JESUS ET LA GUERISON DU LEPREUX

JESUS ET LA GUERISON DU LEPREUX

« Pris de pitié devant cet homme… »

L’évangile d’aujourd’hui nous parle d’un lépreux et Jésus qui le touche sans aucune peur. Cela me rappelle le grand missionnaire de Molokai, l’ile de lépreux, le P. Damien de Veuster qui passa 16 ans de sa vie auprès des lépreux. Les premiers temps après son arrivée sur l’ile furent difficile : la vue des lépreux et l’odeur fétide qu’exhalent leurs membres rongés sont des plus pénibles à supporter, mais, écrit-il, «ils ont une âme rachetée au prix du Sang adorable de notre divin Sauveur. Si je ne puis les guérir comme Notre-Seigneur, au moins puis-je les consoler». Il meurt atteint par la lèpre et il fut canonisé par le pape Benoit XVI.     

Mais revenons sur le geste de Jésus. Les manuscrits grecs portent, ici, deux mots : « splagknisteis », pris de pitié, pris aux entrailles, ému jusqu’au tréfonds de l’être, et « orgisteis », pris de colère. Il y a de grandes chances pour que le mot authentique, utilisé par Marc, soit « pris de colère », parce qu’il est plus difficile à interpréter : un scribe, choqué par cette expression, l’aura édulcorée. Comme les deux « versions » existent dans les manuscrits, il n’est pas inutile de méditer les deux sens.

L’incarnation de Dieu est tellement réelle que vas jusqu’à ces humbles sentiments humains : la pitié et la colère.

« Pris de colère » : Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? J’y vois, la réaction de Dieu devant « le mal de l’homme ». Jésus voit, devant lui, un pauvre visage ravagé de plaies purulentes, et c’est intolérable pour lui. Ca le met en quelque sorte en colère. N’oublions pas que Jésus, c’est Dieu incarné. Par ce mouvement Jésus nous dit que Dieu condamne cette affreuse condition de l’homme atteint dans sa chair par la maladie. Cette attitude de Jésus c’est la réponse à tant d’hommes qui trouvent dans le problème du mal l’objection la plus forte à l’existence de Dieu.

« Pris de pitié… » : Cette expression est plus immédiatement compréhensible. Nous avons un Dieu qui prendra sur lui nos blessures. La condition de l’homme est fragile. L’homme est blessé par le péché originel. Seul Dieu est Dieu. Seul Dieu est parfait. Le monde et l’homme n’est pas Dieu. Mais si Dieu a fait une créature marquée de finitude et d’imperfection… il ne l’a faite que dans le projet de lui donner, un Jour, sa propre Vie divine. Pour Dieu, l’homme est inachevé, tant qu’il n’est pas ressuscité, tant qu’il n’est pas « divinise » ! Et le mal moral et physique qui atteint l’homme le met en colère et suscite sa pitié : alors, Jésus guérit quelques malades, comme un signe du Jour final, quand tout sera parfait.  

Mais souvent ce n’est pas notre peau superficielle qui est malade, c’est notre cœur ! Il est important de noter que par quatre fois, Marc a véritablement évité d’employer le mot « guérir » qui aurait été plus naturel, pour employer le mot « purifier ». En effet, dans la Bible tout entière, la lèpre est le symbole même du péché qui défigure en nous l’image de Dieu.

Examinons donc notre vie : quelle lèpre intérieure ronge en nous non seulement notre santé mais surtout notre sainteté ? De quel mal demandons-nous d’être délivrés, quand nous disons le Notre Père ? Sommes-nous bien convaincus que les maladies de l’âme sont plus redoutables que celles qui n’atteignent que notre chair ? Est-ce que l’expression mort spirituelle a du sens pour nous, plus terrible que la mort physique ? Croyons-nous vraiment, selon la fin de notre Credo, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, et à la vie éternelle ?

P. Silvio Moreno, IVE  

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