La repentance (amour en larmes) condition du pardon.
Il est étonnant de voir le courage de cette femme pecheresse de l'Evangile de Saint Luc, qui par son comportement arrache de Jésus le pardon de ses péchés. Qu’est-ce qu’elle fait ? Elle se met à ses pieds, et par une explosion de douleur elle commence à pleurer et puis elle défet son opulente chevelure, pour essuyer les pieds de Jésus : grande marque d’humilité. Mais pourquoi pleure-t-elle ? A cause de ses multiples péchés. Parce qu’elle a beaucoup aimé elle sera beaucoup pardonné. Son amour ardent et genreux qui traduit une « vive repentance » de ses péchés et inspiré par la foi en Christ, lui a valu son pardon total, même avant la déclaration solennelle qui lui est faite de la part de Jésus: ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. Il dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés» (Lc.7, 36-50). Donc la condition pour le pardon a été justement sa grande repentance, c’est-à-dire elle a manifesté par des choses concrètes la douleur de ses péchés.
Il est bien donc de réfléchir aujourd’hui sur la douleur et la repentance de nos péchés. Ce regret de nos péchés est tellement important que le catéchisme de l’Eglise enseigne que parmi les actes de celui qui doit se confesser le plus important est celui de la repentance. Au point tel cela est important que sans la repentance la confession ne saure pas valide.
À la suite de Saint Grégoire le Grand, voyons d’abord les étapes de la repentance qui nous aiderons à comprendre sa définition:
1. Au point de départ de la conversion chrétienne se trouve une vive conscience de la misère de l’homme, une conscience vécue, éprouvée. « L’homme est tombé bien loin au-dessous de lui… ayant perdu la vue de son Créateur, il a en même temps perdu toute sa force et sa fermeté » Moralia VIII, 8.
La femme pécheresse prenne conscience de sa misère personnelle.
2. De cette expérience naît l’humilité, la conscience de notre besoin de Dieu. Nous recevons alors de Dieu un choc salutaire, un coup, une piqûre, une brûlure. Au sens religieux, il signifie une douleur du fait de notre péché, de notre besoin de Dieu, de notre désir de Dieu. « Quand Dieu entre dans une âme, son entrée est suivie des gémissements de la pénitence, en sorte que désormais la plus grande joie de l’âme est de répandre les pleurs du salut… C’est comme par un éclat de tonnerre qu’il nous frappe quand par sa grâce, il nous réveille de notre négligence et de notre paresse » Moralia 27,40.
La femme de l’évangile a besoin de Jésus, elle sait qu’il peut lui pardonner ses péchés. Elle a besoin de lui pour se faire pardonner. Elle croit au pouvoir du Christ de pardonner les péchés.
3. Mais ce choc, doit se faire prière silencieuse et les larmes de l’amour accompagnent toujours celles de la pénitence. « Ils ne cessent de désirer voir le Roi dans sa beauté et de pleurer d’amour chaque jour ». Hom. Ez., II, 10, 21. Cassien aussi, avant Grégoire, insistait sur le fait de savoir pleurer ses propres péchés. « Souvent, au souvenir de mes fautes, mes larmes ont coulé, et la visite du Seigneur m’a tellement vivifié de cette joie ineffable… que son immensité même me commandait de ne point désespérer de mon pardon ». Cassien, Conf. IX, 26-28. J’ai été toujours étonné d’entendre souvent dans les confessions les gens qui commencent soudain à pleurer ses propres péchés.
Voilà donc avec ces éléments nous pouvons définir la repentance comme « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir » (C.E.C. 1451). Mais il s’agit d’une question d’amour. Elle doit être une attitude d’amour plus qu’une crainte de condamnation. Ces trois éléments sont indispensables pour une bonne confession : douleur de l’âme. Détestation du péché. Résolution de ne plus offenser Dieu.
Quand elle provient de l’amour de Dieu aimé plus que tout, la contrition est appelée « parfaite » (contrition de charité). Une telle contrition remet les fautes vénielles ; elle obtient aussi le pardon des péchés mortels, si elle comporte la ferme résolution de recourir dès que possible à la confession sacramentelle (cf. Cc. Trente : DS 1677).
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique enseigne : « La contrition dite « imparfaite » (ou « attrition ») est, elle aussi, un don de Dieu, une impulsion de l’Esprit Saint. Elle naît de la considération de la laideur du péché ou de la crainte de la damnation éternelle et des autres peines dont est menacé le pécheur (contrition par crainte). Un tel ébranlement de la conscience peut amorcer une évolution intérieure qui sera parachevée sous l’action de la grâce, par l’absolution sacramentelle. Par elle-même, cependant, la contrition imparfaite n’obtient pas le pardon des péchés graves, mais elle dispose à l’obtenir dans le sacrement de la Pénitence » (n. 1453).
Pour cela donc « Il convient de préparer la réception de ce sacrement par un examen de conscience fait à la lumière de la Parole de Dieu. Les textes les plus adaptés à cet effet sont à chercher dans le Décalogue et dans la catéchèse morale des Évangiles et des lettres apostoliques : Sermon sur la montagne, les enseignements apostoliques (cf. Rm 12-15 ; 1 Co 12-13 ; Ga 5 ; Ep 4-6) » (n. 1454).
Disait le P. Pio de Pietrelcina : « Que l'espérance en la miséricorde de Dieu nous soutienne dans le tumulte des passions et des contrariétés. Courons avec confiance vers le sacrement de pénitence, où le Seigneur nous attend à tout moment avec une tendresse infinie. Et une fois nos péchés pardonnés, oublions-les, car le Seigneur l'a déjà fait avant nous. En admettant même que tu aies commis tous les péchés du monde, le Seigneur te le répète : « Tes nombreux péchés te sont remis parce que tu as beaucoup aimé ». Seigneur Jésus, tu es toute douceur : comment pourrais-je donc vivre sans toi ? Viens, Seigneur, prendre toi seul possession de mon cœur » (trad. Une Pensée, Médiaspaul 1991, p. 63).
P. Silvio Moreno, IVE