...Exemple d'amitié
il faut la capacité d’amitié parce que le mariage est une relation d’amitié extrêmement particulière. Par rapport à cela il est nécessaire de savoir dialoguer en couple, de cultiver le vrai dialogue entre les époux eux-mêmes et avec leurs enfants. Dans ce sens il y a une lettre des saints époux Martin dont on voit clairement cette caractéristique du couple l’amour d’amitié. Louis martin commence en disant « chère amie » et il termine en disant « ton vrai ami ». Ils sont donc avant tout de vrais amis : « Chère Amie, je ne pourrai arriver à Alençon que lundi, le temps le parait long, il me tarde d’être près de toi. Inutile de te dire que ta lettre m’a fait grand plaisir, sauf d’y voir que tu te fatiguais beaucoup trop. Ainsi, je te recommande bien le calme et la modération, dans le travail surtout… J’ai eu le bonheur de communier à Notre Dame des Victoires, qui est comme un petit paradis terrestre. J’ai aussi fait bruler un cierge à l’intention de toute la famille. Je vous embrasse tous de cœur, en attendant le bonheur de vous être réuni… Ton mari et vrai ami, qui t’aime pour la vie »[1].
...Exemple de fidelité et unité congiugale
Il faut comprendre la nouveauté du monde. Mais c’est cette nouveauté du monde qui exige de nous justement un engagement à vie - qu’il s’agisse du mariage ou du sacerdoce - un engagement plus sacré, plus lucide, plus personnel, plus actuel. Plus actuel surtout, dans le sens où l’engagement doit être repris chaque jour comme à neuf, dans un élan créateur et plein d’amour. Comme on le disait au début de ces pages, l’engagement, la fidélité sont des valeurs, comme l’amour, qui dépendent aussi de la volonté personnelle (et certainement de la grâce de Dieu), c’est un choix que l’on fait tous les jours de notre vie. Je veux aimer, je veux être fidèle tous les jours quoi qu’il en coûte. « Aujourd’hui je commence » se redisait chaque matin Saint Alphonse Marie de Liguori. N’est-ce pas un des grands secrets de la fidélité ? Cela est vrai des époux, cela est vrai des prêtres.
Les lettres d’amour des époux Martin, canonisés par le pape François, nous montrent justement le concret de leur amour : l’unité produite par la fidélité… et la fidélité nourrie par l’unité : « Loin de mon époux, écrit Zélie Martin, je suis comme les poissons que l’on tire hors de l’eau ; ils ne sont plus dans leur élément, il faut qu’ils périssent ! Cela me ferait le même effet si mon séjour ici à Lisieux avec les enfants devait se prolonger beaucoup. Je me sens mal à l’aise, je ne suis point dans mon assiette, ce qui influe sur le physique et j’en suis presque malade. Cependant, je me raisonne et tache de prendre le dessus ; je te suis en esprit toute la journée ; je me dis : ‘il fait telle chose en ce moment’. Il me tarde bien d’être auprès de toi, mon cher Louis ; je t’aime de tout mon cœur, et je sens encore redoubler mon affection par la privation que j’éprouve de ta présence ; il me serait impossible de vivre éloignée de toi… »[1].
.... Exemple de soumission à la volonté de Dieu
Nous avons déjà cité des lettres des époux Martin. Mais ce qui nous touche le plus c’est que jusqu’à leurs derniers jours, Louis et Zélie Martin, parents de 5 filles, demeureront les témoins de cette foi vivante, simple, ancrée au plus profond de leur être et dans une totale soumission à la volonté de Dieu. Zélie sera emportée par une tumeur au sein. Louis terminera sa vie dans la maladie mentale, incapable de marcher. Peu avant de mourir, Zélie écrit à son frère : « Je ne puis écrire plus long, mes forces sont à bout. Si la Sainte Vierge ne me guérit pas, c’est que mon temps est fait et que le bon Dieu veut que je me repose ailleurs que sur la terre ». Ces derniers mots de Zélie signent sont total abandon à Dieu qui attire à lui. Et de Louis, malade, émane la même force lumineuse de la foi : « O mes enfants, priez bien pour moi ! » lâche-t-il dans l’épuisement demandant à Saint Joseph de mourir en saint.
Un extrait de la correspondance de Zélie résume bien le contenu de leur sainteté au quotidien : « Le mieux est de mettre toute chose entre les mains du bon Dieu et d’attendre les évènements dans l’abandon à sa volonté ». Car « hors aimer Dieu et le servir, ajouté Louis, tout n’est que vanité ».
Prions Louis et Zélie Martin pour le synode sur la famille
Louis et Zélie Martin, vous qui, dans votre vie de couple Et de parents, avez donné le témoignage d’une vie chrétienne exemplaire, Par l’exercice de votre devoir d’état et la pratique des vertus évangéliques, Nous nous tournons vers vous aujourd’hui.
Nous vous prions spécialement… pour les pères synodaux : afin qu’ils se laissent guider par l’Esprit Saint et que l’Eglise puisse ainsi donner aux familles d’aujourd’hui une parole claire et encourageante.
Et que l’exemple de votre confiance inébranlable en Dieu et de votre abandon constant à sa volonté à travers les joies mais aussi les épreuves, les deuils et les souffrances dont votre vie a été jalonnée, nous encourage à persévérer dans nos difficultés quotidiennes et à demeurer dans la joie et l’espérance chrétiennes. Intercédez pour nous auprès du père pour que nous obtenions les grâces dont nous avons tant besoin aujourd’hui dans notre vie terrestre. Et que nous parvenions comme vous à la béatitude éternelle.
[1] Lettre de Zélie Martin à son époux le 31 aout 1873. Cf. Archives du Carmel de Lisieux.
[1] De Louis Martin à sa femme, le 8 octobre 1863. Il est alors en voyage d’affaires à Paris pour le point d’Alençon. Cf. Archives du Carmel de Lisieux.