Jésus-Christ est conduit au désert dans le silence. Il est important de s’arrêter un instant, au début de ce temps de carême, sur le séjour du Christ au désert de Judée, quarante jours et quarante nuits, avant sa vie publique, dont l’un des éléments essentielle de cette scène est le « silence ». Ainsi donc le recueillement silencieux du Christ au désert est pour nous une grande leçon. Les Evangiles expliquent combien Jésus allait fréquemment dans les déserts, recherchant la solitude, le calme et le silence nocturnes. L’homme qui possède vraiment Dieu dans son cœur et dans son corps cherche toujours le silence. En effet le silence est un vide nécessaire que Dieu va pouvoir remplir de sa présence. C’est là le but du silence : faire une place à Dieu, se taire pour se mettre à son écoute. Le silence permet la maîtrise de nous-mêmes, de notre corps, de nos pensées, il permet d’écarter toute idée étrangère pour se fixer seulement en Dieu.
Le Christ sait bien que Dieu n’est jamais dans les bruits tourmentés du monde. Il n’ignore pas les difficultés terribles qui vont bousculer sa vie. Pour affronter la Croix, qui reste lointaine, pour le Christ le silence et la solitude sont une nécessité. Les fidèles doivent pour cela s’habituer à prendre les forces de Dieu dans le silence pour affronter leurs croix (leurs tentations, leurs crises, etc.).
Soyons attentifs et réalistes ! Notre mode de vie moderne et agité, laisse très peu de place au silence. La plupart de nos contemporains sont effrayés par le silence, ils ont peur de se retrouver face à eux-mêmes et ainsi n’ont aucune espèce de vie intérieure, vivant à la surface d’eux-mêmes et ne recherchant jour après jour que les plaisirs d’une vie hédoniste et superficielle. Combien de jeunes et pas seulement avouent qu’ils ne supportent pas le silence, qu’ils ont besoin de musique, d’internet, du téléphone afin de pouvoir communiquer à tout instant et de se maintenir à la « mode ». Dans ce sens nous avons à faire une privation : un « silence des oreilles » et un « silence des yeux ».
Très souvent, déclare le Cardinal Sarah de qui nous prenons quelques-unes de ces réflexions, le problème du silence est un problème d’amour. En effeft le silence est une expression du véritable amour. Ainsi si nous voulons aimer et imiter le Christ sur cette terre, il faut aimer le silence, la solitude et la prière.
Une phrase du journal d’un curé de campagne de Bernanos peut beaucoup nous aider en ce temps de carême : « Le silence intérieur, celui que Dieu bénit, ne m’a jamais isolé des êtres. Il me semble qu’ils y entrent, je les reçois ainsi au seuil de ma demeure… Hélas ! Je ne puis leur offrir qu’un refuge précaire. Mais j’imagine le silence de certaines âmes comme d’immenses lieux d’asile. Les pauvres pécheurs, à bout de forces, y entrent à tâtons, s’y endorment, et repartent consolés sans garder aucun souvenir du grand temple où ils ont déposé un moment leur fardeau ». Et Romano Guardini disait : « Les grandes choses s’accomplissent dans le silence… ».
P. Silvio Moreno, IVE