CHRETIENS NON-CATHOLIQUES FACE AU SALUT ETERNEL?

CHRETIENS NON-CATHOLIQUES FACE AU SALUT ETERNEL?

Les chrétiens non-catholiques face au salut

Les orthodoxes et les protestants peuvent-ils se sauver ?

1. Le Christ et l’Eglise

Première formulation : « On doit avant tout croire fermement que l’Église en marche sur la Terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est l’Église ; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf. Mc 16,16; Jn 3,5), c’est la nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du baptême, qu’il nous a confirmée en même temps. Cette doctrine ne doit pas être opposée à la volonté salvifique universelle de Dieu (cf. 1 Tm 2,4) ; aussi, il est nécessaire de tenir ensemble ces deux vérités, à savoir la possibilité réelle du salut dans le Christ pour tous les hommes et la nécessité de l’Église pour le salut »[1].

Donc, comme le Christ est l’unique et universel médiateur du salut, ainsi l’Eglise, que lui-même a fondée et soutient, est l’unique et universel moyen de salut. Aucun homme ne peut donc se sauver sans en appartenir, que ce soit entièrement, que ce soit par une profonde disposition.

Quels fondements pour cette affirmation ?

-Le Christ, unique sauveur du monde : Jn 14, 1-6 : Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi… Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? Jésus lui répond : Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. (Cf. Act 4, 11-12 ; Rm 10, 1-14 ; Lc 12, 8-10 ; Jn 14, 1-6, etc).

-Il y a une étroite union entre le Christ et son unique Eglise : Lc 10, 16 : Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé. (Jn 3,5 ; 13,20 ; Mt 18,17 ; Gal 1,8 ; 2 Jn 10, 11, etc). « Par conséquent, compte tenu de l’unicité et de l’universalité de la médiation salvifique de Jésus-Christ, on doit croire fermement comme vérité de foi catholique en l’unicité de l’Église fondée par le Christ. Tout comme il existe un seul Christ, il n’a qu’un seul Corps, une seule Épouse» (D.I. n. 16).

-Besoin de l’Eglise : « Le saint Concile…enseigne, en s’appuyant sur la Sainte Ecriture et la Tradition, que cette Eglise voyageuse est nécessaire au salut » (Lumen Gentium, n. 14). Et la Dominus Iesu de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi déclare : « L’Église est sacrement universel de salut, parce que, de manière mystérieuse et subordonnée, toujours unie à Jésus-Christ sauveur, sa Tête, elle a dans le dessein de Dieu un lien irremplaçable avec le salut de tout homme » (n. 20). Et encore: « Avec l’avènement de Jésus-Christ sauveur, Dieu a voulu que l’Église par lui fondée fût l’instrument du salut de toute l’humanité (cf. Ac 17,30-31). Cette vérité de foi n’enlève rien à la considération respectueuse et sincère de l’Église pour les religions du monde, mais en même temps, elle exclut radicalement la mentalité indifférentiste imprégnée d’un relativisme religieux qui porte à considérer que “toutes les religions se valent” » (n. 22).

Ces textes que nous venons de voir, ou bien ne veulent rien dire et alors il faudrait dire de même de toute la Bible et tout le Magistère de l’Eglise, ou bien nous disent clairement que hors du Christ et de l’Eglise il n’existe point de salut. Ceci est une vérité de foi à laquelle nous sommes tenus de croire de tout notre coeur, de toute notre intelligence et de toute notre volonté. Cette doctrine a été résumée dans l’ancienne expression de saint Cyprien, “hors de l’Eglise point de salut”[2]. Cette expresion il faut bien la comprendre. Elle ne condamne personne, mais indique le besoin du Christ et de l’Eglise pour se sauver. Or, que l’Eglise soit l’unique moyen du salut est essentiel, autrement elle ne serait plus l’unique épouse de l’unique médiateur (analogie exprimée dans le Nouveau Testament cf. Eph 5, 25-29). Affirmer cette vérité importante ne veut pas dire que l’Eglise revendique des droits et des privilèges, cédant ainsi à une tentation d’impérialisme spirituel, mais plutôt qu’elle donne témoignage de la mission que Dieu lui a confiée par rapport à l’humanité.

2. Eglise du Christ et Eglise Catholique              

Deuxième formulation: Une fois que le besoin du Christ et de son unique Eglise pour se sauver est clairement affirmé, nous devons ensuite nous poser la question suivante: cette unique Eglise de Jésus-Christ, où se trouve-t-elle? Dans l’Eglise catholique? Dans les églises séparées ou communautés protestantes? ou bien dans toutes les églises dans leur ensemble ?

Le texte de L.G. n.8 nous donne la réponse :

« Le Christ, unique médiateur, crée et continuellement soutient sur la terre, comme un tout visible, son Église sainte… cette Église que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu’il en soit le pasteur (Jn 21,17), qu’il lui confia, à lui et aux autre apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28,18 etc.) et dont il a fait pour toujours la « colonne et le fondement de la vérité » (1 Tm 30,15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste (subsistit in), gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique ».

Il est bien connu que cette célèbre expression — subsistit in — a été l’objet d’interprétations contradictoires. L’idée que le Concile n’ait pas voulu faire sienne l’affirmation traditionnelle selon laquelle l’Église du Christ est (est) l’Église catholique, comme il était dit dans le schéma préparatoire a été et est toujours largement répandue jusqu’à en arriver à affirmer que l’Église du Christ subsisterait aussi dans les communautés chrétiennes séparées de Rome. En réalité, de l’analyse du texte et des Actes du Concile découle que l’expression «subsistit in » veut non seulement confirmer le sens du mot « est », c’est-à-dire l’identité entre l’Église du Christ et l’Église catholique, mais qu’elle veut insister, surtout, sur le fait que l’Église du Christ, avec la plénitude de tous les moyens institués par Lui, persiste (continue, demeure) à tout jamais dans l’Église catholique.

La D.I déclare : « Par l’expression subsistit in, le Concile Vatican II a voulu proclamer deux affirmations doctrinales : d’une part, que malgré les divisions entre chrétiens, l’Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique ; d’autre part, que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures, c’est-à-dire dans les Églises et Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l’Église catholique» (n. 16).

Pour cela la même Congrégation pour la Doctrine de la Foi a déclaré : « Est donc contraire au sens authentique du texte conciliaire l’interprétation de ceux qui tirent de la formule « subsistit in » la thèse selon laquelle la seule Église du Christ pourrait aussi subsister dans des Églises et des Communautés ecclésiales non catholiques ».

3. Eglises séparées et Communautés ecclésiales 

Maintenant nous devons expliquer la phrase suivante de la L.G. : « …bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère… ». La D.I. explique :

« Il existe donc une unique Église du Christ, qui subsiste dans l’Église catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques en communion avec lui. Les Églises qui, quoique sans communion parfaite avec l’Église catholique, lui restent cependant unies par des liens très étroits comme la succession apostolique et l’Eucharistie valide, sont de véritables Églises particulières. Par conséquent, l’Église du Christ est présente et agissante dans ces Églises, malgré l’absence de la pleine communion avec l’Église catholique, provoquée par leur non-acceptation de la doctrine catholique du Primat, que l’Évêque de Rome, d’une façon objective, possède et exerce sur toute l’Église conformément à la volonté divine» (n. 17).

a. Véritables Eglises particulières : Le Concile Vatican II, se pliant à l’usage déjà traditionnel du terme, nomme Églises, les communautés chrétiennes non catholiques qui ont gardé l’épiscopat et une eucharistie valide. Le document « Communio » de la Congrégation pour la Doctrine de la foi explique:

« L’unité ou communion entre les Eglises particulières dans l’Eglise universelle, outre son fondement dans la même foi et dans un Baptême commun, plonge surtout ses racines dans l’Eucharistie et dans l’Episcopat… Elle est enracinée dans l’Eucharistie parce que le Sacrifice eucharistique, tout en étant toujours célébré dans une communauté particulière, n’est jamais une célébration de cette seule communauté: celle-ci, en effet, en recevant la présence eucharistique du Seigneur, reçoit l’intégralité du don du salut et… elle se manifeste ainsi comme image et vraie présence de l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique» (n. 11).

Mais aussi cette unité « de l’Eglise est enracinée dans l’unité de l’Episcopat. De même que l’idée de Corps des Eglises réclame l’existence d’une Eglise Tête des Eglises, qui est précisément l’Eglise de Rome… de même l’unité de l’Episcopat comporte l’existence d’un Evêque Tête du Corps ou Collège des Evêques, qui est le Pontife romain. Le Souverain Pontife, en tant que successeur de Pierre, est principe et fondement perpétuel et visible de l’unité de l’Episcopat, comme de l’unité de l’Eglise toute entière. Cette unité de l’Episcopat se perpétue au long des siècles grâce à la succession apostolique, et elle est aussi fondement de l’identité de l’Eglise de tout temps avec l’Eglise édifiée par le Christ sur Pierre et sur les autres Apôtres » (n. 12).

Par conséquent, pour qu’une communauté chrétienne soit vraiment une Église particulière, outre l’eucharistie valide et  l’épiscopat valide, il faut que l’autorité suprême de l’Église soit présente en elle comme un élément propre : le Collège épiscopal avec sa Tête, le Pontife Romain, et jamais sans elle (Cf. L.G. n. 22). Cela peut sembler un obstacle insurmontable pour pouvoir affirmer que les Églises non catholiques sont « de vraies Églises particulières » et on a certainement encore beaucoup à approfondir sur ce sujet. Cependant, une voie possible de réflexion mène à considérer la présence réelle du primat pétrinien (et du Collège épiscopal) dans les Églises non catholiques, sur la base de l’unité de l’épiscopat, « un et indivis » ; une unité qui ne peut exister sans la communion avec l’évêque de Rome. Là où en vertu de la succession apostolique il y a un épiscopat valide, là se trouve objectivement présent, comme autorité suprême, bien qu’il ne soit pas reconnu de fait, le Collège épiscopal avec sa Tête. De plus, à chaque célébration valide de l’Eucharistie il y a une référence objective à la communion universelle avec le Successeur de Pierre et avec toute l’Église, et ce, indépendamment des convictions subjectives. Dans ce sens, on pourrait approfondir la compréhension du fait que, bien que séparées de Rome, ces communautés chrétiennes sont de « vraies Églises particulières». Cette communion existe spécialement avec les Eglises orientales orthodoxes (Russe, Grecque, Copte, Arménienne, Melkites, etc.) qui, bien que séparées du Siège de Pierre, restent unies à l’Eglise Catholique par des liens très étroits, comme la succession apostolique et l’Eucharistie valide, méritant par conséquent le titre d’Eglises particulières et ayant donc les moyens nécessaires pour le salut.

Nonobstant cela, il faut rappeler que le manque de pleine communion avec le Pape est une blessure dans la vie de ces Églises ; blessure qui n’est pas seulement de nature disciplinaire ou canonique, mais aussi relative au manque de plénitude dans la profession de la foi catholique ; blessure enfin qui, étant un péché, demande forcement à être soignée et pardonnée.

b. Communautés ecclésiales

En revanche, les Communautés ecclésiales qui n’ont pas conservé l’épiscopat valide et la substance authentique et intégrale du mystère eucharistique et donc presque toutes les communautés issues de la malheureuse réforme protestante de Luther, Calvin et autres, ne sont pas des Églises au sens propre ; toutefois, les baptisés de ces Communautés sont incorporés au Christ par le baptême (à condition qu’il soit valide) et se trouvent donc dans une certaine communion bien qu’imparfaite avec l’Église. Ainsi, si parler d’Eglise catholique ne pose pas de problème, parler d’ “Eglise” pour qualifier les groupes et mouvements issus de la Réforme sans l’eucharistie et l’épiscopat valide est une erreur.

4. Principes d’interprétation

Nous parlons des communautés protestantes qui ont, au moins, le baptême valide.  

a. Tout le monde a l’obligation de chercher la vérité sur Dieu et la religion. Les protestants qui ne se préoccupent pas de chercher la vérité de la foi de façon consciente, malgré les multiples doutes positifs qui leur viennent à l’esprit sur la véracité et la nécessité de l’Eglise catholique, sont coupables par péché d’omission et de négligence. Il s’agit d’ignorance coupable. La matière sur la foi est toujours grave et donc s’il y a pleine connaissance et total avertissement il y a péché mortel et privation de la grâce de Dieu.

b. Les protestants qui, reconnaissant dans l’Eglise catholique la plénitude du salut et sa nécessité, ne veulent pas y entrer ou demeurer, ne peuvent pas se sauver. Ainsi s’exprime le C.V. II : « Aussi ne pourraient-ils pas être sauvés, ceux qui, sans ignorer que Dieu, par Jésus-Christ a établi l’Eglise catholique comme nécessaire, refuseraient cependant d’y entrer ou de demeurer en elle… » (L.G. n.14).

c. Les protestants qui, cherchant la vérité sur l’Eglise, par des raisons que seulement Dieu connait, n’arrivent pas à la découvrir et qui vivent honnêtement dans leur foi et dans leur communauté ecclésiale (et cela est bien important de le déterminer), c’est-à-dire en toute innocence, de sorte que s’ils découvrent la vérité sur l’Eglise catholique ils laisseraient leur communauté, peuvent se sauver mais toujours par les moyens de Jésus-Christ et de son Église, en fait « l’Esprit du Christ, ne refuse pas de se servir d’elles comme de moyens de salut, dont la force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l’Église catholique » (D.I n. 17). Il s’agit de l’ignorance invincible.

b. D’autre part, n’est pas sauvé non plus, même s’il est incorporé à l’Eglise, celui qui, faute de persévérer dans la charité, demeure dans le sein de l’Eglise ‘de corps’, mais non pas ‘de cœur’ (L.G. n. 14). La foi et les œuvres chrétiennes vont de pair. C’est le grand problème de la justification protestante : le salut par la foi. « L’Eglise catholique soutient également que les bonnes œuvres du justifié sont toujours fruit de la grâce. Mais en même temps, et sans rien ôter à l’initiative totalement divine, elles sont le fruit de l’homme justifié et transformé intérieurement. Aussi peut-on dire que la vie éternelle est à la fois une grâce et une récompense donnée par Dieu pour les bonnes œuvres et les mérites »[3]

5. Derniers conseils

Permettez-moi d’adresser pour finir une parole en premier lieu aux frères et sœurs séparés et protestants qui n’appartiennent pas à l’organisme visible de l’Eglise. Nous vous invitons « tous et chacun de toute Notre affection à céder librement et de bon cœur aux impulsions de la grâce divine et à s’efforcer de sortir d’un état où nul ne peut être sûr de son salut éternel; car, même si, par un certain désir et souhait inconscient, ils se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur, ils sont privés de tant et de si grands secours et faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l’Eglise catholique. Qu’ils entrent donc dans l’unité catholique, et que, réunis avec Nous dans le seul organisme du Corps de Jésus-Christ, ils accourent tous vers le Chef unique en une très glorieuse société d'amour. Sans jamais interrompre nos prières à l’Esprit d’amour et de vérité, Nous les attendons les bras grands ouverts, comme des hommes qui se présentent à la porte, non d’une maison étrangère, mais de leur propre maison paternelle »[4].   

Enfin, une parole à vous, frères et sœurs catholiques : « On ne peut rien concevoir, en effet, de plus glorieux, de plus noble, de plus honorable que d’appartenir à l’Eglise sainte, catholique, apostolique et romaine, par laquelle nous devenons les membres d’un Corps si saint, nous sommes dirigés par un Chef si sublime, nous sommes pénétrés par un seul Esprit divin; enfin nous sommes nourris en ce terrestre exil d’une seule doctrine et d’un seul Pain céleste jusqu’à ce que finalement nous allions prendre part à une seule et éternelle béatitude dans les cieux. Mais afin de n’être pas trompés par l’ange de ténèbres transfiguré en ange de lumière, que ceci soit la suprême loi de notre amour: aimer l’Epouse du Christ telle que le Christ l’a voulue et l’a acquise de son sang »[5]. Aimez donc l’Eglise catholique et défendez là jusqu’au dernier souffle de votre vie.

 

P. Silvio Moreno, IVE

 

  

 

 

[1] Dominus Iesus, n. 20. Le paragraphe cite les textes de la Lumen Gentium n. 14.

[2] Saint Cyprien, De Cathol. Ecclesiae Unitate, 6, PL 4, 502.

[3] Réponse de l’Eglise catholique à la déclaration commune de l’Eglise catholique et de la fédération luthérienne mondiale
sur la doctrine de la justification.

[4] Cf. Pie XII, Encyclique Mistici Corporis Christi, 29 juin 1943.

[5] Cf. Ibid.

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