La parabole du semeur c’est une page en quelque sorte « autobiographique », parce qu’elle reflète l’expérience même de Jésus, de sa prédication : il s’identifie au semeur, qui sème la bonne semence de la Parole de Dieu, et il se rend compte des différents effets obtenus, selon le type d’accueil qui est réservé à cette annonce.
L'explication est facile: le semeur c’est le Christ, la semence c’est l’Evangile et le terrain c’est l’âme des auditeurs : ces trois mots suffisent à tout expliquer. Encore le semeur reste-t-il dans l’ombre ; toute l’attention se concentre sur les effets produits par l’Evangile dans les âmes plus ou moins bien disposées à la recevoir.
La semence, féconde en soi, est souvent rendue inféconde par la nature du sol. C’est-à-dire que la Parole de Dieu est toujours riche de vie et d’énergie ; mais plusieurs causes extérieures annihilent sa fécondité naturelle. Jésus en énumère trois ; elles lui suffisent pour symboliser les trois états d’âme qui paralysent le plus habituellement l’action de la Parole de Dieu. Cela nous suffit également pour éxaminer notre vie en rélation à la Parole de Dieu:
1. Il est des auditeurs, indifférents ou blasés, qui ne prêtent à la Parole de Dieu qu’une attention distraite, ou l’écoutent seulement comme écouterait une musique flattant agréablement l’oreille. Cette parole ne pénètre pas ; elle reste à la surface ; la circonstance la plus insignifiante en efface jusqu’au souvenir. C’est l’action du démon. L’indifférence des chrétiens et leur légèreté tue l’action de la Parole de Dieu.
2. D’autres écoutent la Parole de Dieu avec intérêt, joie et admiration, parce qu’ils la trouvent belle, consolante, sublime ; mais ils ne songent pas à en faire la règle de leur vie. Etre sans profondeur et sans consistance, la vérité a pu toucher leur esprit mais sans engager la volonté. C’est-à-dire que cette Parole divine touche leur intelligence mais pas leur volonté. S’ils éprouvent des émotions « ce sont de ces affections languissantes, faibles imitations des sentiments véritables, désirs toujours stériles et infructueux qui se dissipent en un moment » (Bossuet). La moindre épreuve personnelle ou persécution extérieur détruit ces impressions superficielles, comme le soleil dessèche en un jour la plante sans racines. Le danger de la superficialité des chrétiens.
3. D’autres, malheureusement, et surtout dans notre temps, veulent concilier l’esprit du monde et l’esprit de Dieu. Le démon et Jésus-Christ. Leur âme reste ouverte à toutes les suggestions du dehors. L’amour du plaisir, du luxe, de l’argent, de la gloire humaine, la vanité, étouffe leurs bons désirs. Terribles épines ! Ce sont des fleurs qui ne portent jamais de fruits, ou des fruits qui ne mûrissent point. La mondanité des chrétiens.
Saint Ephrem le Syrien était un diacre qui avait le don de faire de très beaux commentaires sur la Bible. Il a été proclamé docteur de l'Eglise. Si vous le voulez bien, voici un extrait de l’un de ses commentaires dans lequel il nous dit que la Parole de Dieu est une source inépuisable. Ce texte, qui est tiré du « Livre des jours », est l’un des plus beaux qui ait été écrit sur la Parole de Dieu. Nul doute qu’il nous aidera à retrouver l’envie de lire et de vivre cette parole puissante :
« Qui donc est capable de comprendre la richesse d’une seule de tes paroles, Seigneur ? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons, comme des gens assoiffés qui boivent à une source. Les perspectives de ta parole sont nombreuses, comme sont nombreuses les orientations de ceux qui l’étudient. Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu’il aime. Et dans sa parole, il a caché tous les trésors, pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu'il médite. La parole de Dieu est un arbre de vie qui, de tous côtés, te présente des fruits bénis ; elle est comme ce rocher qui s'est ouvert dans le désert pour offrir à tous les hommes une boisson spirituelle ».
Profitons-en mes frères bien-aimés pour que la Parole de Dieu fructifie dans notre vie !
P. Silvio Moreno, IVE