LA VENERATION DES RELIQUES

LA VENERATION DES RELIQUES

INTRODUCTION. Le reliquaire de la Cathédrale de Tunis a été inauguré le 28 septembre 2014 à l’occasion de la Fête patronale de la Cathédrale. A dire vrai il contient une bonne partie des reliques des saints qui autrefois ont été vénérées dans les différentes églises en Tunisie, pendant le protectorat de France et désormais désaffectées au culte ou désacralisées, comme aussi quelques-unes des reliques vénérées au Carmel de Carthage, aujourd’hui école et bibliothèque privée. Vu leur importance historique et religieuse pour notre diocèse et pour chaque chrétien, nous avons essayé pendant plusieurs mois d’une façon très modeste de restaurer les anciens reliquaires avec ses reliques et de les mettre en valeur à l’intérieur de la Cathédrale ensemble au grand reliquaire de Saint Louis Roi de France, provenant de la ancien Cathédrale de Carthage, avec un panneau explicatif. Voici donc un bref enseignement sur les reliques, les reliquaires et le pourquoi de la vénération des reliques des Saints.

1- Qu’est-ce que des reliques ?
Le mot reliques vient du latin reliquiae, qui signifie littéralement " ce qui reste " et qui était employé en particulier pour désigner les cendres ou le corps d’un mort. En Français moderne, il n’est plus employé que pour désigner les corps des saints, une partie de celui-ci, des objets qu’ils ont utilisés, auxquels l’Église rend un culte. (Il peut aussi désigner un objet qu’un saint a utilisé). Les reliques, pour des raisons évidentes de sécurité, ne sont en général pas exposées telles quelles, mais contenues dans une boite appelée «reliquaire», souvent vitrée pour qu’on puisse les apercevoir. C’est le cas de Saint’ Eugénie, vierge et martyre… (Voir photo ci-dessous)

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2- Un Reliquaire ?
Un reliquaire est un réceptacle, généralement un coffret, destiné à contenir une ou plusieurs reliques. La dévotion populaire cherchant à honorer ceux dont les restes mortels étaient préservés fit que tout un art se développa, créant des reliquaires en matériaux précieux de forme et style esthétique divers. Les reliquaires sont donc destinés à conserver les restes terrestres de saints personnages ou d'autres objets qui ont été sanctifiés par leur contact. Ils servent à les préserver de la corruption et des souillures. C'est pourquoi on utilisa de moins en moins le bois, et de plus en plus le métal, au moins pour les reliques les plus précieuses. Ils servent à en garantir l'authenticité et l'intégrité. C'est pourquoi ils sont le plus souvent scellés et parfois munis de chartes rédigées et signées par un évêque. Ils servent à exposer les reliques à la piété des fidèles, soit dans l'église même, soit lors de procession. Au départ en effet les reliques étaient conservées sous les autels des églises (reliquaires de fondation) ; mais à partir du XIIe siècle on les exposa à la piété des fidèles (reliquaires de vénération), soit sur l'autel, soit sur une « tribune d'ostension», ou encore dans des reliquaires portatifs appelés monstrances. Une autre fonction du reliquaire, ou plutôt des ornements précieux des reliquaires, était de manifester la gloire et le prestige du saint dont il contenait les restes, et au-delà du saint lui-même, la gloire et le prestige de la communauté qu'il protégeait. En tant qu'objets précieux, les reliquaires étaient conservés dans le Trésor des églises avec les autres pièces d'argenterie, comme les calices, cross, etc.


3- Pourquoi vénérer les reliques des saints ?
Cette pratique remonte aux premiers temps de l’Église. Les premiers chrétiens vénéraient les tombes des martyrs. Le concile Vatican II l’a rappelé : «Selon la tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Église, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images. Les fêtes des saints proclament les merveilles du Christ chez ses serviteurs et offrent aux fidèles des exemples opportuns à imiter» (Constitution Sacrosanctum Concilium sur la sainte Liturgie, 111). La vie des saints nous est donnée en modèle par l’Église. Nous croyons qu’ils sont auprès de Dieu et intercèdent pour nous. Leurs reliques rappellent leur passage sur la terre. Bien évidemment, ils ne sont pas présents dans ces reliques, mais elles sont un signe de leur présence parmi nous. Vénérer les reliques, c’est aussi manifester notre foi en la résurrection des morts. La mort n’est pas une fin. Le corps mort du saint annonce son corps glorieux. Il n’y a rien, absolument rien de magique, dans les reliques. L’Église a toujours condamné fermement les usages sacrilèges que certains en en ont fait. À travers elles, c’est à Dieu qu’on rend le culte qui lui est dû. Elles sont un moyen, non une fin. De même que nous vénérons un reliquaire parce que nous savons qu’il contient des reliques, à travers ces reliques, nous vénérons le saint, et adorons Dieu qui l’a conduit vers la sainteté. C’est pour marquer cela qu’on parle de vénération des reliques : l’adoration est réservée à Dieu seul. Nous adorons le Saint-Sacrement, l’hostie consacrée, car nous savons que Jésus, qui nous donne son corps en nourriture, y est réellement présent. Nous vénérons les reliques des saints qui nous rappellent ceux qui sont nos modèles pour adorer Dieu. Le concile de Trente s’en est inspiré trois cents ans plus tard pour donner la juste définition de la vénération des reliques : « Les fidèles doivent aussi vénérer les saints corps des martyrs et des autres saints qui vivent avec le Christ; ils ont été des membres vivants du Christ et le temple du Saint-Esprit (1 Co. 3, 16; 6,19; 2 Co 6,16) et seront ressuscités et glorifiés par lui pour la vie éternelle. Par eux Dieu accorde de nombreux biens aux hommes ».

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4- La doctrine de Saint Thomas d’Aquin et Saint ’Augustin sur les reliques
Adoration des reliques des saints?
Objections: 1. On ne doit rien faire qui puisse être occasion d'erreur. Or, adorer les restes des morts semble se rattacher à l'erreur des païens, qui rendaient un culte aux défunts.
2. Il est sot de vénérer un objet insensible, ce que sont pourtant les restes des saints.
3. Un corps mort n'est pas de la même espèce que le corps vivant; il n'est donc pas numériquement le même. Il apparaît donc qu'après la mort d'un saint, on ne doit pas adorer son corps.
En sens contraire, on lit dans le livre des Croyances ecclésiastiques: " Nous croyons que l'on doit vénérer très sincèrement les corps des saints, et principalement les restes des bienheureux martyrs, comme s'ils étaient les membres du Christ. "

Réponse: S. Augustin écrit: " Si les vêtements et l'anneau d'un père sont d'autant plus chers aux enfants qu'ils aiment davantage leurs parents, on ne doit aucunement mépriser les corps qui nous sont encore beaucoup plus familiers et intimement unis que les vêtements que nous portons; ils se rattachent en effet à la nature même de l'homme. " Il est clair que celui qui aime quelqu'un vénère après sa mort ce qui reste de lui; non seulement son corps et des parties de son corps, mais aussi des objets extérieurs, comme des vêtements. Il est donc évident que nous devons avoir de la vénération pour les saints de Dieu, qui sont les membres du Christ, les fils et les amis de Dieu et nos intercesseurs auprès de lui. Il est donc évident aussi que nous devons, en souvenir d'eux, vénérer dignement tout ce qu'ils nous ont laissé, et principalement leurs corps, qui furent les temples et les organes du Saint-Esprit, habitant et agissant en eux, et qui doivent être configurés au corps du Christ par la résurrection glorieuse. C'est pourquoi Dieu lui-même glorifie comme il convient leurs reliques, par les miracles qu'il opère en leur présence.

Solutions: 1. Ce fut le motif invoqué par Vigilantius et rapporté par S. Jérôme dans le livre écrit contre lui: " C'est un rite presque païen que nous voyons s'introduire sous prétexte de religion. Ils adorent, en la baisant, je ne sais quelle poussière enfermée dans un petit vase enveloppé dans un linge précieux. " Contre quoi Jérôme écrit: " Nous n'adorons pas les reliques des saints, ni non plus le soleil, la lune ni les anges " d'une adoration de latrie. Mais nous honorons les reliques des martyrs, afin d'adorer celui dont ils sont les martyrs; nous honorons les serviteurs afin que l'honneur rendu à ceux-ci rejaillisse sur le Seigneur. " Ainsi donc, en honorant les reliques des saints, nous ne tombons pas dans l'erreur des païens qui rendaient aux morts un culte de latrie.
2. Nous n'adorons pas ce corps insensible pour lui-même, mais à cause de l'âme qui lui fut unie et qui jouit maintenant de Dieu, et à cause de Dieu, dont l'âme et le corps furent les serviteurs.
3. Le corps mort d'un saint n'est pas identique numériquement à son corps vivant, lequel avait une forme différente: l'âme. Mais il est le même par identité de matière, laquelle sera de nouveau unie à l'âme, sa forme.

5- L’Enseignement des Papes
Benoît XVI disait aux jeunes à Cologne aux JMJ d’août 2005 : « Les reliques nous conduisent à Dieu lui-même : en effet, c’est Lui qui, par la force de sa grâce, donne à des êtres fragiles le courage d’être ses témoins devant le monde. En nous invitant à vénérer les restes mortels des martyrs et des saints, l’Eglise n’oublie pas qu’il s’agit certes de pauvres ossements humains, mais d’ossements qui appartenaient à des personnes visitées par la puissance transcendante de Dieu. Les reliques des saints sont des traces de la présence invisible mais réelle qui illumine les ténèbres du monde, manifestant que le règne de Dieu est au-dedans de nous. Elles crient avec nous et pour nous : "Maranatha" – "Viens Seigneur Jésus". »

 

P. SILVIO MORENO, IVE

Vicaire de la Cathédrale de Tunis

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