Voici peut être quelques idées qui peuvent vous aider à sortir de ce piège électronique de la Cyber et pornodependence:
Tout d’abord il faut faire deux considérations importantes qui vont encadrer en quelque sorte le travail éducatif sur la cyber et porno-dépendance: une bonne éducation et rectification du problème commence par un travail préventif qui consiste en éviter par tous les moyens possible l’exposition des personnes aux pièges de la cyber et porno-dépendance, surtout les enfants et les jeunes. Cela exige une vigilance déterminée de la part des parents et des éducateurs par rapport à ce que leurs enfants regardent sur internet ou par e-mail ou par téléphone. Il est absolument nécessaire réduire la presque pathologie que chaque personne a aujourd’hui avec les instruments de communication digital. Il existe, et c’est une constatation quotidienne, un abus d’internet, surtout de la téléphonie portable. Nous l’avons déjà dit, un usage tellement exagéré qu’il est en train d’altérer la capacité de relation des personnes et leur captation de la réalité. Il faut l’avouer la première responsabilité (sur ce problème) est celle de parents qui, cédant à la pression de leurs enfants par manque d’autorité, laissent les enfants et les jeunes acquérir une vraie dépendance à ces instruments de communication sans pour autant en avoir un vrai besoin, mais tout simplement à cause de la mode ou de l’idée obstinée de rester en communication 24 heures sur 24 heures… sans avoir une vrai connaissance de l’autre. Tant que les parents et les éducateurs ne s’aperçoivent pas de ce danger le problème ne sera pas résolu.
Reconnaitre le problème et prendre la ferme décision d’arrêter. C’est la clé pour toute addiction, la drogue comme le porno. Elle doit être prise fermement et renouvelée après chaque rechute. Elle est impérative, absolue, jamais remise en question.
Répondez aux questions suivantes :
A quelle fréquence vous arrive-t-il de rester sur Internet plus longtemps que prévu?
Vous arrive-t-il de négliger vos tâches quotidiennes afin de rester plus longtemps sur le Net?
Vous arrive-t-il de préférer surfer sur Internet plutôt que de sortir avec des amis(es)?
Vous arrive-t-il de manquer de sommeil à cause du temps passé sur Internet?
Votre entourage se plaint-il du temps que vous passez sur Internet?
Votre travail ou vos études souffrent-ils du temps que vous consacrez à Internet?
Vous arrive-t-il de vous imaginer en train de surfer sur Internet pour vous distraire d'une préoccupation ou d'une contrariété?
Vous arrive-t-il de mentir lorsqu'on vous demande ce que vous êtes occupés à faire sur Internet?
Vous arrive-t-il d’aller voir vos courriels alors que vous avez des priorités plus importantes?
Vous arrive-t-il de penser que la vie serait ennuyeuse, vide et triste sans Internet?
Lorsque quelqu'un vous dérange quand vous êtes sur Internet, ressentez-vous de l'agacement ou l'envoyez-vous promener?
Vous arrive-t-il de fantasmer à propos d'Internet ou d'y penser lorsque vous n'êtes pas encore en ligne?
Vous arrive-t-il de vous dire «juste quelques minutes de plus» lorsque le moment est venu de vous déconnecter?
Mentez-vous à propos du temps que vous passez sur le Net?
Il faut aussi reconnaître les activités que nous ne pouvons pas remplacer par l’usage d’Internet tels que:
- les cours et les études,
- le temps disponible avec les amis, les parents, la famille et les enfants.
- les tâches quotidiennes et le devoir d’état.
- le sommeil.
- les activités physiques, sociales et les loisirs.
-la vie morale et spirituelle
- Commencez une activité alternative. Pensez à un loisir ou une activité que vous souhaitez commencer et compromettez-vous à la commencer durant certaines des heures que vous passez habituellement sur Internet. Si cette activité vous plait, vous aurez moins tendance à vouloir retourner sur Internet.
- Identifiez vos habitudes d’usage de l’Internet et écrivez-les dans un cahier personnel. Quels jours de la semaine? À quelles heures? Combien de temps y consacrez-vous durant une session typique ? Où utilisez-vous l’Internet? Afin d’ébranler vos habitudes, faites le contraire.
- Trouvez des manières externes de vous inciter à terminer votre session d’Internet. Utiliser une alarme de réveil et placez-la de manière à ce que vous deviez vous lever pour la fermer.
- Planifiez vos heures d’usage d’Internet à l’intérieur de votre horaire hebdomadaire. Vous n’avez pas à cesser complètement l’usage d’Internet. Limitez plutôt le temps que vous y consacrez. Au lieu de vous dire «un jour à la fois», dites plutôt «une fois par jour».
- En parler à un « parrain » à un ami vrai, ailleurs qu’au confessionnal. Cette étape est certainement importante. Il faut lever la chape de plomb du silence, de la honte et de l’esclavage. Se dire qu’existe un ami, un aîné qui nous écoutera et voudra bien nous aider sans nous juger. Dans cet esprit on peut proposer par exemple l’envoi périodique d’un relevé de toutes les connexions à un tiers (dans notre cas un parrain), qui peut ainsi contrôler ce qu’on regarde. Un prêtre peut remplir ce rôle mais, il faut le répéter, le problème n’est plus seulement spirituel car la conscience s’est obscurcie.
- Fréquemment les usagers d’Internet se sont coupés de leurs familles, leurs amis, de leurs activités sociales et de leurs loisirs qu’ils appréciaient auparavant. Il est donc recommandé de chercher intentionnellement à renouer avec les êtres aimés et à rechercher des opportunités de rencontre sociales et de nouvelles expériences.
-Les groupes d’appui sont un bon moyen pour les dépendants d’obtenir du soutien. Si besoin, consulter un spécialiste qui aura un langage vrai et non culpabilisant. Dans ce sens l’équipe sexoliques anonymes est très intéressante (lire 8 principes du groupe)[1].
Pour se rétablir de toute forme de dépendance, il faut avoir un plan concret des étapes à accomplir. Le mot clé est «concret». Si vous manquez de sommeil, il faut vous discipliner à éteindre l’ordinateur à 22h00 au lieu de 2h00 du matin pour pouvoir aller au lit. Divisez votre horaire afin de vous permettre d’initier plus facilement des changements de comportements.
Arrêter toutes les images, tout le temps. Mettre en place les barrières techniques y compris sur son smartphone. Un code d’installation est nécessaire : il va de soi qu’il faut demander à un parrain de le taper… Un ordinateur sans aucun filtre, c’est un « sex shop » ouvert en permanence sous son propre toit. Cette étape donc ne peut pas être négociable: mettre en place des moyens techniques pour bloquer tous les accès à l’égout pornographique. Dans un premier temps, installer par exemple le logiciel « K9 web protection» sur les ordinateurs fixes ou portables et sur les téléphones. Ce logiciel filtre intelligemment le web.
L’objectif principal du rétablissement est votre santé psychique et spirituelle.
Afin d’éradiquer ces types d’addictions il faut un travail plus profond encore : éducation aux vertus, au renoncement, au silence, et à la chasteté.
A. Eduquer aux vertus
La vertu n’est pas un luxe pour quelques âmes pieuses. Elle est la façon habituelle avec laquelle l’homme agit vraiment librement. « Les vertus, dit le catéchisme de l’Eglise Catholique, sont des attitudes fermes, des dispositions stables, des perfections habituelles de l’intelligence et de la volonté qui règlent nos actes, ordonnent nos passions et guident notre conduite selon la raison et la foi. Elles procurent facilité, maîtrise et joie pour mener une vie moralement bonne. L’homme vertueux, c’est celui qui librement pratique le bien ». Donc c’est une « habitus », une qualité qui perfectionne les facultés humaines (intelligence et volonté) en leur permettant d’agir de la meilleure façon possible selon leur propre nature.
Ce sont des vertus acquises par la répétition des actes. Les actes nécessaires pour obtenir une vertu seront quantitativement plus ou moins, selon leur intensité. Il y a des vertus intellectuelles et des vertus morales.
Les vertus morales ne sont pas nécessaires pour faire une bonne action. Une personne peut agir correctement sans avoir une vertu déterminée. Mais il y a une différence importante entre celui qui possède la vertu et celui qui ne la possède pas : tout d’abord celui qui ne possède pas la vertu ne trouve pas, dans la réalisation de l’acte bon, ni la facilité, ni le plaisir; deuxièmement, celui qui n’a pas la vertu a besoin de plus d’énergie et de décision pour réaliser l’acte bon; troisièmement, lorsque la personne qui n’a pas la vertu et se trouve dans une situation difficile, par exemple une tentation contre la chasteté, seulement pourra la vaincre s’elle a été plus ou moins prévue et pas tout-à-fait violente (par contre qui possède la vertu peut se maintenir ferme même si la tentation arrive à l’imprévue et de façon violente).
De tout cela prend son origine une doctrine classique et fondamentale dans la morale catholique : pour faire « toujours » le bien il nous faut les vertus positives ; il ne suffit pas de ne pas avoir de vices. Quand une personne ne possède pas de vices, mais n’a pas non plus la vertu que l’incline positivement à un bien déterminé, elle pourra faire le bien seulement lorsqu’elle sera dans un ambiance protégée (les bonnes familles, les bonnes écoles, les séminaires, etc). Mais, une fois qu’elle ne sera ni contenue, ni protégée par cette ambiance et qu’elle commencera à affronter par exemple les assauts de ce monde sexuellement sauvage (par exemple par l’addiction à internet et à la pornographie sur internet) c’est seulement si elle a la vertu de chasteté qu’elle pourra vaincre et continuer à choisir la chasteté comme mode de vie.
Pour acquérir une vertu il faut faire positivement des actes libres. Il faut choisir et vouloir la vertu. On ne peut pas se limiter à choisir une vertu parce qu’elle nous empêche de faire le mal, on doit la choisir librement parce que elle est belle en soi-même, parce qu’elle nous enseigne le bien et parce que c’est beau de vivre ainsi. Pour être vraiment vertueux il faut choisir en pleine liberté la façon de vivre chaste, ou humble, ou pauvre, etc.
Voilà pourquoi, signale le P. Fuentes, nous pouvons comprendre facilement ce principe: « on ne peut pas se libérer d’une addiction s’il n’y a pas une éducation à la vertus ». Et pour cela il faut savoir travailler dans l’acquisition des vertus harmonieusement : au niveau intellectuel (il faut enseigner la vérité et le bien), dans l’affectivité (il faut savoir dominer les passions) et dans la volonté (il faut apprendre à aimer le bien). Pour l’acquisition des vertus l’examen de conscience personnel et quotidien est très important.
B. Eduquer au renoncement
Vouloir couper avec la cyberdépendance et la cyberpornographie signifie certainement changer de vie. Sortir d’une addiction signifie sortir d’un style de vie désordonné pour rentrer dans un autre guidé par les vertus.
Quelle que soit la façon dont la personne est arrivée à l’addiction (en particulier à l’internet et à la pornographie sur internet) elle maintien souvent une relation ambiguë : elle veut enlever ce poids qui la rend esclave, mais elle veut aussi le conserver. Pour cela il faut qu’elle se convertisse; c’est-à-dire qu’elle abandonne le péché et qu’elle choisisse le chemin de la vertu et de la vie de la grâce.
Pour cette raison il est très important de parler du renoncement. L’un des obstacles pour se libérer d’une addiction est le fait de ne pas vouloir renoncer à rien. On ne peut pas se libérer d’une addiction sans savoir renoncer à beaucoup de choses, en définitif sans savoir renoncer à soi-même. Personne ne peut chercher sérieusement Dieu tant qu’il se cherche lui-même. La navigation désordonnée sur internet et la recherche de la pornographie indiquent une concentration égoïste sur la personne elle-même. Donc pour pourvoir s’en libérer il faut que la personne apprenne à s’oublier, qu’elle sache se transcender. On ne peut pas guérir d’une addiction sans l’amour, mais aimer signifie savoir renoncer à soi-même pour se donner entièrement à l’autre. L’addicte ne sait pas aimer, parce qu’il ne sait pas renoncer.
Conversion donc signifie renoncer à soi-même. Notre Seigneur l’avait déjà dit : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive (Mt 16, 24). Sans le renoncement on ne peut pas avoir une croissance spirituelle, humaine et psychologique. Jésus insiste encore sur cette vérité : Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera (Mt 10, 39). Donc qui cherche sa vie dans l’égoïsme et l’isolement se retrouvera finalement complètement perdu, par contre qui sera capable de renoncer par amour de Jésus, celui-là trouvera la vraie félicité.
Mais lorsqu’on parle de renoncement on fait référence à quoi concrètement ?
-savoir renoncer à tout posséder,
-renoncer aux propres goûts personnels, à toujours chercher à « se sentir bien » (le grand problème des états animiques),
-renoncer à l’orgueil, à être le centre d’attention,
-renoncer à l’esprit d’indépendance (un addicte doit savoir qu’il a besoin d’aide, qu’il dépend de quelqu’un pour guérir, qu’il ne peut pas être seul dans ce chemin de conversion),
-renoncer à l’esprit de mensonge et de double vie, à vouloir toujours excuser ses propres défauts et péchés.
-renoncer aux propres points de vue et savoir obéir et se laisser guider sur le chemin de la conversion.
-renoncer au plaisir facile, immédiat et instantané (c’est la porte de toute addiction).
-renoncer souvent au bien physique en faisant des pénitences afin de mortifier les gouts et sensualités corporelles.
-renoncer à l’auto-guérison en se laissant aider par Dieu et par les autres.
Victor Frankl a exprimé extraordinairement cette vérité en disant : « …l’existence humaine se caractérise, en définitif par le fait de l’auto-transcendance. C’est-à-dire que le fait d’être un homme au-dessus de soi-même nous oriente vers quelque chose qui n’est pas nous même, vers quelque chose ou quelqu’un : vers un sentiment que nous pouvons atteindre ou bien vers un autre être humain que nous aimons. Et seulement dans la mesure où l’homme sort de soi-même, se réalise soi-même : dans le service à quelque chose ou dans l’amour d’une autre personne. Plus il se donne à son travail, et à son partenaire, plus il devient personne et plus il devient soi-même»[3].
C. Eduquer au silence[4]
Je pense qu’un quatrième aspect nécessaire pour se libérer du cyber et porno-dépendance est bien l’éducation au silence intérieur et extérieur surtout chez les enfants et les jeunes. Malheureusement, comme le disait Bernanos dans une phrase devenue célèbre : «Le monde moderne est une conspiration contre toute espèce de vie intérieure »[5].
Le silence est tout d’abord indispensable pour prendre conscience de soi-même, il est indispensable à l’élaboration d’une pensée intérieure qui va aider à construire notre propre personnalité, en permettant une intériorisation, un retour sur soi, une paix intérieure. Nécessaire à la construction personnelle, le silence est donc aussi nécessaire à la construction de l’être relationnel : l’écoute réelle de l’autre. Pour cela un bon antidote contre la cyberdépendance sera cultiver le silence parce que nous avons déjà montré comment l’usage désordonné du cyberespace et de la communication digitale nous enferment en nous-mêmes jusqu’à devenir des gens complètement isolés et déconnectés, malgré les apparences, de la réalité concrète.
Le silence n’exclut pas complétement la parole, il exclut le bavardage, et aussi le désir obstiné de l’information extérieure. Le vrai silence ne s’obtient donc pas par un « taisez-vous !» mais par un « Pensez ! Rentrez en vous-même pour découvrir autre chose ».
Mais on ne recherche pas le silence pour lui-même, le silence est un moyen de s’ouvrir aux autres et à notre créateur.
Tout croyant qui fait l’expérience de la prière le sait bien : le silence est indispensable au recueillement, il est nécessaire pour goûter la présence de Dieu en soi et se rendre attentif à sa voix. Car le silence est un vide nécessaire que Dieu va pouvoir remplir de sa présence. C’est là le but du silence : faire une place à Dieu, se taire pour se mettre à son écoute, se faire petit pour qu’il grandisse en nous, oublier le monde pour s’oublier en Lui. Le silence permet la maîtrise de soi, de son corps, de ses pensées, il permet d’écarter toute idée étrangère pour se fixer en Dieu.
Les obstacles au silence
Notre mode de vie moderne, urbain et agité, laisse très peu de place au silence. La plupart de nos contemporains sont effrayés par le silence, ils ont peur de se retrouver face à eux-mêmes et ainsi n’ont aucune espèce de vie intérieure, vivant à la surface d’eux-mêmes et ne recherchant jour après jour que les plaisirs d’une vie hédoniste et superficielle. Combien d’adolescents avouent qu’ils ne supportent pas le silence, qu’ils ont besoin de musique, d’internet, du constant téléphone afin d’être communiqué.
Une disciple de Maria Montessori parlait du silence ainsi : « Dehors, il y a le monde. Dehors, il y a le bruit. Il y a la hâte, la convoitise, la vanité. Mais la maison n'est pas dehors : c'est dedans. Ce n'est pas le monde, c'est nous. Il ne tient qu'à nous de remplir la maison de silence. Le silence repose, apaise, guérit, console. Il répare les forces, protège la vie, favorise la pensée. Le silence rend meilleur… Le silence est une conquête sur soi et un triomphe sur le monde… »[6].
Établir un climat de silence
Il faut tout d’abord que les parents aient eux-mêmes une vie intérieure féconde et aiment le silence pour vouloir l’apprendre à leurs enfants, qu’ils réalisent que le foyer familial doit laisser place à des espaces de silence et de dialogue qui permettent de préserver l’équilibre nerveux, psychique et spirituel de tous. Jamais remplacer le dialogue vrai et réel en famille par le dialogue cybernétique.
Mais après le « silence des oreilles », il faut également apprendre le « silence des yeux ». Nous l’avons déjà dit, nous vivons dans un monde où « l'audio-visuel » règne en maître: non seulement il y a du bruit partout, mais d'innombrables images sur internet nous sollicitent en permanence: magazines, affiches, panneaux publicitaires, films, etc. Désormais cela est arrivé au point d'une véritable agression. Est-il possible d'absorber tant d'images sans se retrouver complètement dispersés, énervés, « éclatés » ? Apprenons par le renoncement donc l'importance d'une certaine discipline des yeux: parmi tant d'images que nous recevons, restons libres de celles que nous conservons, veillons à purifier notre regard et notre mémoire pour ne pas conserver d’images indignes ou dégradantes ou même inutiles.
D. Education à la chasteté
Finalement cette restructuration spirituelle, surtout pour les malades de la pornographie, passe entre autre choses par une bonne compréhension et bonne éducation à la vertu de la chasteté (parfois il faut aussi l’aide d’un bon médecin surtout lorsque le problème est devenu pathologique).
Attention ! La première chose par laquelle il faut rassurer les jeunes c’est que la vertu de chasteté n’est pas une vertu super-spéciale, elle n’est pas non plus un luxe que l’on peut posséder, mais qui n’est pas strictement nécessaire. Bien au contraire, elle est une qualité qui soutient la fidélité de la personne et son équilibre humain et surnaturel. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique en a parlé clairement : « La chasteté comporte un apprentissage de la maîtrise de soi, qui est une pédagogie de la liberté humaine. L’alternative est claire : ou l’homme commande à ses passions et obtient la paix, ou il se laisse asservir par elles et devient malheureux (cf. Si 1, 22). Donc la chasteté n’est pas démodée, elle n’est pas ridicule, elle n’est pas impossible…
Donc chasteté signifie une qualité (vertu) permanente, une inclinaison, une bonne énergie qui va nous permettre d’utiliser notre sexualité d’une façon saine, ordonnée selon la raison et non pas selon la sensualité, donc gouvernée par l’intelligence et qui en même temps sera illuminée par la prudence et la foi chrétienne. Donc cette qualité va nous permettre d’aimer l’autre vraiment, de vivre un amour authentique. Sa fonction secondaire par contre sera de freiner, modérer, canaliser l’envie sexuelle.
Pour mieux comprendre, notre sexualité est comme le feu ou comme l’énergie atomique… si on l’utilise bien, elle produit du bien, mais si on l’utilise mal, elle produira du mal (le luxurieux, le violeur, l’infidèle, le polygame, le violent, le pédophile,...sont des exemples du mal causé par un mauvais usage de la sexualité). Donc il nous faut un canal qui nous aide à canaliser cette énergie… c’est ça la chasteté. Voilà pourquoi c’est seulement dans une vie chaste et pure que le sexe bien utilisé perfectionnera celui de qui il émane, celui qui le reçoit et la vie qui fructifie: l’enfant.
Or la pureté et la chasteté sont une capacité (donc toujours en positif) qui ne peuvent pas se maintenir seules. Une table a besoin de ses pieds pour tenir debout. De même, la chasteté a besoin de la « pudeur », c’est-à-dire de la capacité qui agit sur le milieu dans lequel se vit la chasteté: les regards, les contacts, les comportements, les modes, etc. Sans un entourage correct, la chasteté ne serait pas toujours possible. Pour mieux comprendre, nous avons parlé de la sexualité comme un feu, et bien la pudeur ce serait la benzine, le combustible qui nourrit ce feu, c’est-à-dire tout ce qui peut provoquer le feu. Saint Thomas dira : « la pudicité est ordonnée à la chasteté, non comme une vertu qui en serait distincte, mais comme exprimant un certain environnement de la chasteté »[7].
Voilà pourquoi la chasteté, comme la pudeur[8] qui est sa condition fondamentale, est une vertu nécessaire pour que la personne soit vraiment « libre », pour qu’elle ait la paix, pour conserver sa dignité et enfin pour ne pas devenir esclave de ses propres passions et caprices.
Le fait de ne pas prêcher aujourd’hui l’importance et la nécessité de cultiver cette vertu et de savoir s’efforcer afin d’y parvenir avec la grâce de Dieu, signifie aussi abandonner les personnes à l’esclavage du sexe par la porno et la cyberdépendance.
C’est la question qui se pose… la chasteté est importante, mais comment l’obtenir ? Le langage peut varier mais la doctrine est toujours la même. Cela veut dire qu’il y a des principes importants à apprendre et que si nous ne faisons pas un travail sérieux afin de pouvoir pratiquer ces principes il y n’aura pas de vie chaste.
Selon l’enseignement de l’Eglise une bonne éducation à la chasteté doit atteindre trois objectifs: a) conserver dans la famille un climat positif d'amour, de vertu et de respect des dons de Dieu, en particulier du don de la vie; b) aider graduellement les enfants et les jeunes à comprendre la valeur de la sexualité et de la chasteté en soutenant leur maturation par la parole, l'exemple et la prière; c) les aider à comprendre et à découvrir leur propre vocation au mariage ou à la virginité consacrée pour le Royaume des cieux en harmonie avec les aptitudes, dispositions et dons de l'Esprit qui leur sont propres, et dans le respect de ces dispositions[9]. Ce dernier point est important parce que cette éducation donne liberté à la personne de suivre la volonté de Dieu et non pas ses sentiments ou ses passions.
Mais l’Eglise insiste sur le fait que cette tâche est la première obligation des parents, et que personne d’autres ne peut occuper leur place. Sur ce point le Magistère de l'Eglise s'est exprimé clairement, en relation avec l'ensemble de la question de l'éducation des enfants: «Le rôle éducatif des parents est d'une telle importance que, en cas de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C'est aux parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l'amour et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu'elle favorise l'éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école des vertus sociales nécessaires à toute société»[10]. Il ne faut jamais oublier pour cela que les parents sont les premiers et les principaux éducateurs de leurs enfants et qu’ils ont aussi une compétence fondamentale dans ce domaine: ils sont éducateurs parce que parents. C’est leur droit et leur devoir.
Mais l’Eglise insiste aussi et met en garde les parents sur le contexte actuel de l’éducation à la chasteté. Elle dénonce l'utilitarisme en tant que civilisation de la production et de la jouissance, une civilisation « des choses » et non des « personnes », une civilisation dans laquelle les personnes sont utilisées comme on utilise des choses... Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner certains programmes d'éducation sexuelle, introduits dans les écoles souvent malgré l'avis contraire et même les protestations de nombreux parents. Voilà pourquoi aujourd’hui plus que jamais et dans un tel contexte, il est nécessaire que les parents, se référant à l'enseignement de l'Eglise, et avec son appui, revendiquent ce qui est leur tâche, et, s'associant là où cela est nécessaire, développent une action éducative inspirée par les vraies valeurs de la personne et de l'amour chrétien, prenant là une position claire qui l'emporte sur l'utilitarisme éthique.
Voici quelques éléments pour une bonne éducation à la chasteté et au vrai amour conjugal.
Positivement il faut dire que les éducateurs doivent :
- Eduquer non seulement à la vertu de chasteté mais aussi veiller à un environnement qui soutienne la chasteté : « Il est par conséquent nécessaire de souligner le fait que l'éducation à la chasteté est inséparable de la tâche de cultiver toutes les autres vertus, et, en particulier, l'amour chrétien qui est caractérisé par le respect, l'altruisme et le service et qui, en définitive, a pour nom charité. La sexualité est un bien de grande importance, qu'il est nécessaire de protéger en suivant l'ordre de la raison illuminée par la foi… Il en découle que l'éducation à la chasteté «implique nécessairement la maîtrise de soi, laquelle présuppose des vertus comme la pudeur, la tempérance, le respect de soi et des autres, l'ouverture au prochain »[11].
Pudeur et modestie : La pureté demande la pudeur. Celle-ci est une partie intégrante de la tempérance. La pudeur préserve l’intimité de la personne. Elle désigne le refus de dévoiler ce qui doit rester caché. Elle est ordonnée à la chasteté dont elle atteste la délicatesse. Elle guide les regards et les gestes conformes à la dignité des personnes et de leur union[12].
« La pratique de la pudeur et de la modestie, dans le parler, l'agir et l'habillement, est très importante pour créer un climat adapté à la maturation de la chasteté; mais elle doit être bien motivée par le respect dû à son propre corps et à la dignité des autres. Comme il a été dit, les parents doivent veiller afin que certaines modes et certaines attitudes immorales ne violent pas l'entrée de la maison, en particulier à travers un mauvais usage des mass media »[13].
Juste intimité : « En étroite connexion avec la pudeur et la modestie, qui sont une défense spontanée de la personne qui refuse d'être vue et traitée comme objet de plaisir au lieu d'être respectée et aimée pour elle-même, on doit considérer le respect de l'intimité: si un enfant ou un jeune voit qu'on respecte sa juste intimité, alors il saura que l'on attend de lui une attitude semblable vis-à-vis des autres. De cette façon, il apprendra à cultiver son sens propre de responsabilité vis-à-vis de Dieu, développant sa vie intérieure et son goût de la liberté personnelle, qui le rendent capable de mieux aimer Dieu et les autres »[14].
La maitrise de soi : « Tout cela nous ramène de façon générale au contrôle de soi, condition nécessaire pour être capable de faire don de soi. Les enfants et les jeunes doivent être encouragés à estimer et à pratiquer l'auto-contrôle et la retenue, à vivre avec ordre, à faire des sacrifices personnels dans un esprit d'amour pour Dieu, de respect de soi et de générosité pour les autres, sans étouffer les sentiments et les tendances, mais en les canalisant dans une vie vertueuse ». Du coup l’importance de savoir éduquer positivement dans la mortification personnelle.
Si nous prétendons sonder le cœur à ce niveau, outre le fait de considérer tout d’abord quel est le jugement personnel que nous avons sur les désordres contre la chasteté, nous devrions aussi examiner nos dispositions pour pouvoir vivre sereinement cette vertu en nous posant les questions suivantes et surtout en sachant y répondre en toute vérité:
Premièrement, créer un climat favorable à l’amour. Un principe important à considérer lors de l’éducation à la chasteté et à la sexualité est qu’elle doit se placer dans le cadre plus large de l'éducation à l'amour. Il ne suffit donc pas de communiquer des informations sur les relations sexuelles associées à des rappels de principes moraux objectifs. Il faut encore aider les consciences des jeunes, dans cette perspective de l’amour vrai, à la croissance de la vie spirituelle, afin que le développement biologique et les pulsions qu'ils commencent à ressentir se trouvent toujours accompagnées d'un amour sincère croissant pour Dieu Créateur et Rédempteur et d'une conscience toujours plus grande de la dignité de chaque personne humaine et de son corps.
Deuxièmement donner du sens à cette éducation qui doit porter des valeurs pour lesquelles il vaut la peine de se sacrifier. L'objectif de l'œuvre éducative est, pour les parents, et les éducateurs, de transmettre à leurs enfants et aux jeunes la conviction que la chasteté est possible dans leur état de vie propre et qu'elle apporte la joie, la paix. La joie vient de la conscience de la maturation et de l'harmonie de sa propre vie affective, qui, étant don de Dieu et don de l'amour, permet de réaliser le don de soi dans le cadre de sa propre vocation.
Troisièmement, l’éducation ne sera jamais efficace si l’on ne construit pas, mais pour construire il faut tout d’abord poser les fondations de la construction. Ces fondations ce sont la grâce de Dieu et l’amour de Jésus-Christ[15].
-La grâce de Dieu : l'aide de Dieu ne nous manque jamais, si chacun fait l'effort nécessaire pour correspondre à la grâce de Dieu. La chasteté est une grâce qu’il faut la demander tous les jours.
-Vigilance[16] : Les moyens recommandés par le divin Rédempteur lui-même pour protéger efficacement notre vertu sont une vigilance assidue et attentive, grâce à laquelle nous faisons soigneusement ce qui est en notre pouvoir: Veillez et priez afin que vous n’entriez point en tentation ; l’esprit est prompt, mais la chair est faible. Pour cela il faut avant tout que nous veillions sur les mouvements des passions et des sens, et que nous les maîtrisions par une austérité volontaire de vie et les pénitences corporelles de façon à nous soumettre à la juste raison et à la loi de Dieu.
-Conserver le calme devant les tentations qui ne sont pas un péché, mais fuir toute occasion de péché. Pour éviter l’impureté et cultiver la chasteté, il est très important de fuir les occasions de péchés, les lieux solitaires, les mauvaises amitiés, etc.
-Réconciliation : attention ! Il ne faudrait pas qu’un seul puisse penser : « c’est beau, c’est grand, mais pour moi c’est trop tard, je me suis déjà donné, je me suis trop abimé, c’est fini… » Nous, les prêtres, expérimentons jours après jours ce que la miséricorde de Dieu peut faire dans le cœur de l’homme. Pour cela un adicte ne doit pas avoir peur de redécouvrir le chemin de la confession. N’ayez pas peur de ce que diront les prêtres. Ils vous comprennent. Il ne faut pas avoir peur de faire des vraies confessions. C’est une libération ! C’est un lieu de réconciliation, mais aussi de guérison intérieure : combien de jeunes ont besoin, sur ce chemin d’apprentissage de l’amour ou au cœur de leur combat pour la pureté, de cette guérison intérieure ? Combien ont besoin de retrouver cette joie d’un cœur pur, d’un cœur libre, pour réapprendre à aimer ? Combien, pour pouvoir se pardonner à eux-mêmes telle ou telle erreur du passé, ont besoin de se laisser d’abord pardonner par Dieu ?
-Prière et eucharistie : « Dans la prière - dit l’abbé Grosjean - nous nous rendons disponibles au Seigneur qui peut agir en nous. Même si on ne ressent rien, même si on ne voit rien, on choisit de croire que la moindre minute offerte au Seigneur aura sa fécondité ». Prenez le temps de prier ! Mais insistez surtout dans le dialogue avec notre Dieu qui est notre Père. Prenez le temps de lui demander cette belle vertu de la pureté. Prenez le temps d’écouter le Seigneur. Prenez le temps de demander la grâce d’un bon discernement. Peu importe combien de temps, mais priez tous les jours. Ce qui rend belle notre prière, c’est sa fidélité.
Il en va de même pour la messe. On ne va pas à la messe parce qu’on a ‘envie’. Au cours de mes années de prêtre avec la jeunesse africaine, j’ai souvent entendu « je viens faire l’adoration eucharistique lorsque j’ai besoin… ». Non, notre fidélité ne doit pas dépendre de nos humeurs ou de nos désirs. Sinon notre vie spirituelle n’aura aucune stabilité. Et si notre vie spirituelle n’est pas stable, notre relation d’amour ne le sera pas non plus. Il n’y a pas de plus belle école de l’amour que la messe ! Vous voulez apprendre à aimer ? Allez à la messe ! Vous y verrez ce que veut dire aimer. Vous y verrez le Christ qui par amour se donne totalement jusqu’à la mort et la mort sur la croix. C’est dans la messe que nous comprenons le vrai sens de l’amour… Jésus nous montre jusqu’où va l’amour vrai : jusqu’au don total de soi, de sa vie, de son cœur… quelle différence avec la conception de l’amour véhiculée par internet ou par les films!
Il faut le savoir. Quand on ne prie pas, quand on ne communie pas, quand on ne se confesse pas, on est réduit à ses propres forces. Et très vite, on fait l’expérience qu’elles sont limitées. Voilà pourquoi, dans ce parcours de libération d’une addiction, il y a une place pour la redécouverte de la vie spirituelle. Une vie intérieure solide sera la plus belle colonne vertébrale pour construire votre vie dans l’amour solide et vrai.
Cette belle prière de Saint Jean de la Croix peut toujours nous inspirer : « Prends-moi, Seigneur, dans la richesse divine de ton silence, plénitude capable de tout combler en mon âme. Fais taire en moi ce qui n’est pas toi, ce qui n’est pas ta présence toute pure, toute solitaire, toute paisible. Impose silence à mes désirs, à mes caprices, à mes rêves d’évasion, à la violence de mes passions. Imprègne de ton silence ma nature trop impatiente de parler, trop portée à l’action extérieure et bruyante. Impose même silence à ma prière, pour qu’elle soit élan vers toi. Fais descendre ton silence jusqu’au fond de mon être et fais remonter ce silence vers toi en hommage d’amour. Amen ».
-Direction spirituelle : il est important que les dépendants puissent, surtout durant cette étape si délicate, faire confiance aux prêtres afin de se faire guider sur le bon chemin (rien n’empêche avoir aussi un ami à qui se confier et dans certains cas d’avoir un médecin pour guérir). Ne pensez pas qu’ils ne vous comprennent pas. Un médecin bien formé doit pouvoir guérir toutes les maladies sans pour autant en faire l’expérience. D’autant plus les prêtres, médecins de l’âme, doivent pouvoir, avec l’aide de Dieu et de sa grâce, guérir les souffrances et les maladies spirituelles.
L’abbé Grosjean écrit : « Profitez des prêtres que le Seigneur met sur votre route ! Prenez le temps d’aller rencontrer celui en qui vous avez confiance… Il faudrait que chaque jeune ait dans son répertoire le numéro d’un prêtre ou d’une religieuse en qui il a confiance, à qui il peut écrire, chez qui il peut se pointer sans crainte de déranger, ni d’être jugé… Tout seul, on peut se faire illusion, s’auto-justifier à peu près de tout, ou se décourager. Ils avancent ceux qui savent se laisser aider, qui consentent à se confier, qui acceptent d’avoir besoin d’être parfois encouragés (et parfois aussi corrigés). …Ils ont là le meilleur moyen d’éduquer leur liberté, de la fortifier et de la préserver »[17].
-La dévotion à Marie : « Pour garder une chasteté sans tache et parfaite, et pour la faire grandir, il existe un moyen remarquable et qui n’a cessé de faire ses preuves au cours des siècles: c’est une dévotion solide et fervente envers la Vierge Mère de Dieu. D’une certaine manière, tous les autres moyens se trouvent contenus dans cette dévotion; celui qui en est animé sincèrement et profondément est sans aucun doute poussé à veiller attentivement, à prier et à s’approcher avec fruit du tribunal de la Pénitence et de la Table sainte »[18].
O Marie-Espérance, nous voulons aujourd’hui te confier l’avenir de nos enfants, te demandant de les accompagner sur le chemin de la vie. C’est pourquoi, comme l’Apôtre Jean, nous voulons te recevoir chez nous. Nous sommes ici devant toi pour te confier à tes soins maternels tous les parents du monde entier dont les enfants se droguent ou s’alcoolisent. Implore pour nous ton Fils Bien-aimé, afin qu’il nous donne en abondance l’Esprit Saint, l’Esprit de vérité qui est source de vie. O Marie-Espérance, assiste particulièrement tes enfants qui souffrent d’une addiction dans les épreuves quotidiennes. Fais que, grâce aux efforts de tous, les ténèbres ne l’emportent pas sur la lumière. O Marie-Espérance, nous te confions notre marche, afin que, sous ta conduite, tous les hommes découvrent le Christ, Lumière du monde et unique Sauveur, qui règne avec le père et l’Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen.
CONCLUSION
A la fin du sermon de la montagne Jésus dit : Quiconque écoute ma parole et la met en pratique ressemble à l’homme sage qui bâti sa maison sur le roc. La pluie tombe, les torrents viennent, les vents soufflent et s’abattent sur cette maison ; mais elle tient bon, parce qu’elle est bâtie sur le roc. Et celui qui écoute ma parole sans la mettre en pratique ressemble à l’insensé qui bâtit sa maison sur le sable. La pluie tombe, les torrents viennent, les vents soufflent et s’abattent sur cette maison ; alors elle s’écroule et sa ruine est complète (Mt 7, 24 - 27).
Dans la version selon S. Luc, il varie ses expressions et subordonne ses phrases. Comme il fait tout converger vers l’idée de fondement, il n’indique qu’une seule cause de ruine : les eaux débordantes qui s’attaquent surtout aux fondations.
Le P. Ferdinand Prat, S.J. explique que cette parabole se passe d’explication, l’expérience quotidienne en étant le meilleur commentaire. Quand on voulut élever au Cœur de Jésus, sur le mont des Martyrs à Paris, un monument impérissable de la reconnaissance française, on décida de creuser jusqu’à la roche vive, quelle qu’en fût la profondeur, autant de puits que la basilique devait compter de piliers. Ces puits, comblé de maçonnerie cimentée à la chaux hydraulique, étaient destinés à soutenir les puissantes arcades qui supporteraient l’édifice. C’était changer une montagne de terre en une montagne de pierre. Il fallait pour cela des années et des millions ; or on était pressé et l’on ne savait pas alors si les millions viendraient. Plusieurs blâmèrent l’audace du pieux cardinal Guibert qui avait signé le projet. Pourtant il avait agi en homme sage ; il imitait Celui qui a choisi le Rocher pour y édifier son Eglise.
Le travail contre la cyberdépendance et toutes ses conséquences, demande de creuser avec patience et sacrifice notre montagne de terre et de boue pour le donner un fondement de pierre solide : Christ-Jésus. C’est ainsi que notre édifice ne pourra plus tomber à cause des eux débordantes de ce monde. Qui veut bâtir pour l’éternité doit donner à son ouvre un fondement inébranlable.
P. Silvio Moreno, IVE
[1] 1. Nous avons réalisé que notre problème se manifestait à trois niveaux : physique, émotionnel et spirituel. La guérison devait donc s’opérer sur ces trois plans.
2. Le changement crucial d’attitude s’est produit lorsque nous avons admis que nous étions impuissants, que notre défaite était totale devant notre comportement. Nous avons assisté aux réunions et nous avons modifié notre comportement. Pour certains, cela signifiait ne pas avoir de sexe avec nous-mêmes ou avec d’autres, et ne pas nous engager dans une relation. Pour d’autres, cela signifiait une « période de sevrage » et ne pas avoir de sexe avec son époux ou son épouse pendant quelque temps, afin de se rétablir de la luxure.
3. Nous avons découvert que nous pouvions arrêter, que ne pas nourrir notre désir sexuel ne nous ferait pas mourir, que la sexualité était vraiment optionnelle ! Il y avait l’espoir d’une libération et nous avons commencé à nous sentir vivants. Encouragés à continuer, nous nous sommes graduellement débarrassés de nos obsessions sexuelles et de notre égocentrisme, qui nous isolaient, pour nous tourner vers Dieu et vers les autres.
4. Bien sûr, nous avions peur; nous ne savions pas où cela nous mènerait. Notre seul réconfort était de savoir que d’autres l’avaient fait avant nous. Chaque nouveau pas vers le lâcher prise semblait nous mener au bord du gouffre, de l’abîme, mais nous avons persévéré. Au lieu de nous faire mourir, notre lâcher prise faisait disparaître nos obsessions! Nous nous dirigions vers la lumière, vers un nouveau mode de vie.
5. La fraternité nous a guidés et soutenus pour nous éviter de nous sentir bouleversés par nos émotions; elle nous a procurés un refuge sûr, où nous pouvions finalement faire face à nous mêmes. Au lieu de noyer nos émotions dans une sexualité compulsive, nous avons commencé à exposer les racines de notre vide spirituel et de notre soif de spiritualité. Ce fut le début de notre rétablissement.
6. Faisant face à nos défauts, nous avons accepté de changer; par le lâcher prise, nous avons brisé l’emprise qu’ils exerçaient jusqu’alors sur nous. Pour la première fois, sans notre « drogue », nous avons commencé à nous sentir plus à l’aise avec nous mêmes et avec les autres.
7. Ayant pardonné à tous ceux qui nous avaient fait du mal, nous avons tenté de réparer nos propres torts sans blesser qui que ce soit. À chaque amende honorable, nous avons senti s’alléger le fardeau de la culpabilité qui pesait sur nos épaules, jusqu’à ce que nous puissions marcher la tête haute, regarder les autres dans les yeux et nous sentir enfin libérés.
8. Nous avons commencé à pratiquer une sobriété positive. Par des gestes d’amour, nous avons amélioré nos relations avec les autres. Nous avons appris comment donner et nous avons reçu à la mesure de ce que nous avions donné. Nous avons trouvé ce qu’aucun substitut ne nous avait jamais apporté auparavant. Nous sommes arrivés à faire la véritable Connexion. Nous avons enfin trouvé notre place.
[2] Cf. Fuentes, Miguel, La trampa rota, San Rafael, 2008.
[3] Cf. Frankl, Viktor, La psicoterapia al alcance de todos, Barcelona, 1990, p. 79.
[4] Cf. Pierre, Albane, Eduquer la conscience, Tunis, 2016.
[5] Bernanos, Georges, La France contre les robots, Robert Laffont, 1947.
[6] Lubienska de Lenval, Hélène, Le silence à l'ombre de la parole, Editions Don Bosco, 2006.
[7] Cf. Saint Thomas, Somme Theologique, II-II, q.151, a.4
[8] La pureté demande la pudeur. Celle-ci est une partie intégrante de la tempérance. La pudeur préserve l’intimité de la personne. Elle désigne le refus de dévoiler ce qui doit rester caché. Elle est ordonnée à la chasteté dont elle atteste la délicatesse. Elle guide les regards et les gestes conformes à la dignité des personnes et de leur union. C.E.C. 2521.
[9]Conseil pontifical pour la famille, Vérité et signification
de la sexualité humaine: des orientations pour l'éducation en famille, n. 22. Je conseille vivement la lecture de ce document aux parents et aux éducateurs.
[10] Ibidem, n. 23.
[11] Ibidem, n. 55.
[12] Catéchisme de l’Eglise Catholique, 2521.
[13] Vérité et signification de la sexualité humaine, n. 56.
[14] Vérité et signification de la sexualité humaine, n.58.
[15] Je suivrais quelques considérations proposées par Pie XII dans son encyclique Sacra Virginitas et l’abbé Grosjean dans son ouvrage Aimer en vérité, Paris, 2014.
[16] Cf. Pie XII, Sacra Virginitas, n. 50-51.
[17] Cf. Grosjean, Aimer en vérité, p. 140.
[18] Pie XII, Sacra Virginitas, n.62.