NOTE DU BLOG: Nous publions à continuation les interventions de deux femmes de l'Eglise d'Afrique engagées au service des familles au Cameroun et au Rwanda
Intervento della Famiglia Kola (Camerun)
Sig.ra Aïcha Marianne KENNE SOB in KOLA e Sig. Irénée KOLA, Membri della Federazione Africana d'Azione Familaire (FAAF); Consiglieri coniugali e familiari
Très Saint Père,
Pères Synodaux,
Chers frères et sœurs,
Nous sommes très honorés de prendre la parole dans cette assemblée.
Nous sommes Aïcha Marianne et Irénée KOLA, de l’Archidiocèse de Douala au Cameroun. Nous sommes mariés depuis quinze ans et avons cinq enfants. Il y a de cela treize ans, nous nous sommes rendus disponibles pour servir l’Eglise à plein temps. Après des études à l’Institut Pontifical Jean-Paul II sur le mariage et la famille, nous sommes depuis responsables de l’Apostolat de la famille dans l’archidiocèse de Douala. Par ailleurs, nous sommes membres de la Fédération Africaine d’Action Familiale.
Nous souhaitons intervenir sur la troisième partie, particulièrement l’accompagnement post-matrimonial et le service de la vie.
En cheminant avec les familles, nous avons mesuré combien il est important d’accompagner les couples après leur mariage. Lorsqu’ils sont bien formés et accompagnés dans toutes les étapes de leur croissance, ils rayonnent et offrent à l’Eglise et à la société un beau témoignage de la vie conjugale et familiale. Mais malheureusement, de nombreux couples ne bénéficient pas toujours de cet accompagnement.
L’Eglise nous enseigne que le mariage et le sacerdoce sont des sacrements de mission. Regardons un peu ce qui se passe d’un côté et de l’autre. Après de très longues années de formation passées au séminaire, les prêtres, pour mieux vivre leur vocation, bénéficient d’un suivi particulier; entre autres, des formations continues régulières, des retraites spirituelles obligatoires au moins une fois par an, des exercices spirituels, etc. Tandis que les personnes mariées ont droit à une formation accélérée d’à peine quelques mois, sans qu’un suivi systématique leur soit proposé après.
D’autre part, nous nous sommes rendus compte sur le terrain que la mise en pratique de l’enseignement de l’Eglise en ce qui concerne les méthodes naturelles de régulation des naissances est négligée, et même absente dans plusieurs diocèses. Comment aider les couples à mieux vivre la parenté responsable, à résister au tsunami des contraceptifs, sans les former à l’utilisation des méthodes naturelles pour une procréation responsable?
Nous proposons:
- Que soient mises sur pieds dans nos diocèses des structures de pastorale familiale viables avec des programmes concrets, qui proposent aux couples un accompagnement systématique après le mariage;
- Que des couples soient encouragés à s’engager dans la pastorale familiale et soient formés pour s’y consacrer à plein temps au niveau des diocèses;
- Que les enseignements sur les méthodes naturelles de régulation des naissances, ainsi que l’initiation à celles-ci soient systématiquement donnés aux couples pendant la préparation au mariage;
- Que dans les paroisses, collèges et université catholiques, les jeunes, tout en étant formés pour le vécue d’une saine sexualité, soient informés de l’existence des méthodes naturelles de régulation des naissances; qu’ils soient imprégnées des fondements anthropologiques, éthiques et théologiques qui sous-tendent ces méthodes. Une fois mariés, ils pourront mieux résister à la mentalité contraceptive dont parlait le saint pape Jean Paul II en disant qu’elle est étroitement liée à la mentalité abortive, la contraception et l’avortement étant les fruits d’un même arbre. (EV N° 13).
Les familles engagées dans la pastorale familiale ont besoin d’être soutenus par leurs pasteurs dans les initiatives qu’elles prennent pour promouvoir et défendre la vie, le mariage et la famille. C’est le cas des Journées Diocésaines de la Famille et des ‘‘Marches pour la Vie’’ que nous organisons dans L’archidiocèse de Douala au Cameroun et qui sont soutenues par l’archevêque. Ces ‘‘Marches pour la Vie’' sont pacifiques et permettent de sensibiliser les populations et les politiques sur la nécessité de protéger la vie humaine dès la conception jusqu’à la mort naturelle; elles permettent aussi de dire notre désapprobation par rapport aux idéologies pernicieuses de la post modernité et aux lois qui veulent détruire le mariage et la famille; C’est le cas des lois visant à dépénaliser l’avortement et le mariage des personnes de même sexe. Par notre expérience nous avons compris que ces manifestations de notre foi catholique peuvent avoir un impact très positif sur les politiques familiales des pays, surtout en Afrique. C’est pourquoi nous proposons que les diocèses organisent régulièrement ces ‘‘Marches pour la Vie’’, qui manifestent publiquement notre engagement pour l’Evangile de la vie et pour le rejet de la ‘‘culture du déchet’’ dont le Pape François ne cesse de nous mettre en garde.
Nous avons espoir que le Synode suscitera un engagement plus fort pour une pastorale familiale plus dynamique.
Nous vous remercionspour votre attention !
Intervento della Sig.ra Thérèse NYIRABUKEYE, Consulente e formatrice per la Federazione Africana dell'Azione Familiare (FAAF) (Rwanda)
Très Saint Père,
Révérends Pères Synodaux,
Je voudrais tout d’abord exprimer à Sa Sainteté le Pape François, ma profonde reconnaissance pour avoir offert aussi aux laïcs, et en particulier aux femmes, l’opportunité de vivre ce grand événement de l’Eglise universelle qu’est le Synode des Evêques. Cela est pour nous, à la fois une grâce et une mission.
Permettez-moi ensuite d vous transmettre le message que les Associations-membres de la Fédération Africaine d’Action Familiale, FAAF en sigle m’ont confié. Elles m’ont chargé de vous dire deux choses: d’abord qu’elles prient beaucoup pour le Synode et en particulier pour le Saint Père; et ensuit ceci: «Qu’après avoir expérimenté combien leur travail, aide les couples et les jeunes à prendre conscience de la beauté et de la grandeur de la vocation et de la mission de la famille, elles se sont engagées avec détermination à servir la pastorale de la famille en général, et d’une manière spécifique à faire connaître le dessein de Dieu sur le mariage et la famille en ce qui concerne «le service de la vie», c’est-à-dire, répondre à l’appel du Pape Jean Paul II. Je cite:«Devant le problème d'une honnête régulation des naissances, la communauté ecclésiale doit aujourd'hui s'efforcer de susciter des convictions et d'offrir une aide concrète à ceux qui veulent vivre la paternité et la maternité de façon vraiment responsable» (FC n° 35). Ainsi la FAAF s’efforce d’aider les diocèses qui le désirent à mettre en place des services qui offrent aux couples avec compétence les méthodes naturelles et les accompagnent dans un cheminement d’intégration des valeurs familiales. La Fédération propose en même temps aux jeunes un cheminement d’éducation à la vie et à l’amour.
Concernant ma contribution à l’objet de réflexion de ce Synode, à partir d’une expérience de plus de 30 ans au service de l’Eglise dans différents secteurs de la pastorale familiale, je voudrais humblement dire ceci aux pasteurs, du moins pour ceux du continent africain. «Il y a un devoir impérieux de faire suffisamment connaître le dessein de Dieu sur la personne, le mariage et la famille. Beaucoup de chrétiens l’ignore mais aspire profondément à le connaître. Permettez-moi d’illustrer cela seulement par quelques situations des concrètes:
- 1 ère situation: En 1998, les étudiants mariés de la première promotion de la Section de l’Afrique Francophone de l’Institut Pontifical Jean Paul II au Bénin, après une année et demie de formation académique m’ont fait la réflexion suivante:«C’est seulement maintenant que nous comprenons la signification et la valeur de la famille. Maintenant que nous avons pris conscience de la grandeur et des exigences du sacrement de mariage, ne pouvons-nous pas demander à l’Evêque de nous permettre de célébrer de nouveau le sacrement de mariage?».
- 2ème situation: En 2007, dans mon pays (Rwanda), des couples à qui le curé avait demandé d’assurer aux fiancés des cours préparation au mariage, se sont rendu compte qu’ils ne sont pas outillés pour cet apostolat. Le curé a demandé de lui donner un coup de mains. Ils ont suivi une formation initiale d’une année, à raison d’un week-end par mois.
Le contenu de la formation était dans ses grandes lignes le suivant:
- le dessein de Dieu sur le mariage et la famille,
- l’amour conjugal,
- le sacrement de mariage,
- les approches méthodologiques à utiliser.
Les principaux documents de référence pour cette formation étaient:
- La Bible,
- Gaudium et Spes,
- l’Exhortation Apostolique «Familiaris Consortio»,
- l’Encyclique Humanae Vitae,
- le Catéchisme de l’Eglise Catholique.
A la fin de la formation, les couples qui ont suivi la formation nous ont dit ceci:«Pouvez-vous nous dire pourquoi l’Eglise n’explique pas tout ce que vous nous avez enseigné aux couples avant leur mariage?Si nous avions su ce que maintenant nous savons sur le mariage et la famille, il y a dans notre vie de couples et de familles bien d’expériences malheureuses que nous aurions pu éviter. L’ignorance ne nous pas rendu service».
- 3ème situation: En 2010, à Bangui en République Centre Africaine, au cours d’une session de formation animée par la FAAF pour des couples, ils se sont exclamés en ces temes : «C’est la première fois que nous suivons une session qui nous parle du mariage et de la famille en profondeur».
- 4ème situation: Au Bénin, du 14 au 24 septembre 2015, j’ai animé une session de formation initiale des candidats éducateurs aux méthodes naturelles de régulation des naissances:16 couples, 9 religieuses, 3 femmes et 1 homme. Quand je les quittais, le porte-parole du groupe m’a dit ceci:«Dites aux pères du Synode que nous avons pris conscience combien la famille est importante pour la personne, pour l’Eglise et pour la société. Cela fait que nous sommes déterminés à suivre assidument le tout le processus de formation afin de parvenir à être confirmés en qualité d’éducateurs. Nous avons compris que c’est le Seigneur nous a conduit dans cette session pour faire de nous des apôtres de la famille».
Pour conclure, je tiens à dire qu’à mon humble avis, pour que la bonne nouvelle sur du mariage et de la famille soit connu, un minimum de 3 conditions est nécessaires:
- Une préparation adéquate et soutenue des agents pastoraux de terrain
- Un cadre approprié (une structuration et des moyens appropriés)
- Un engagement effectif des pasteurs conjugué d’un suivi approprié.