La dimension sociale de la foi chrétienne
« Vous êtes le sel de la terre » / « Vous êtes la lumière du monde »
L’Eglise à travers la lecture de cet évangile nous invite à réfléchir sur ces deux profondes affirmations de Jésus-Christ rapportées par saint Matthieu. Le contexte c’est le sermon de la Montagne.
Jésus nous invite à réfléchir sur la dimension sociale de notre foi. Nous l’avons répété plusieurs fois, la foi chrétienne n’est jamais une affaire privée. C’est-à-dire que la foi est publique et communautaire. Ainsi pour atteindre une véritable maturité personnelle et spirituelle, celle que Jésus propose justement dans son sermon, il faut que le chrétien se conçoive toujours en relation du prochain. Le chrétien qui vit en dichotomie, c’est-à-dire qui sépare sa foi de sa vie de relation sociale ou d’amitié avec les autres est encore un immature. Il se produit une fracture de la propre personnalité. En fait si l’homme par nature est sociable, le chrétien l’est doublement : par nature et par grâce. On ne peut pas se sauver tout seul, c’est-à-dire isolé des autres.
Les images utilisées par Jésus-Christ sont très touchantes. En fait le sel et la lumière ce sont deux éléments que nous utilisons « pour » quelque chose : assaisonner et illuminer. Ils ont de propriétés qui forcement doivent être utilisé pour le bien des autres. Ainsi donc le chrétien, n’est pas seulement chrétien pour soi, mais il l’est aussi pour les autres. Moi-même je suis chrétien, mais je le suis aussi pour mes amis, mes camarades, ma famille, pour ma paroisse, pour mon travail, etc. Dans un point de vu de la foi, nous avons une énorme responsabilité sur les autres, notamment sur ceux qui partagent notre foi chrétienne. Cela est confirmé par ce qui disait saint Jean Paul II : « Face à Dieu qui l’interroge sur le sort d’Abel, Caïn, au lieu de se montrer troublé et de demander pardon, élude la question avec arrogance: « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère? » (Gn 4, 9) : Caïn ne veut pas penser à son frère et refuse d’assumer la responsabilité de tout homme vis-à-vis d’un autre. On pense spontanément aux tendances actuelles qui font perdre à l’homme sa responsabilité à l’égard de son semblable… » (Evangelium Vitae, n. 8).
Or, le sel est connu surtout pour sa caractéristique de assaisonner les aliments, c’est-à-dire leur donner du gout, de la saveur. C’est la première mission d’un chrétien : donner un sens profond à la vie, la rendre savoureuse. Un chrétien pessimiste, qui se plaint toujours, qui est déprimé, qui ne pas enthousiaste de sa foi, qui n’est pas capable de transmettre sa foi chrétienne ne peut pas être « sel de la terre ». Le monde a le droit de redécouvrir la beauté de la foi. Mais aussi nous devons être sel de foi chrétienne pour ceux qui ont perdu le sens de leur vie, pour ceux qui sont accablé, pour ceux qui sont déprimé. L’un de grand problème de notre temps, en général, mais aussi dans le monde chrétien - et pas seulement en occident, mais aussi en Afrique - c’est la frustration existentielle, c’est-à-dire le vide intérieur, la carence d’objectifs dans la vie, la paresse dans la foi, le manque du véritable idéal pour lequel donner la vie : Jésus-Christ. De plus en plus nous voyons de jeunes et des enfants qui sont déprimé, qui ont perdu le goût de la vie. La foi ne leur dit plus rien. C’est auprès de ces personnes que nous devons être le sel de la terre : encourager, enthousiasmer, accompagner, soutenir. C’est notre responsabilité.
La lumière, par contre, doit illuminer. Notez, en premier lieu, que Jésus-Christ n’a pas dit vous êtes la lumière de l’Eglise, mais plutôt vous êtes la lumière du monde. C’est-à-dire que nous sommes tous appelés à témoigner de notre foi devant le monde, là où Dieu nous a plantés pour donner du fruit. Cela implique, dans le contexte de la maturité personnelle, une cohérence de vie. Mais également la lumière est guide et nous accompagne dans le chemin. La lumière doit nous faciliter le chemin. Encore le domaine social de la foi. Les chrétiens doivent s’accompagner dans le chemin de foi. Souvent nous nous retrouvons avec des personnes qui n’ont pas le courage et la force de se maintenir fidèles aux enseignements de l’Eglise parce qu’ils sont tout seuls. Ce n’est pas une excuse. Mais dès qu’ils retrouvent d’autres chrétiens qui les accompagnent et les guident dans leur parcours de foi, ils changent et ils vivent leur foi en plénitude. Combien de filles ont abandonné le projet d’avorter parce qu’une copine chrétienne leur a dit de ne pas le faire et les ont accompagné et encouragé à ne pas le faire. Combien de jeunes qui avaient peur de se confesser, voyant l’exemple d’un camarade, décident de se confesser eux aussi.
N’ayons pas peur donc de nous assaisonner et illuminer les uns aux autres, de nous accompagner, de nous encourager. Nous sommes tous de chrétiens, frères et sœurs, qui devons parcourir ensemble ce chemin vers la Vie éternelle. Dieu nous vient en aide.
P. Silvio Moreno, IVE