Au milieu d’une mer agitée par les vents de la calomnie lorsque l’on touche une communauté religieuse et son fondateur, la première chose qui vient à l’esprit est le sens de responsabilité et l’attachement envers son propre Institut religieux. Don Luigi Orione disait : «S’il y a quelque chose de bon dans la Petite Congrégation (de la divine Providence), c’est entièrement l’œuvre et la bonté de la divine Providence. S’il y a quelque chose de défectueux et de banal, c’est entièrement mon œuvre, ma mauvaise œuvre, et peut-être aussi celle de quelques-uns d’entre vous, ô mes chers enfants»[1].
Prise de conscience. Chacun de nous manifeste la vie et le visage de sa congrégation dans le monde. Mes actions, mes paroles, mes comportements sont aussi responsables de sa réputation… Cela implique un attachement du “cœur” et du “corps” à sa congrégation. Attachement qui passe par 4 axes différents : Affiliation spirituelle : se sentir fils de sa propre congrégation. Abandon, sacrifice, renoncement par amour de sa congrégation. Engagement et défense de son patrimoine, de son charisme, de sa spiritualité. Pardon et reconstruction : si nous sommes attaqués et calomniés par ceux qui étaient auparavant à nos côtés, apprenons à les regarder comme un bien pour nous et pour la congrégation, même si nous ne découvrons pas immédiatement sa signification. Voici ce que rapporte Don De Paoli par rapport à une attitude de Don Orione : « L’un de ses fils, au moment d’abandonner la Congrégation, le couvrit d’injures et d’insultes grossières. J’étais présent. Don Orione voulut lui donner de l’argent, l’embrassa avec tendresse, déposa affectueusement un baiser sur son front, lui souhaita bien des choses et nous demanda de prier pour lui comme si c’était un bienfaiteur ».
Que faire alors lorsque nous entendons attaquer une congrégation et son fondateur ? Tout d’abord, ne nous scandalisons pas, puis pardonnons, prions et aimons. Un religieux orionite, à qui D. Orione avait donné des charges de confiance, lui écrit un jour une lettre «mauvaise et mensongère ». Ce dernier en est affecté. Don Cribellati lui demande alors quelles mesures disciplinaires prendre. Don Orione répond : « Rien… Pour ces gens : a) on prie Dieu; b) on pardonne ; c) on aime ». Magnifique !
C’est cet exemple qu’il nous faut suivre. Voilà, reconstruire c’est aimer, c’est faire le bien, malgré le mal que nous subissons. Encore le modèle de Saint Louis Orione est extraordinaire. A Tortona, les esprits étaient agités par rapport à sa congrégation. L’évêque se lamentait. Malignité, commérages, accusations, calomnies, hostilité et tourments. Don Orione envoie ce billet à un ami de Rome, en exprimant une vérité extraordinaire à la fin de ces lignes: « Je pardonne à tous et je suis bien content d’être loin des intrigues et de la pagaïe de Tortona. Mes prêtres prient, se taisent et attendent comme moi, fidentes in Domino…Que mes ennemis m’arrachent les yeux s’ils le veulent ; il suffit qu’ils me laissent mon cœur pour aimer… ».
Tant que nous avons le cœur pour aimer, rien n’est perdu.
P. Silvio Moreno, IVE
[1] Les citations de D. Orione sont tirées de “30 jours”, Don Orione, n. 5, 2004.