. Aujourd’hui c’est la jeunesse qui doit parler. Il faut que nous soyons de plus en plus convaincus de la force et de la beauté de la chasteté. Que c’est un bien pour nous. Tout dans la vie d’un jeune ne peut pas se réduire aux rapports sexuels, même pas l’amour. Véracité : Toujours question d’amour, cette vertu noud aide à aimer et à désirer la vérité, nous avons l’obligation, même naturelle, de dire toujours la vérité, de penser la vérité et de toujours agir en vérité. En effet, explique Saint Thomas que « la vertu de vérité fait que l’on se montre à l’extérieur, par des signes visibles, tel qu’on est. Or les signes extérieurs ne sont pas seulement des paroles, mais aussi des actes…». Donc la vérité implique toute notre vie humaine, nos paroles, nos actes.
P. Silvio Moreno, IVE
[1] Cf. Grosjean, Aimer en vérité, p. 97.
[2] Un paillasson est un objet à l’origine de paille tressée, plus récemment en tissu ou en matières plastiques, placé le plus souvent devant la porte d’entrée des logements afin que les personnes y pénétrant puissent y essuyer leurs chaussures.
[3] Cf. Grosjean, Aimer en vérité, p. 97.