LES RESAUX SOCIAUX ET LE SILENCE POUR ECOUTER DIEU

LES JEUNES ET LE SILENCE

Une étude su les risques des réseaux sociaux indique que le taux d’anxiété et de dépression a fait un bond de 70% chez les jeunes depuis ces 25 dernières années. Une autre étude indiquait, au Royaume Uni, seulement un 22% des gens avec un profil sur un réseau social en 2006 contre 89% en 2016.

Conséquences négatives des réseaux sociaux

  • Le cyber-harcèlement
  • L’addiction (aux jeux, à la pornographie, etc.)
  • Anxiété et dépression
  • Manque de sommeil
  • Mal-être physique
  • Déséquilibre émotionnels
  • Rupture de la propre identité
  • Artificialité dans les relations humaines

Il s’agit donc d’une véritable dictature du bruit. Cette plaie moderne est très dangereuse pour notre vie chrétienne. Le Cardinal Sarah dans livre "La Force du Silence" affirme :

« Les personnes qui vivent dans le bruit sont semblables à des poussières balayées par le vent. Elles sont esclaves d’un tumulte qui détruit leurs rapports à Dieu » (p. 104).

« Dans les écoles mêmes, le silence a disparu. Et pourtant, comment étudier dans le bruit ? Comment lire dans le bruit ? Comment former son intelligence dans le bruit ? Comment structurer sa pensée et les contours de son être intérieur dans le bruit ? Comment s’ouvrir au mystère de Dieu, aux valeurs spirituelles et à notre grandeur humaine dans un tumulte continuel ? […] Aujourd’hui, trop peu de chrétiens acceptent de rentrer en eux-mêmes pour se regarder et laisser Dieu les regarder. Je persiste : trop peu acceptent de se confronter à Dieu dans le silence… En tuant le silence, l’homme assassine Dieu. Mais qui aidera l’homme à se taire ? Son téléphone portable sonne continuellement ; ses doigts et son esprit sont toujours occupés à envoyer des messages… Le gout de la prière est probablement le premier combat de notre époque » (p. 87-88).

Il est très dangereux alors de faire du bruit une question culturelle de laquelle on ne peut pas se débarrasser. Le silence a une force surnaturelle. Le bruit non. Pour cela afin d’être à l’image de Dieu et pour se libérer du bruit l’homme doit entrer dans le silence. Les faux catholiques de la modernité, qui déclarent une forme de guerre au silence, ont perdu la bataille.

Comment pouvons-nous définir le silence ? Le petit robert il désigne « l’absence de bruit, d’agitation, l’était d’un lieu où aucun son n’est perceptible ». Mais, affirme le Cardinal Sarah, le silence n’est pas seulement une absence. « Au contraire, il est la manifestation d’une présence, la plus intense de toutes les présences. Le discrédit porté sur le silence par la société moderne est le symptôme d'une maladie grave et inquiétante. Les vraies questions de la vie se posent dans le silence » (p. 40).

Nous avons donc besoin du silence. Nos familles ont besoin du silence. Thomas Merton, cité par le Cardinal, écrivait dans Le Signe de Jonas : « Sa nécessité est particulièrement évidente en ce monde où il y a tant de bruit et de paroles ineptes. Le silence est nécessaire pour protester et réparer les destructions et dégâts provoques par le péché du bruit […] Mais le tumulte, la confusion et le bruit perpétuels qui règnent dans la société moderne sont l’expression de ses péchés les plus graves […] Un monde de propagande, d’arguments infinis, de vitupérations, critiques ou simplement de bavardages, est un monde dans lequel la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Les catholiques qui s’associent à ce genre de bruit, qui pénètrent dans la Babel des voix, s’exile jusqu’à un certain point de la cité de Dieu ».

"Le bruit est un viol de l’âme, le bruit est la ruine silencieuse de l’intériorité. L’homme a toujours tendance à rester à l’extérieur de lui-même. Mais il faut sans cesse revenir vers la citadelle intérieure. Pour cela le philosophe Kierkegaard affirme de manière éloquente : « Oh, si de toute cette situation chrétienne actuelle l’on devait dire que c’est une maladie, et que je sois médecin, lorsqu’on me demandait : ‘selon vous quel est le remède ?’, alors ma réponse serait : ‘Ce qui est absolument de première nécessité s’appel : silence’. Silence, silence, donnez-nous derechef du silence […] Oui, nous nous trouvons en face d’un renversement total : maintenant que les moyens de communications ont presque atteint un sommet de vitesse et une étendue sans limites, nous nous trouvons en même temps au point le plus bas de l’insignifiance des communications. Aussi grande est la hâte actuelle pour tout crier sur les toits, aussi grande l’étendue du bavardage ! Oh, s’il vous plait : su silence ! » (p. 133-134).

Comment s’y exercer ?

Le silence des oreilles

Le silence des yeux

Le Silence de la bouche

Le silence de l’âme     

C. Eduquer au silence[1]

Je pense aussi qu’un aspect nécessaire pour toute éducation chrétienne est bien l’éducation au silence intérieur et extérieur surtout chez les enfants et les jeunes. Malheureusement, comme le disait Bernanos dans une phrase devenue célèbre : « Le monde moderne est une conspiration contre toute espèce de vie intérieure »[2].

Le silence est le moyen pour écouter notre créateur. Tout croyant qui fait l’expérience de la prière le sait bien : le silence est indispensable au recueillement, il est nécessaire pour goûter la présence de Dieu en soi et se rendre attentif à sa voix. Car le silence est un vide nécessaire que Dieu va pouvoir remplir de sa présence. C’est là le but du silence : faire une place à Dieu, se taire pour se mettre à son écoute, se faire petit pour qu’il grandisse en nous, oublier le monde pour s’oublier en Lui. Le silence permet la maîtrise de soi, de son corps, de ses pensées, il permet d’écarter toute idée étrangère pour se fixer en Dieu.      

Les obstacles au silence

Notre mode de vie moderne, urbain et agité, laisse très peu de place au silence. La plupart de nos contemporains sont effrayés par le silence, ils ont peur de se retrouver face à eux-mêmes et ainsi n’ont aucune espèce de vie intérieure, vivant à la surface d’eux-mêmes et ne recherchant jour après jour que les plaisirs d’une vie hédoniste et superficielle. Combien d’adolescents avouent qu’ils ne supportent pas le silence, qu’ils ont besoin de musique, d’internet, du téléphone afin de pouvoir communiquer à tout instant. 

Une disciple de Maria Montessori parlait du silence ainsi :

« Dehors, il y a le monde. Dehors, il y a le bruit. Il y a la hâte, la convoitise, la vanité. Mais la maison n'est pas dehors : c'est dedans. Ce n'est pas le monde, c'est nous. Il ne tient qu'à nous de remplir la maison de silence. Le silence repose, apaise, guérit, console. Il répare les forces, protège la vie, favorise la pensée. Le silence rend meilleur… Le silence est une conquête sur soi et un triomphe sur le monde… »[3].

Établir un climat de silence

Ne jamais remplacer le dialogue vrai et réel en famille par le dialogue cybernétique ! Mais après le « silence des oreilles », il faut également apprendre le « silence des yeux ». Nous l’avons déjà dit, nous vivons dans un monde où « l’audio-visuel » règne en maître : non seulement il y a du bruit partout, mais d’innombrables images sur internet nous sollicitent en permanence : magazines, affiches, panneaux publicitaires, films, etc. Désormais cela est arrivé au point d’une véritable agression. Est-il possible d’absorber tant d’images sans se retrouver complètement dispersés, énervés, « éclatés » ? Pour éviter ce danger il faut éduquer aussi au réel. 

Eduquer au réel[4] 

Le vaste champ virtuel est particulièrement dangereux pour les jeunes et pour leur conscience. Le monde virtuel risque de déformer la conscience personnelle et de bloquer une bonne éducation chrétienne. Dans un monde irréel, l’intelligence des personnes ne peut pas se construire, elle ne parvient jamais à atteindre le vrai qui est pourtant son but et stérilise ainsi l’intelligence et toute la vie intérieure. Dans l’irréel, aucun contrôle de l’erreur n’est possible, rien ne peut y unir la pensée, et la volonté n’y a aucune part, le virtuel conduit à l’éclatement de la personne. Bien au contraire c’est la parole qui construit, qui permet la connaissance, qui éduque. C’est donc dans une relation concrète, riche et constante que l’on pourra éduquer car c’est la relation qui permet l’échange, la discussion, l’écoute de la parole de l’autre. Pour former la conscience donc il ne suffit pas de connaitre de bonnes méthodes, il faut avant tout être, ce qui est beaucoup plus difficile et exigeant.

Pour cela une bonne éducation au réel commence par un travail préventif qui consiste à éviter par tous les moyens possibles l’exposition des personnes (surtout les enfants et les jeunes) aux pièges du cyberespace. Cela exige une vigilance déterminée de la part des parents et des éducateurs par rapport à ce que leurs enfants regardent sur internet ou par e-mail ou par téléphone. Il est absolument nécessaire de réduire la presque pathologie que chaque personne a aujourd’hui avec les instruments de communication digitale. Il existe, et c’est un constat quotidien, un abus d’internet, surtout de la téléphonie portable tellement exagéré qu’il est en train d’altérer la capacité de relation des personnes et leur captation de la réalité. Il faut l’avouer la première responsabilité (sur ce problème) est celle de parents qui, cédant à la pression de leurs enfants par manque d’autorité, laissent les enfants et les jeunes acquérir une vraie dépendance à ces instruments de communication sans pour autant en avoir un véritable besoin, mais tout simplement à cause de la mode ou de l’idée obstinée de rester en communication 24 heures sur 24 heures… sans avoir une vraie connaissance de l’autre. Tant que les parents et les éducateurs ne s’aperçoivent pas de ce danger le problème ne sera pas résolu.          

Nous concluons avec le Cardinal Sarah: « Dans un monde où les cris et les excitations de toute sorte ne cessent d’étendre leurs empires, nous aurons toujours plus besoin de contempler et d’apprendre à entrer dans le silence du Christ. Le refus du silence est un refus de l’Amour et de la vie qui nous viennent de Jésus » (p. 167).

P. SILVIO MORENO, IVE

 

[1] Cf. Pierre, Albane, Eduquer la conscience, Tunis, 2016.

[2] Bernanos, Georges, La France contre les robots, Robert Laffont, 1947.

[3] Lubienska de Lenval, Hélène, Le silence à l'ombre de la parole, Editions Don Bosco, 2006.

[4] Cf. Guézénec Albane, Eduquer la conscience ; comment la famille peut éduquer au Vrai et au Bien dans la société contemporaine, Tunis, 2016, p. 93-95.

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