Je sais bien mes frères bien aimés, que nous aimerions bénéficier du même contact que les apôtres avec le Ressuscité, lorsqu’il est venu partager leur repas au soir de Pâques ; nous voudrions aussi qu’il vienne ouvrir nos intelligences au mystère des Écritures ; nous souhaiterions éprouver leur joie profonde et devenir des témoins comme eux. Est-il possible cela ? Bien sûr que oui ! Tout cela est possible : saint Luc nous présente dans cette scène les principaux « canaux » par lesquels nous pouvons rejoindre le Ressuscité.
Alors, comment la présence du Christ ressuscité se manifeste-elle dans ma vie ?
Par le don de la paix : le Seigneur apporte toujours la paix à ses disciples. Il s’agit de la tranquillité de la conscience. La paix est l’un des signes de l’action et de la présence de Dieu. Les décisions et les actions qui nous laissent en paix portent sa marque. Quelle est mon expérience de cette paix ? Y suis-je attentif ? Est-ce que je sais y reconnaitre le Ressuscité ? Pour trouver cette paix, je dois aussi savoir me retirer et prendre le temps de la prière dans le silence, pour que puisse descendre la paix de Dieu jusqu’au fond de mon être.
Par la lecture des Écritures : Saint Luc le note explicitement : « Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures » (Lc 24,45). Cette action d’ouvrir les intelligences à la compréhension des Écritures, le Christ ressuscité continue à l’accomplir. La parole de Dieu est vivante et nous rejoint personnellement dans les circonstances concrètes de notre vie. Elle doit nous toucher et brûler notre cœur, comme pour les disciples d’Emmaüs. Il faut apprendre à faire, plusieurs fois par semaine, un examen de conscience sur la Parole : elle m’a touché, elle m’a éclairé. Il faut bien sûr, pour cela, prendre le temps de la lire, de l’entendre à la messe et aux offices, et de l’accueillir. Nous verrons alors qu’il y aura toujours une phrase, une expression qui nous illumine. Le Christ ressuscité nous rejoint par la Parole de Dieu.
Par la dévotion aux martyrs. À chaque génération, les chrétiens sont soutenus dans la foi par ces compagnons martyrs à la foi inébranlable ; ils sont parmi nous ce Christ vivant présentant ses plaies aux disciples incrédules : « voici mes mains et mes pieds ! ». Le temps des martyrs n’est pas un temps révolu, bien au contraire. L’opinion publique pense spontanément aux Chrétiens d’Orient, mais les Chrétiens sont également persécutés pour leur foi en Inde, au Pakistan, dans de nombreux pays dʼAsie et dʼAfrique. Suis-je sensible à cette présence des martyrs dans l’Eglise et sont-ils une source d’inspiration, d’encouragement et de foi pour moi ?
Par la force de la mission : l’Évangile nous rapporte comment les disciples d'Emmaüs ont reconnu le Christ ressuscité à la fraction du pain. Ils repartent aussitôt à Jérusalem (à deux heures de marche) pour annoncer la bonne nouvelle aux disciples. Quand on a reconnu et accueilli le Christ vivant, on ne peut pas le garder pour soi-même ; on a envie de le crier au monde. Nous sommes tous envoyés pour témoigner de la foi qui nous anime. Ce qui nous est demandé ce n'est pas de rester en silence. Notre témoignage doit rejoindre tous les hommes, en particulier ceux qui sont des "périphéries".
Que Jésus ressuscité soit toujours vivant et agissant dans notre cœur et dans notre vie. Cette petite histoire nous illumine.
Un jeune garçon venait d’être hospitalisé en urgence. Le chirurgien vint tout de suite l’examiner. Il commença en disant : «Je vais ouvrir ton cœur … ». Le garçon l’interrompit vivement : «Vous allez y trouver Jésus !». Le chirurgien qui n’était pas croyant continua : «Je vais ouvrir ton cœur pour constater les dégâts causés par la maladie … » «Mais quand vous aurez ouvert mon cœur, vous allez y trouver Jésus» répondit l’enfant. Le médecin regarda les parents qui étaient assis tranquillement ; il continua : «… dans ton cœur. Je trouverai un muscle endommagé, un approvisionnement sanguin appauvri et des vaisseaux affaiblis». «Et vous allez également trouver Jésus, il s’y trouve … ». Le chirurgien quitta la salle de consultation un peu excédé. Il procéda comme prévu à l’opération… Plus tard, assis à son bureau, alors qu’il voit qu’il n’y a aucun espoir de transplantation. Aucun espoir de guérison et que la mort surviendra dans l’année… Il laissa son ordinateur et se leva…et il s’adressa au Jésus de ce garçon : «Pourquoi ? demanda-t-il à haute voix, pourquoi as-tu fait ça? Tu l’as condamné à mourir jeune de ce mal. Pourquoi?» Il entendit au fond de lui-même une voix lui répondre : «Cet enfant n’était pas destiné à votre troupeau pour de longues années, car il fait partie de mon troupeau et il en sera toujours». Les larmes du chirurgien coulaient, mais son esprit athée accusateur et orgueilleux réagissait en lui : «Tu as créé ce garçon, tu as créé ce cœur. Il sera mort dans quelques mois, pourquoi?» La voix répondit : «Le garçon devra retourner à mon troupeau parce qu’il aura fait son devoir. Je n’ai pas placé mon enfant sur la terre pour le perdre, mais pour retrouver un autre agneau perdu». Le chirurgien comprit que cet enfant n’était pas là par hasard, mais pour lui… Il alla donc dans la chambre et s’assit à côté du lit du petit garçon, en face des parents. Le garçon s’éveilla et murmura : «Vous avez ouvert mon coeur?» «Oui!», reprit le chirurgien fort ému. «Et qu’avez-vous trouvé?» demanda le petit malade. «J’y ai trouvé Jésus», répondit le chirurgien pleurant.
Voilà un cœur et une vie avec le Christ Ressuscité ! Ainsi-soit-il pour nous aussi !
P. Silvio Moreno, IVE