Mercredi de Cendre. Début du Carême
La pénitence et la purification de nos péchés
En ce début de Carême, « que chacun de nous examine à quel degré il se trouve, et efforçons-nous de faire tous les jours de nouveaux progrès, car ce n’est qu’en nous avançant de vertu en vertu que nous verrons Dieu. Mais c’est surtout pendant ce temps que nous devons nous appliquer à vivre en toute pureté… Or, nous sommes invités à cette époque de courte durée à réparer les négligences du reste de l’année, et à vivre de manière que, le reste du temps, on voie briller, dans notre conduite, des traces de cette sainte quarantaine. Efforçons-nous donc, mes frères, de passer ce saint temps dans les exercices d’une entière piété, et de travailler, en ce moment, à remettre en état nos armes spirituelles ». (cf. Extrait du 7ème Sermon pour le Carême, par Saint Bernard de Clairvaux).
En faisant commencer le Temps du Carême par « le mercredi des cendres », la Liturgie de l’Église nous rappelle que nous ne sommes « rien » si nous n’acceptons pas la présence de Dieu dans nos vies, si nous refusons sa grâce et si nous préférons les choses périssables du monde aux valeurs impérissables que son Divin Fils nous propose.
Pendant ces 40 jours, prenons donc sans aucune peur des moyens radicaux en vue de détruire le péché qui infecte bien souvent notre pauvre vie humaine. Ainsi par exemple la mortification, la pénitence, le sacrifice, le jeûne corporel oui, mais surtout intérieur. Dans ce sens le grand docteur de l’Eglise saint François de Sales explique que « non seulement il faut faire jeûner les sens du corps, mais aussi l’intelligence, la mémoire et la volonté, d’autant que l’homme a péché par le corps et par l’esprit. Combien de péchés sont entrés en l’âme par
- les yeux, que la Sainte Ecriture marque pour la concupiscence de la vue ? C’est pourquoi il les faut faire jeûner, les portant bas et ne leur permettant pas de regarder des objets frivoles et illicites (il faut ajouter aujourd’hui impurs et choquants) ;
- les oreilles, les privant d’entendre les discours vains qui ne servent qu’à remplir l’esprit d’images mondaines ;
- la langue, en ne disant point des paroles oiseuses et qui ressentent le monde… On doit aussi retrancher les discours inutiles de l’entendement, ainsi que les vaines représentations de notre mémoire, les désirs superflus de notre volonté, en somme lui tenir la bride afin qu’elle n’aime ni ne tende qu’au souverain Bien…
C’est ce que nous veut signifier l’Eglise en ce saint temps de Carême, nous enseignant à faire jeûner nos yeux, nos oreilles et notre langue : pour cela elle quitte tous ses chants harmonieux afin de mortifier l’ouïe ; elle ne dit plus d’alléluia et se revêt toute de couleur sombre et obscure » (cf. Sermon pour le mercredi des cendres, 9 février 1622).
Donc il ne s’agit pas de faire des choses « extraordinaires » (attention à l’orgueil !) mais simplement de prendre au sérieux notre vie chrétienne en ayant toujours plus conscience que nos actions ici-bas jugeront notre sort éternel (Enfer ou Paradis). Disait Benoit XVI que ce temps de carême est « un temps de jeûne, de pénitence et de vigilance sur nous-mêmes, persuadés que la lutte contre le péché ne finit jamais, car la tentation est une réalité de chaque jour, et la fragilité et l’illusion sont l’expérience de tous ». Ainsi sans ce combat spirituel contre le démon, le monde et nous-mêmes, il nous sera difficile de ressusciter avec Jésus-Christ au matin de Pâques. Pour cela le Carême est aussi un temps particulier du repentir chrétien : la reconnaissance de ses propres péchés à travers le sacrement de la confession n’est pas de tout une occasion de sombrer dans le désespoir, mais c’est au contraire la possibilité de ressentir la grâce et la Miséricorde infinie du Seigneur source de conversion. Profitez-en !
Que Marie, la Mère du Rédempteur, modèle d’écoute et de fidèle adhésion à Dieu, nous accompagne dans cet itinéraire pénitentiel. Que la Très Sainte Vierge nous aide à arriver, purifiés et renouvelés dans notre cœur et notre esprit, à célébrer le grand mystère de la Pâque du Christ. Avec ces sentiments, je souhaite à tous un bon et fructueux Carême.
P. Silvio Moreno, IVE