Zachée et Jéricho
Sept ou huit jour avant la passion, Jésus traversa Jéricho avec une nombreuse escorte de disciples et de pèlerins. La cite de Palmes avait changé de place depuis Josué. Du monticule qu’elle occupait alors, près de la fontaine dite d’Elisée, où l’on voit encore ses débris informes, elle était descendue vers le sud, le long de la route qui mène directement de Jérusalem au gué du Jourdain. Hérode et Archélaos l’embellirent à qui mieux mieux. Ils y avaient construit à grands frais un amphithéâtre, un hippodrome, un palais somptueux, avec des piscines alimentés par des canaux qui allaient capter des sources lointaines. Jéricho était alors en importance la seconde ville de Palestine ; elle égalait la capitale en superficie. Le misérable village qui a hérité de son nom et de son site, n’a rien gardé de ces splendeurs. Les ruines mêmes ont péri. Des bosquets de baumiers, des forets de palmiers, des plantations, il ne reste aucune trace.
Le passage du Sauver à Jéricho fut marché par deux conquêtes : Bartimée, le mendiant aveugle, et Zachée, le riche publicain. Nous nous arrêtons sur le deuxième.
Le personnage que l’Evangile qualifie de chef des publicains, exerçait ses fonctions d’inspecteur ou de contrôleurs. Il était riche et vue le manque de scrupules et l’avidité des gens de sa caste, on serait tenté de croire que la majeure partie de sa fortune était le fruit des exactions et des rapines.
La volonté de rencontrer personnellement Jésus
Zachée brulait d’envie de voir (le verbe utilisé par Luc implique volonté ferme et décidée), Jésus de près. Cela pouvait s’expliquer pour deux raisons : la curiosité ou une déception dans la vie. Il était riche, mais il n’était pas heureux. Pour cela il voulait voir Jésus, mais c’était chose difficile pour un homme si court de taille, car une foule extrêmement dense obstruait les abords du chemin. Cependant il fait tous les efforts nécessaires pour pouvoir le voir. Il est probable que Zachée n’était pas seul sur son belvédère, mais, chose curieuse, il fut le seul distingué par le regard de Jésus. C’est la façon de faire de Dieu : Jésus croise le regard de celui qui fait un véritable effort pour le voir, pour le rencontrer… ceux qui se contentent de rester en silence dans le chemin par simple curiosité ou pour ne pas vouloir s’exposer aux rires des présents, aura tout simplement une connaissance lointaine de Jésus qui passe sans rien faire dans leur vie.
La sanctification de notre maison
Il faut que je vienne chez toi, dans ta maison. Maison, oikos, signifie la maison matérielle, mais aussi la propre famille. Jésus ne parle pas seulement de loger dans l’édifice de Zachée. Jésus lui demande qu’il lui fasse une place dans sa famille, parce que Jésus veut saveur Zachée mais aussi tous ceux qui font partie de Zachée, c’est-à-dire toute sa famille. Le fait de faire rentrer Jésus dans notre vie, doit se répandre également à toute notre famille.
La réponse de la conversion personnelle
Nulle part plus que dans l’histoire de Zachée, on n’observe le travail secret de la grâce. Zachée va se convertir de cœur. Dès que Jésus parle, c’est la foi agissante qui bouleverse, conquiert et transfigure l’homme. Enfin c’est la disposition de tout abandonner pour plaire au Maitre, sans excepter le don de soi-même. « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».
Qu’en fut-il de Zachée ? Une tradition incertaine le fait évêque de Césarée de Palestine, ou même l’envoie dans notre lointain Quercy. Il est en possession d’une gloire plus sure : c’est d’avoir été canonisé de son vivant par celui dont la parole ne trompe point.
P. Silvio Moreno, IVE